Au Gabon, une tentative de coup d’Etat a échoué ce 7 janvier. Des militaires ont mené une tentative de putsch alors que le chef de l’Etat, Ali Bongo, est convalescent depuis plusieurs semaines au Maroc.
Peu d’informations ont filtré à ce stade sur le putsch avorté de ce 7 janvier au Gabon. Une vidéo qui a tourné en boucle sur la Radio Télévision Gabonaise (RTH) entre 4h et 7h30 ce matin montre trois soldats coiffés d’un béret vert. L’un d’eux, le lieutenant Kelly Ondo Obiang, prend la parole. Il se présente comme un commandant adjoint de la garde républicaine, l’équipe chargée de la protection de la présidence. Dans cette vidéo, ce responsable militaire fait part de sa frustration suite au message prononcé par le chef de l’Etat à l’occasion du Nouvel An.
« Sauver le Gabon »
Ce mouvement affirmait vouloir « sauver le Gabon ». Dans la déclaration lue ce matin, à la radio, le lieutenant Kelly Ondo Obiang critiquait les institutions qu’il juge « illégitimes et illégales ».Ce groupe de militaires espérait pouvoir mettre en place un « conseil national pour la restauration ». Il a appelé les citoyens à rejoindre l’Assemblée nationale et cité des noms, notamment celui du général Jean Rémi Ntumpa Lebani, un haut gradé originaire du Haut-Ogooué et qui a purgé une peine de prison suite à un autre de putsch avorté en 2009.
D’autres personnalités ont été citées telles que le colonel Rapontchombo, officier de l’armée de terre, les syndicalistes Jean Rémi Yama et Marcel Libama ainsi que des responsables politiques tels que Laurence Ndong, proche de Jean Ping, et l’ex-député du PDG (Parti démocratique gabonais), Bertrand Zibi.
De son côté, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Guy Bertrand Mapangou, précise que cette tentative de coup d’Etat a été menée par cinq militaires qui font partie de la « companie d’honneur ». Il assure par ailleurs que la situation est maîtrisée. Guy Bertrand Mapangou minimise l’impact de cet événement. Il appellait ce matin la population à ne pas suivre le mot d’ordre lancé par « ce groupuscule ».
La santé de Bongo en question
Cette tentative de coup d’Etat survient une semaine seulement après le discours du président Ali Bongo censé rassurer les Gabonais. Le chef de l’Etat apparaissait en public pour la première fois depuis son hospitalisation le 24 octobre en Arabie Saoudite.
Dans son message à la Nation, Ali Bongo avait pourtant abordé son état de santé. Il avait reconnu avoir « traversé une période difficile », tout en adoptant un ton rassurant. Cependant, explique l’analyste Mays Mouissi, « le discours du président n’a pas atteint son objectif : c’est la forme physique du président que les gens ont retenu. Cela a plus inquiété qu’autre chose ».
Face à cette absence prolongée, la société civile, tout comme les partis politiques, expriment ponctuellement leur impatience, voire même leur scepticisme sur la manière de gérer les affaires courantes. Comment les décrets adoptés en Conseil des ministres peuvent-ils être mis en application sans la signature du chef de l’Etat ? Par ailleurs, la semaine prochaine, une nouvelle Assemblée nationale doit être installée et le gouvernement doit démissionner suite aux législatives d’octobre dernier.
Une question reste cependant en suspens, à savoir le nombre de personnes réellement impliquées dans cette tentative de coup d’Etat.
Putsch avorté au Gabon : condamnations unanimes à l’international
La première réaction au putsch avorté des militaires gabonais ce 7 janvier a été celle de l’Union africaine (UA). En fin de matinée, le président de la Commission de l’UA, le Tchadien Moussa Faki Mahamat, a fermement condamné cette tentative de coup d’Etat. Il a réaffirmé le rejet par l’UA de tout changement anti-constitutionnel.
Cette condamnation a été suivie par celle de la France qui ajoute que la stabilité du Gabon ne peut être assurée que dans un strict respect des dispositions de sa Constitution.
Dans l’après-midi, au Tchad, le président Idriss Déby Itno a qualifié cette prise de pouvoir d’« aberration ». Le président burundais Pierre Nkurunziza a félicité les forces loyalistes qui ont vite rétabli l’ordre.
L’ancien président nigérian Goodluck Jonathan a appelé à un retour au calme.
Enfin, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a rappelé qu’il était opposé à tout changement anti-constitutionnel par la force.