Des alertes aériennes ont été déclenchées dans presque toute l’Ukraine lundi 11 novembre en raison du décollage d’un grand nombre de bombardiers russes. Ces alertes interviennent après une série de frappes qui a fait au moins six morts et plusieurs dizaines de blessés dans la nuit du dimanche 10 au lundi 11 novembre à Mykolaïv et Zaporijjia.
« Attention ! Danger de missiles dans toute l’Ukraine ! Décollage de MiG-31K », a écrit l’armée de l’air ukrainienne dans un message sur Telegram. Elle a également annoncé que huit bombardiers stratégiques Tupolev Tu-95 se dirigeaient vers l’Ukraine. Les Tu-95 sont des bombardiers à long rayon d’action développés sous l’Union soviétique et pouvant emporter des missiles de croisière. Le MiG-31 est un avion d’interception et d’attaque, souvent utilisé pour accompagner les bombardiers stratégiques.
Quelques heures auparavant, dans la nuit de dimanche à lundi, la ville de Zaporijjia, 700 000 habitants avant la guerre, a de nouveau été touchée par une bombe, qui a fait des dizaines de blessés et au moins un mort. Zaporijjia est située dans une région partiellement occupée par les Russes, bombardée plus de 350 fois pour la seule journée de dimanche.
Frappes quotidiennes
Les frappes russes contre les infrastructures ukrainiennes sont quotidiennes. En plus d’endommager par exemple les sources d’énergie, pour priver les Ukrainiens d’électricité notamment, la Russie vise aussi des hôpitaux, des immeubles résidentiels, dans un but de subjugation des Ukrainiens en rendant leurs villes tout simplement invivables, comme avec ces frappes sur Mykolaïv et Zaporijjia la nuit dernière, souligne notre correspondante à Kiev, Emmanuelle Chaze.
Mykolaïv, située à un peu plus de 50 kilomètres du fleuve Dniepr qui constitue la ligne de front entre les armées ukrainienne et russe dans cette zone, avait jusqu’ici été relativement épargnée par les attaques des forces de Moscou depuis la reprise par Kiev de la grande ville voisine de Kherson en novembre 2022.
Ces frappes ne sont pas nouvelles, mais elles se sont multipliées ces dernières semaines, surtout avec des drones qui ont aussi pour but d’épuiser la défense anti-aérienne ukrainienne en prévision de futures frappes de missiles, ces derniers étant plus dévastateurs et plus difficiles à intercepter. La Russie utilise par ailleurs de plus en plus de bombes planantes, peu coûteuses et à très forte charge explosive. Ce regain de tension entre la Russie et l’Ukraine s’est aussi traduit par des attaques de drones d’une ampleur inédite le week-end dernier. L’Ukraine a subi une attaque « record » de 145 drones russes, a dénoncé sur X le président ukrainienVolodymyr Zelensky.
Moscou assure avoir déjoué le détournement d’un hélicoptère militaire
Lundi 11 novembre, la Russie a assuré avoir déjoué le détournement d’un hélicoptère militaire par l’Ukraine. Il s’agissait d’« un hélicoptère de guerre électronique Mi-8MTPR-1 des Forces aérospatiales russes », ont précisé les services de sécurité russes (FSB) dans un communiqué. « Les agents du renseignement militaire ukrainien ont tenté de recruter un pilote militaire russe afin de détourner cet appareil vers une zone contrôlée par les forces armées ukrainiennes », selon le FSB qui ne donne pas de date. Ce dernier a ajouté que des renseignements obtenus lors de l’opération avaient permis de mener des frappes sur des positions ukrainiennes.
L’Ukraine accuse par ailleurs régulièrement Moscou de chercher à recruter des agents côté ukrainien. Le service ukrainien de sécurité (SBU) avait annoncé en mai avoir « démantelé un réseau d’agents » du FSB qui préparait l’assassinat du président ukrainien Volodymyr Zelensky et avoir arrêté deux officiers ukrainiens qui en faisaient partie.
Alors que tous les yeux sont tournés vers Donald Trump, Jean-Noël Barrot, le ministre français des Affaires étrangères, a appelé lundi à ne pas préjuger de ce que va faire la future administration Trump sur l’Ukraine. « Face aux spéculations sur ce que seront les positions ou les initiatives d’une nouvelle administration américaine, je crois surtout qu’il ne faut pas en préjuger et qu’il convient de se donner le temps de travailler avec elle », a-t-il déclaré lors de l’ouverture du Forum de Paris sur la Paix. Le Washington Post a, lui, évoqué un entretien téléphonique entre le président élu américain et son homologue russe. Une information démentie par le Kremlin.