Niger :  «Le moral de Moussa Tchangari est très haut», malgré l’incarcération de cette figure de la société civile

Afrique

Moussa Tchangari, figure de la société civile et responsable d’une importante ONG nigérienne, a été écroué le 3 janvier 2025 dans une prison à l’est de Niamey, après un mois de garde à vue, a annoncé son association. « Je pense que son moral est très haut », affirme Mamane Kaka Touda, l’un de ses proches collaborateurs, qui a peu le rencontrer à la prison de Filingué. De son côté, la responsable Afrique de la FIDH espère que « les autorités nigériennes vont avoir un sursaut et se rendre compte qu’il est inutile d’avoir de tels agissements, qu’il est contre-productif d’attaquer la société civile ».

Après un mois de garde à vue dans les locaux de la sûreté de l’État, Moussa Tchangari, défenseur des droits humains, Secrétaire général de l’ONG Alternative espaces citoyens, et figure respectée et reconnue de la société civile, au-delà des frontières du Niger, a été présenté le 3 janvier 2025 devant le doyen des juges d’instruction à Niamey, puis incarcéré à la prison de Filingué, à 180 kilomètres au nord-est de la capitale nigérienne.

Déjà mis en cause pour trois chefs d’accusation – « atteinte à la sûreté de l’État », « association de malfaiteurs en lien avec le terrorisme » et « apologie du terrorisme » – il est désormais inculpé également « d’atteinte à la défense nationale » et « intelligence avec des puissances ennemies ».

« Moussa est toujours debout, avec un moral de fer » 

De quoi susciter l’émotion de Mamane Kaka Touda. Ce membre d’Alternative espaces citoyens a pu revoir le 5 janvier 2025 Moussa Tchangari dont il est un proche collaborateur.

Pendant son mois de garde à vue, Moussa Tchangari n’a pas vu sa famille. Ce dimanche matin, Mamane Kaka Touda l’a rencontré à la prison en même temps que son épouse et d’autres collègues qui ont fait le voyage. « Nous avons pu le rencontrer et Moussa est toujours debout, avec un moral de fer, lance-t-il au micro d’Amélie Tulet. Avec lui, j’ai discuté pratiquement pendant 2 heures. Je pense que son moral est très haut ».

Il poursuit : « Ce qu’il nous a dit surtout, c’est de continuer le travail : le travail humain que nous faisons, le travail en fonction des populations vulnérables. Lui, il est sûr de lui et que tout ce qu’on lui reproche, il attend qu’ils en apportent la moindre preuve ou même un indice. Donc, c’est lui qui est arrêté, mais en fait c’est nous qui sommes en prison. Lui, il est plus libre que nous qui sommes libres, en réalité. Parce qu’il ne cesse de nous dire de nous armer de courage et de continuer à mener le combat citoyen que nous avons toujours mené jusque-là. Et je trouve que c’est très fort pour quelqu’un qui est privé de liberté, de sa liberté. Moussa inspire au-delà des pays du Sahel. »

« Nous espérons que les autorités vont avoir une prise de conscience »

De son côté, la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) lance un appel à la libération immédiate de Moussa Tchangari. « Nous espérons que les autorités vont tout de même avoir une prise de conscience vis-à-vis de cette répression qui commence vraiment à atteindre un niveau très inquiétant, souligne Hassatou Ba-Minté, responsable Afrique de la FIDH, au micro d’Amélie Tulet. Cette répression à l’encontre des défenseurs et défenseuses et de tous les activistes pro-droits humains, pro-démocratie, etc, cela se passe au Niger, mais aussi dans d’autres pays de la sous-région. Nous espérons vraiment que les autorités nigériennes vont avoir un sursaut et se rendre compte qu’il est inutile d’avoir de tels agissements, qu’il est contre-productif d’attaquer la société civile, que la société civile ne doit pas être considérée comme l’ennemi de l’intérieur. C’est un vocabulaire que nous entendons régulièrement ».

Elle poursuit : « Les chefs d’accusation qui sont portés à l’encontre de Moussa Tchangari sont aussi très illustratifs de cette logique. Il est important, dans des situations de crise, de conflit, de pouvoir rassembler les populations et de pouvoir ouvrir un dialogue qui permette à chacun d’exprimer ses vues et préoccupations pour arriver à une période de stabilité, et à un retour à la démocratie au Niger. Donc, nous espérons vraiment que les autorités seront sensibles à nos messages et ouvriront la porte du dialogue. »