Héritage spirituel et destinée politique du Bénin : Karim da Silva révèle les liens sacrés entre les rois d’Abomey, le Fâ et le destin du Bénin moderne

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Dans un texte magistral, le patriarche Karim Da Silva, Président des Sages de la ville de Porto-Novo, embarque dans un voyage fascinant au cœur de l’histoire sacrée et spirituelle du Bénin. Il explore l’héritage profond du Fâ, ce système divinatoire ancestral qui a structuré la société dahoméenne et marqué l’histoire des rois d’Abomey. À travers l’énigmatique figure de Guèdègbé, le grand devin royal, Karim Da Silva dépeint un univers où l’intuition spirituelle et les traditions orales transcendent les époques et offrent des clés essentielles pour comprendre le rôle unique de cette figure dans la destinée de la royauté au royaume d’Abomey.
Le nonagénaire souligne que, bien que Guèdègbé ait été un homme de sagesse profonde, le roi Béhanzin, dans sa soif de résistance, ne suivit pas ses recommandations. Loin de simplement raconter l’histoire de ce grand devin, le Sage nous révèle un pan méconnu de l’histoire du Dahomey, où le Fâ – pratiqué en Fon et en Yoruba – était au centre de la politique, de la guerre et de la survie royale. L’héritage de Guèdègbé, qui a survécu aux rois successifs jusqu’à sa mort en 1934, est donc une partie essentielle de la mémoire collective du Bénin.
À travers l’évocation de Guèdègbé, le patriarche Karim Da Silva tisse un parallèle audacieux entre ce passé prestigieux et la figure contemporaine du président Patrice Talon. Il avance l’idée que la naissance et la trajectoire de ce dernier ne sont pas un hasard, mais plutôt le fruit d’une destinée divine, un prolongement logique des forces spirituelles et historiques qui ont traversé le Dahomey. Le texte, riche en détails historiques et en enseignements spirituels, nous invite à repenser la place de ces traditions ancestrales dans la vie politique actuelle et à reconnaître le rôle décisif qu’elles ont joué dans l’émergence des grands leaders béninois.
Fréjus MASSIHOUNTON 

Patrice TALON Président, au Quartier LATIN de l’AFRIQUE

‘’Le DAHOMEY est le quartier Latin de l’Afrique’’ dit-on. L’auteur de cette expression désormais célèbre est le philosophe français Emmanuel MOUNIER, père de la doctrine du Personnalisme’’. Né à Grenoble le 1er Avril 1905, il meurt le 22 mars 1950, à Chatenay-Malabry.
Acquiesçons donc avec MOUNIER que le DAHOMEY a été le quartier des intellectuels Africains dans l’ancienne colonie de l’Afrique Occidentale Française. De toute façon on le conçoit aisément dès qu’on s’aperçoit du nombre et de la densité des DAHOMEENS intellectuels qui occupaient des postes importants de responsabilité dans toute l’AOF.
Mais il y a mieux. Ici au Bénin, on notera que la famille TALON a fourni de beaux exemples. M. Félix TALON est le premier haut cadre du DAHOMEY. En effet, il fut l’interprète du Général DODDS, de 1908 à la conquête totale du pays, pour avoir été nommé Interprète Principal de 2ième classe dès le 11 juillet, 1894. S’il ne s’était agi que de cela… 
Son frère Paulin TALON, enseignant, a été admis à l’examen du diplôme de l’Ecole Normale William PONTY, premier de toute l’AOF avec la mention Très Bien. Celui qui le suit, dans toute l’AOF, loin derrière mais son second, avec la mention passable, est encore un DAHOMEEN. 
Tout ceci nous amène à penser dans le cas distinctif du Président TALON, qu’il est issu par son père, d’une famille d’intellectuels avérés au passé glorieux.
De son côté maternel, on rencontre encore de la célébrité. Une célébrité dont on ne parle plus, mais qu’il faut connaître afin de savoir qui Dieu a choisi pour gouverner ce pays et comprendre son action ou l’accepter. Je veux donc parler de l’ascendant maternel du Président Patrice TALON, le grand devin GUEDEGBE. Mais avant et, pour que la suite de cette histoire soit intelligible et accessible à tous, je propose que nous remontions au Roi AGONGLO et à BALOGOUN. D’abord, qui est BALOGOUN ?
Yoruba originaire d’Oyo, BALOGOUN était arrivé à ABOMEY, sous le règne du roi AGONGLO, père de GUEZO, à la recherche d’un territoire pour y fonder son propre royaume.
Le roi d’ABOMEY, le roi AGONGLO, à l’époque, s’y opposa. Il amena BALOGOUN à la compréhension que l’espace convoité est une partie de son royaume. Il l’installa donc dans un quartier d’ABOMEY, HETCHELITO, pour lui permettre d’exercer son métier : la DIVINATION.
BALOGOUN, ainsi, eût plusieurs apprentis auxquels il apprît le Fâ. L’un d’eux, NOUKOUME, également Yoruba, originaire d’Oyo, comme BALOGOUN, résidait, autrefois, à SAVE qu’il quitta après de nombreuses années, pour ABOMEY où, il comptait bien vivre.
Le roi AGONGLO l’y accueillit et, lui donna une épouse dont il aura un fils, TCHAFFA.
TCHAFFA voulut, lui aussi, apprendre le Fâ. Le roi AGONGLO le confia à BALOGOUN qui le remit à l’un de ses apprentis, pour sa formation.
A TCHAFFA, cet apprenti de BALOGOUN apprît le Fâ en FON. BALOGOUN, lui apprît le Fâ en YORUBA.
TCHAFFA prit alors le nom de GUEDEGBE.
Le roi GUEZO, succédant à son père AGONGLO, après son frère le roi ADANDOZAN, s’attacha particulièrement les services de GUEDEGBE qu’il alla même consulter, la nuit tombée, bien qu’ayant ses propres Bokonon royaux.
GUEDEGBE officia pour le roi GUEZO, tout son long règne qui dura quarante ans puis, il fut au service de son fils, le roi GLELE.
Chaque année nouvelle, GUEDEGBE faisait des prédictions dont il conjurait le sort lorsqu’elles n’étaient pas bonnes, par des sacrifices et des offrandes.
Le roi GUEZO y déférait, mettant à la disposition de GUEDEGBE, les objets de ses requêtes qu’il envoyait acheter au marché, afin que, par leur utilisation, GUEDEGBE permette au royaume de vivre une nouvelle année de bonheur.
Les divinités Yoruba du royaume d’ABOMEY étaient sous le contrôle de GUEDEGBE, comme divers rites sacrés importants qui incluaient des bains dans le COUFFO, vers SAHOUE, où il conduisait ses adeptes.
GUEDEGBE était le guide spirituel du royaume d’ABOMEY qu’il protégeait des ennemis qui le menaçaient. Par ses conseils, rites et divinations, il assistait les conquêtes du roi GUEZO qu’il orientait vers la victoire, de sorte que le roi, toujours victorieux, accumulait les succès.
A la mort de GUEZO, son fils GLELE prit la relève. Inamovible, et toujours là, GUEDEGBE aidait le roi dans le tri et la répartition des esclaves. Certains étaient affectés au culte des divinités ORISHA. GUEDEGBE créa le quartier AZALI d’ABOMEY. Ce quartier était uniquement peuplé de prisonniers de guerre YORUBA, pour le culte des divinités YORUBA. GUEDEGBE accompagnait même le roi GLELE au front. En cas de difficulté, il s’y installait jusqu’à la fin des opérations. Il servit GLELE tout son règne jusqu’à BEHANZIN. GUEDEGBE avait préservé le trône royal d’ABOMEY, jusqu’à BEHANZIN dont il connaissait parfaitement les velléités guerrières face à la France.  
Mais, ses avis n’étaient pas toujours suivis par le roi. Et pourtant, GUEDEGBE ne voyait que dangers précis et imminents pour le roi, s’il cédait à l’aventure. Or, voilà que toutes ses recommandations, toutes les offrandes et tous les sacrifices conseillés, tous les avis importants pour conjurer le sort et, échapper à la débâcle qu’il pouvait voir, et qui se profilait, ne furent pas suivis par le roi BEHANZIN.
Certes, le roi de KETOU, trahi, fut amené captif, à ABOMEY mais, BEHANZIN connut exactement la triste fin que GUEDEGBE avait prédit.
En effet, comme tous les autres, le dernier conseil qu’il donna au roi ne fut pas suivi. BEHANZIN engagea la guerre et ne comprit qu’une fois mis en déroute. Il connut la fuite que lui avait prédit GUEDEGBE et se retrouva sous un arbre, celui dont GUEDEGBE lui avait annoncé, à l’avance, le nom. Tout était désormais et, définitivement, plié. C’est donc au dernier moment que le roi vit son erreur… Mais, il était déjà trop tard.
D’ailleurs, son frère AGOLI-AGBO avait déjà été intronisé à sa place et, lui succéda. 
Le Fâ en FON et le Fâ en YORUBA étaient connus et complètement maîtrisés par GUEDEGBE, quand bien même les divinités et les cérémonies de l’un et de l’autre n’étaient pas les mêmes. GUEDEGBE demeure, à jamais donc, un grand savant Africain.
Un petit-fils de BEHANZIN né à la Martinique, rapporte dans ses écrits, je cite :  « En 1931, mon père, était administrateur à ABOMEY et, connaissait déjà GUEDEGBE qui a été le BOKONON de BEHANZIN, GLELE et de … Il a survécu les rois BEHANZIN, GUEZO-GLELE, même à AGOLI-AGBO, il est mort en … 1934, oui en 1934.
Ce sont ses descendants qui ont continué la pratique du Fâ jusqu’à ce jour. A partir de 1934, vous avez compris, puisque mon père était interprète de MAUPOIL… » fin de citations.
Précisément MAUPOIL Bernard avait fait des recherches et écrit sur la Géomancie Africaine. On se rend compte, en parcourant son livre, qu’en fait de Géomancie Africaine, il s’agit sans aucun doute et, particulièrement, du Fâ DAHOMEEN de GUEDEGBE. Les mots, Odou (signes), talata (mardi), lamisi (jeudi), sont issus du YOROUBA, langue de GUEDEGBE. Les mots, Kenessi, legba, kuvito, Bokonon, Ayidowèdo, Favi, Zounon, N’jro na kan nudé kpon, sont de la langue FON, langue de GUEDEGBE.
De même, les histoires, légendes et, paraboles, qui conduisent à l’interprétation du Fâ et, que contient l’ouvrage de MAUPOIL, sont tirés du Fâ DAHOMEEN de GUEDEGBE. 
Mais pourquoi avoir choisi de s’appeler GUEDEGBE. GUEDEGBE est un mot YORUBA qui signifie : Clair, précis, et qui renvoie à clarté et précision. Ce nom l’a suivi toute sa vie. GUEDEGBE a toujours été clair et, précis.
La vie de GUEDEGBE, 136 ans au moins, aura connu trois siècles, 18ième, 19ième, 20ième, et les six derniers rois d’ABOMEY, AGONGLO, ADANDOZAN, GUEZO, GLELE, BEHANZIN, AGOLI-AGBO.
A l’heure où nos valeurs culturelles et, le passé glorieux de nos aïeux, sont réexaminés pour révéler notre pays, le Bénin, à la face du Monde, serait-ce exagération ou maladresse, de rappeler à l’humanité et à la postérité, ce grand DAHOMEEN, Béninois, et ses prouesses exceptionnelles par lesquelles il a conduit trois rois célèbres, même si le dernier, BEHANZIN, s’est mis dans l’embarras pour ne pas l’avoir écouté ?
Les sacrifices appropriés seront faits pour que son âme repose en paix. D’autre part, le demeurant de l’œuvre de ce grand savant Africain, auquel on pourra accéder, en se procurant les livres, ‘’La Géomancie à l’ancienne côte des esclaves’’ de Bernard MAUPOIL qui l’a longuement et longtemps consulté, et ‘’Encyclopédie de la Divination’’ d’henry VEYRIER, sera remis, au goût du jour, par leur réédition que je me propose de réaliser prochainement.
Il n’y a pas de hasard dans cette vie et il n’y a pas de malentendu, le Président TALON occupe le pouvoir, étant le choix de Dieu, à cette étape de l’histoire de notre nation pour le temps que Dieu voudra. 
Au carrefour de toutes ces célébrités qui ont précédé sa naissance mais dont il est si proche, le Président TALON est bien né et, aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années.
Karim da SILVA