Le procès de l’ex-DGPN de la police nationale, Louis Philippe Houndégnon, s’est ouvert dans la soirée de ce lundi 27 janvier 2025. Au cours de sa déposition devant les juges de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET), Louis Philippe Houndégnon a cité le nom de trois personnalités lui ayant proposé de renverser le président Patrice Talon.
Des révélations à la deuxième audience du procès de Houndégnon. À l’ouverture, peu avant 19 heures, le juge s’est prononcé sur les exceptions de nullité soulevées par les avocats de la défense à l’audience du lundi 16 décembre 2024. La Cour a joint au fond les exceptions et a ordonné la poursuite des débats.
C’est le ministère public qui a la parole. Le procureur interroge Louis Philippe Houndégnon sur la nature de sa personne après sa mise à la retraite d’office. Est-il citoyen lambda ? À cette question, Louis Philippe Sessi Houndégnon se décrit désormais comme une personne ordinaire. Il rappelle ensuite sa carrière de près de 30 ans au sein de la police nationale devenue aujourd’hui police républicaine.
Le ministère public lui indique qu’il ne peut pas se décrit comme une personne ordinaire pour avoir occupé de grandes fonctions au sein de l’appareil sécuritaire béninois. « Je me considère désormais comme une personne ordinaire à qui s’applique les lois de la République », a répondu Houndégnon. L’ancien patron des flics rappelle que les interdictions qui lui sont opposables sont celles classées sous le sceau du secret-défense. « Je ne suis pas allé à la télé parler des armes acquises par l’armée béninoise », renchérit l’ex-DGPN.
« Pensez-vous que vous avez un statut ordinaire ? », lui demande le ministère public représenté par le magistrat Amand Donald Reagan Hounguè. Face à cette insistance du parquetier, Louis Philippe Sessi Houndégnon indique à la Cour qu’il a été radié des effectifs de la police républicaine après avoir été mis au garage pendant près de huit ans. Il précise qu’il n’est plus sous le drapeau et que la loi ne lui interdit pas d’évoquer des sujets qui ne relèvent pas du secret-défense. « Le sens de la responsabilité vous empêche de vous voir comme un simple citoyen », lui souligne le ministère public.
Un débat s’engage ensuite entre le juge et le prévenu Houndégnon au sujet de sa mise à la retraite d’office. Houndégnon décrit en effet sa mise à la retraite comme une radiation. Le général de police souligne qu’il n’y a pas décrets d’application et que dans la fonction publique sa mise à la retraite d’office s’assimile à de la radiation. « Une radiation porte d’abord sur une sanction. Votre mise à la retraite d’office n’est pas une sanction », va lui souligner le juge.
Cartouches et tenues militaires retrouvées chez Houndégnon
Lors de la perquisition de sa maison par la police républicaine, il a été retrouvé des munitions, des treillis militaires, des gilets par balle ainsi que des étuis vide de pistolet automatique. Interrogé au sujet des munitions, Louis Philippe Houndégnon reconnaît qu’en principe il ne devrait pas laisser traîner chez lui des munitions. Mais, il indique que ce sont des munitions de test de validation d’une arme italienne que la police nationale devrait acquérir alors qu’il était encore en fonction. Ces munitions, a-t-il expliqué, ont été retrouvées dans de vieilles valises. Il précise qu’il ne savait même pas que ces valises contenaient encore des munitions de test de validation.
Quant aux treillis militaires, Houndégnon signale au juge qu’il s’agit de treillis des Marines américains qui lui ont été donnés lors de formation avec l’armée américaine notamment au Pakistan.
Qui a fait des propositions de tentative de Coup d’État à Houndégnon ?
Les déclarations de Louis Philippe Houndégnon sur des propositions de coup d’État contre Patrice Talon sont revenues au cœur des débats devant la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET).
Louis Philippe Houndégnon, l’ancien directeur général de la police, a été interpellé concernant une éventuelle implication dans un projet de coup d’État. Lors de son audition devant la Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme (CRIET), il a déclaré que cette question soulevait en lui les notions grammaticales de « sujet apparent » et de « sujet réel ». Il a ajouté qu’il n’était en aucun cas mêlé, de près ou de loin, à un tel projet de Coup d’État.
Pourquoi a-t-il senti le besoin de déclarer dans l’opinion publique qu’il a reçu des propositions de coup d’État contre le président Patrice Talon ?. « Quand il y a eu l’affaire Boko-Homéky, des informations persistantes font état de mon arrestation imminente. Je suis monté au créneau pour alerter », a déclaré Houndegnon. « J’ai été approché pour un coup d’État mais ma posture d’homme de culture m’empêche », a-t-il ajouté.
Quant à ceux qui lui auraient fait des propositions de coup d’État contre, Louis Philippe Houndégnon cite les noms d’un actuel député de la mouvance présidentielle de Patrice Talon et de deux ex-officiers de l’armée béninoise. L’ex-directeur général de la police nationale affirme avoir dénoncé ces faits au directeur du cabinet militaire du président de la République. « Je ne voudrais pas qu’au Bénin mon nom soit associé à un Coup d’État. Un policier ne sait pas faire un coup d’État et ne fait pas de coup d’État », a-t-il ajouté.
Au cours de sa déposition, Louis Philippe Houndégnon a réaffirmé haut et fort que trois choses n’ont pas marché pour le gouvernement du président Patrice Talon. Il s’agit de la réforme de la police nationale, de la mise à la retraite d’office et de la lutte contre le terrorisme. Accusé de harcèlement par le biais d’un système électronique, Louis Philippe Houndégnon a déclaré qu’il ne maîtrise pas les outils numériques pour prétendre harceler les autorités publiques. Le juge a renvoyé son procès au lundi 24 février 2025 pour continuation, rapporte l’envoyé spécial de Libre Express.
S.E.
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