États-Unis : Trump abroge 78 décrets de Biden et annonce un investissement géant dans l’intelligence artificielle

International

La première journée complète de Donald Trump comme 47e président des États-Unis a commencé à l’église ce mardi 21 janvier. Un office national au cours duquel l’évêque lui a demandé d’avoir pitié des communautés LGBT et des immigrants qu’il vise spécifiquement dans ses premières mesures. Elle s’est terminée par des annonces à la Maison Blanche.

Les premières annonces de Donald Trump  étaient de nature économiques. Le président a lancé un projet de construction de data centers pour l’intelligence artificielle pour 500 milliards de dollars dans les prochaines années. Ces gigantesques centres de serveurs, seront d’abord construits au nombre de dix au Texas, un État ami, puis ailleurs, mais toujours aux États-Unis. Un point très important dans le cadre de la rivalité avec la Chine pour Donald Trump qui affirme que cela va créer presque immédiatement 100 000 emplois, rapporte le correspondant de RFI à Washington, Guillaume Naudin.

Pour cette annonce, il était entouré de trois grands patrons du secteur des hautes technologies : Larry Ellison, patron d’Oracle, Sam Altman patron d’OpenAI, maison mère de ChatGPT et Masayochi Son, patron du fonds d’investissement japonais spécialisé SoftBank. Tous les trois y sont allés de leur petit compliment pour dire que tout cela aurait été impossible avec un autre président.

La question des droits de douane

La conversation s’est ensuite portée à la lisière de l’économie et de la diplomatie, notamment sur les fameux droits de douane, et il y en aura pour tout le monde. Donald Trump envisage de les imposer aux produits en provenance de Chine pour un montant de 10% dès le premier février. C’est-à-dire le même jour qu’il envisage de le faire pour le Mexique et le Canada, mais à hauteur de 25%.

Ce n’est pas tout, il menace également l’Union européenne (UE) d’imposer aussi des droits de douane sur les produits en provenance d’Europe. D’une manière générale, il estime que l’Europe et surtout les pays de l’Otan devrait payer davantage pour leurs dépenses militaires, jusqu’à 5% de leur PIB, et pour la défense de l’Ukraine face à l’agression russe. À ce sujet, s’il s’est résolu à ne pouvoir régler la question en 24h, il annonce qu’il va se saisir du dossier, parler à Vladimir Poutine et menace de renforcer les sanctions contre la Russie.

Un mandat qui démarre sur les chapeaux de roues

Donald Trump a aussi envoyé un message fort à ses ennemis. Il a traité mardi soir « d’idiot » son ancien conseiller à la sécurité nationale John Bolton, devenu un fervent critique du milliardaire, et lui a retiré la protection du Secret Service dont il bénéficiait. Le président continue d’essayer d’appliquer ses promesses contre l’immigration ou pour l’économie et ses électeurs se réjouissent de ce début de mandat qui démarre sur les chapeaux de roue.

À Atlanta, Samuel sort d’un chantier, les vêtements tâchés de peinture. Âgé de 25 ans, il a voté pour Donald Trump et il ne craint pas les mesures annoncées contre l’immigration même si son père est Mexicain, ne dispose pas d’un titre de séjour. « J’ai l’impression que la plupart de la classe ouvrière n’est pas inquiète. Mon père n’est pas inquiet, ça fait presque 20 ans qu’il est aux États-Unis, il est toujours un immigré et pour moi, Trump est le meilleur choix rien que pour l’économie », estime le jeune homme au micro d’Edward Maille

Des électeurs conquis

Rod, 64 ans, se promène devant des boutiques. Il se dit très heureux du nouveau président. « Un de nos meilleurs présidents était Ronald Reagan dans les années 80 et je pense que Trump partage avec lui certaines philosophies et politiques, donc j’espère qu’on aura les mêmes résultats. » 

Juan n’a pas pu voter, n’étant pas Américain, mais le Mexicain soutient Donald Trump et le trentenaire garde une bonne image d’Elon Musk malgré son geste polémique, quand il a tendu le bras lors d’un meeting de Donald Trump. Un geste interprété par des historiens comme un « salut nazi » ce qu’a nié Elon Musk. « C’est un mec cool, mais c’est différent depuis qu’il s’est lancé dans la politique, les gens changent avec le pouvoir. Mais je vois son geste comme le salut romain et pas le geste raciste d’Hitler », assure-t-il.  Juan estime aussi que Donald Trump saura se faire respecter sur la scène internationale. 

Donald Trump a aussi lancé sa guerre contre le « wokisme » en abrogeant des mesures sur la discrimination positive et en signant un décret affirmant qu’il n’y avait que deux « sexes » reconnus par l’État. Les pièces d’identités devront être conformes au sexe de la personne et non à son genre. Les associations LGBTQ+ ont critiqué ces décisions qui suscitent de nombreuses craintes.

L’inquiétude de la communauté LGBT+

 « On a eu beaucoup de clients de longue date qui sont venus ici et qui ont peur, raconte Kendra Gayle Lee, fondatrice d’une librairie fréquentée par la communauté LGBT+ d’Atlanta. Ils sont tristes de la situation du pays et du point de vue de la santé mentale, c’est difficile quand on veut vous effacer et qu’on vous dit que vous ne valez rien. »

Même si Donald Trump n’a pas dit vouloir interdire le mariage homosexuel, Kendra, elle-même lesbienne, est inquiète.« Nombreux d’entre nous pensaient qu’on allait continuer d’aller vers plus de droits, plus d’égalité et de sécurité pour nos familles et tout ça est menacé. »

Dans un autre quartier, Nathalie sort d’une supérette. La trentenaire se dit dégoutée des mesures prises par le président contre les personnes transgenres. « Les personnes trans existent. Vous ne pouvez pas ordonner leur disparition. Cette guerre culture est juste une façon de détourner le débat des politiques qui comptent vraiment. »

Dès sa première journée à la Maison-Blanche, Donald Trump a abrogé 78 décrets de son prédécesseur dont une douzaine qui visaient à lutter contre les discriminations racistes homophobes ou transphobes.

Mardi matin, Donald Trump a entamé sa journée en assistant à un office à la cathédrale nationale de Washington. L’évêque épiscopalienne Mariann Budde en a profité pour demander au président américain « d’avoir pitié des gens qui dans notre pays, ont peur aujourd’hui. Il y a des enfants gays, lesbiennes et transgenres dans des familles démocrates, républicaines et indépendantes, dont certains craignent pour leur vie ». Un sermon visiblement peu apprécié par Trump qui a qualifié ce mercredi sur sa plate-forme Truth Social l’évêque de « méchante » et lui a réclamé des excuses. 

« Au nom de notre Dieu, je vous demande d’avoir pitié des gens qui, dans notre pays, ont peur aujourd’hui. Il y a des enfants gays, lesbiennes et transgenres dans des familles démocrates, républicaines et indépendantes, dont certains craignent pour leur vie. Et les gens qui moissonnent nos cultures et nettoient nos immeubles de bureaux, qui travaillent dans des élevages de volaille et les usines de conditionnement de viande, qui font la vaisselle après que nous soyons allés manger au restaurant ou qui travaillent la nuit dans les hôpitaux… Ils ne sont peut-être pas citoyens américains ou n’ont peut-être pas les bons papiers, mais la grande majorité des immigrants ne sont pas des criminels. Ils paient des impôts et ce sont de bons voisins ».