Les réactions se multiplient suite à la mort du chef du Hamas, Yahya Sinwar, tué jeudi 17 octobre lors d’une opération de l’armée israélienne à Gaza. Certains dirigeants occidentaux ont estimé que sa mort offrait l’opportunité de mettre fin au conflit, mais Benyamin Netanyahu a prévenu que la guerre n’était pas finie. Le Hezbollah libanais a de son côté annoncé qu’il ouvrait une nouvelle phase d’escalade dans sa confrontation avec Israël alors que l’Iran estime que cette mort va renforcer «l’esprit de résistance».
Yahya Sinwar, considéré comme le cerveau de l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 qui a déclenché la guerre dans la bande de Gaza, et devenu depuis lors le chef du mouvement armé palestinien, a été tué dans l’enclave palestinienne lors d’une opération de l’armée israélienne.
Des dirigeants occidentaux ont estimé que sa mort offrait l’opportunité de mettre fin au conflit, mais le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a déclaré que la guerre n’était pas finie et qu’Israël avait toujours pour objectif de récupérer les otages.
« Aujourd’hui nous avons réglé nos comptes. Aujourd’hui, le mal s’est vu infliger un revers. Mais notre tâche n’est pas encore terminée », a-t-il dit dans un message vidéo. « Aux familles des victimes, je dis : ceci est un moment important de la guerre. Nous continuerons d’exercer pleinement la force jusqu’à ce que tous vos êtres chers reviennent à la maison », a ajouté le Premier ministre israélien, tout en assurant que cet évènement marquait le « début de la fin » de la guerre.
« Les alliés voudraient que la guerre à Gaza s’arrête, ainsi que les bombardements au Liban. Mais Netanyahu ne donne pas ces signes, analyse Guillaume Ancel, ancien officier français, chroniqueur et auteur du blog « Ne pas subir ». Toute la question maintenant est de savoir si Netanyahu va finir par sortir de cette guerre. Parce que lancer une guerre est une chose, mais arriver à en sortir est plus difficile. »
Aucun commentaire n’a été effectué dans l’immédiat par le Hamas, désormais décapité après l’assassinat de Ismaël Haniyeh en juillet dernier à Téhéran. Des sources au sein du groupe ont déclaré que les premiers éléments montraient que Yahya Sinwar avait été tué dans une opération de l’armée israélienne.
Les craintes d’une escalade
La mort de Yahya Sinwar pourrait toutefois provoquer une escalade des hostilités au Proche-Orient, où la possibilité de voir le conflit s’étendre grandit. Israël a lancé des opérations terrestres dans le sud du Liban et prépare une réponse à l’attaque de missile menée le 1er octobre par l’Iran, allié du Hamas et du Hezbollah libanais.
Le président américain Joe Biden, qui a félicité Benjamin Netanyahu lors d’un entretien téléphonique, a déclaré que la mort de Yahya Sinwar offrait une opportunité de mettre fin au conflit et de permettre aux otages détenus dans la bande de Gaza de rentrer chez eux. Les États-Unis souhaitent lancer des négociations sur une proposition visant à conclure un accord de cessez-le-feu et à assurer la libération des otages, a déclaré le porte-parole du département d’État américain, Matthew Miller, décrivant Yahya Sinwar comme « l’obstacle principal » à la fin de la guerre. Selon lui, le chef du Hamas avait refusé toute négociation ces dernières semaines.
Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, s’est entretenu par téléphone jeudi avec les dirigeants de l’Arabie saoudite et du Qatar afin d’aborder la question de la fin du conflit au Moyen-Orient, a annoncé le département d’État américain. En Égypte, autre grand médiateur dans ce conflit, des sources médiatiques proches du pouvoir indiquent que les autorités se préparent déjà pour pouvoir faire des propositions lors de la visite régionale d’Antony Blinken, rapporte notre correspondant au Caire, Alexandre Buccianti.
Ces sources précisent que des contacts sont déjà en cours avec le mouvement palestinien Fatah et l’organisation islamiste Hamas pour la tenue d’une réunion entre leurs représentants au Caire. Les médiateurs égyptiens chercheront à rapprocher les deux parties pour gérer la bande de Gaza à l’avenir par le biais de l’Organisation de libération palestinienne (OLP). En attendant, Le Caire se contente de mettre en garde contre escalade incontrôlée du conflit qui pourrait entrainer toute la région dans la tourmente.
« Esprit de résistance »
L’Iran n’a toutefois pas montré que son soutien changerait après la mort du chef du mouvement armé palestinien. Si aucun haut responsable n’a encore réagi à la mort du chef du Hamas, le représentant de l’Iran auprès des Nations unies a publié un communiqué pour affirmer que la mort en martyr de Yahya Sinwar sera un exemple pour les jeunes Palestiniens qui vont continuer son combat. « L’esprit de résistance sera renforcé », a estimé la mission iranienne auprès de l’ONU.
Le chercheur Sébastien Boussois confirme que cette « mort en martyr » va probablement « déclencher en réalité de nouvelles vocations ». « Il y aura des successeurs, assure ce spécialiste du Moyen-Orient, directeur de l’institut de géopolitique européen. Ces organisations-là ont toujours fait réémerger d’autres leaders. L’élimination physique de ces individus ne règle pas là l’organisation en elle-même. Avec tout ce qui s’est passé, je pense malheureusement que de nouveaux jeunes vont vouloir évidemment s’endoctriner ou en tout cas s’embarquer dans ce combat et dans cette idéologie. Une fuite en avant est à craindre. »
Le Hezbollah a de son côté annoncé une « transition vers une nouvelle phase, plus intensive, dans la confrontation avec Israël », ajoutant que les missiles à guidage de précision « étaient utilisés pour la première fois ». Mais pour Guillaume Ancel, ancien officier et écrivain français, « le Hezbollah n’est pas en position de force ». « Israël lui porte des coups très durs, pointe-t-il. Mais le Hezbollah est une véritable armée de 50 000 hommes et que Israël n’a pas non plus les moyens de le détruire totalement, sauf à construire une légion de terroristes qui s’acharneront sur Israël pendant les 20 prochaines années. »
Les familles des otages israéliens détenus par le Hamas dans la bande de Gaza ont estimé que, si la mort de Yahya Sinwar constituait une avancée significative, elle pourrait toutefois mettre leurs proches en danger.
RFI