Au Sénégal, six mois après leur élection, et à un mois d’élections législatives anticipées, le président Bassirou Diomaye Faye et le Premier ministre Ousmane Sonko ont présenté ce lundi 14 octobre leur programme pour développer le pays ces 25 prochaines années.
Intitulé « Pour un Sénégal souverain, juste et prospère », le programme « Sénégal 2050 » présenté ce lundi par Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko est un programme aux objectifs économiques ambitieux. Tripler le revenu par habitant d’ici 2050, assurer une croissance annuelle de plus de 6% en développant, entre autres, des filières compétitives et un secteur privé fort… voilà quelques-uns des grands objectifs du gouvernement.
« Industrialiser » et « innover » pour asseoir une économie créatrice d’emplois, comme l’a rappelé le président Bassirou Diomaye Faye dans son discours. « Cela passe par la valorisation de nos ressources naturelles, qu’elles soient agricoles, minières, pétrolières où gazières, à travers une industrialisation ambitieuse. Nous intégrerons nos matières premières dans les chaînes de valeur mondiales et nous transformerons nos richesses, sur place, en particulier, grâce aux technologies numériques et à l’intelligence artificielle », a déclaré le président sénégalais.
Parmi les promesses annoncées, figurent celles de former 700 000 jeunes dans les cinq prochaines années, de réduire le coût de l’électricité grâce à l’exploitation du gaz ou encore d’investir dans la recherche et l’innovation, le tout pour un coût de 18,5 milliards de francs CFA dont 60% seulement seraient financés par l’État.
Comment trouver l’argent pour financer ce programme ?
Mamadou Diop Decroix, ancien ministre du Commerce sous Abdoulaye Wade n’est pas inquiet. « Si vous combattez efficacement la corruption, vous gagnerez beaucoup… Deuxièmement, beaucoup de revenus ne sont pas imposés : c’est la question de l’assiette fiscale. Enfin la diaspora rapporte 10 % du PIB ! »
Il y aussi les recettes attendues des hydrocarbures. « Il faut beaucoup plus d’audace dans la mise en œuvre pour atteindre cette ambition-là », estime Elimane Haby Kane du centre de réflexion Legs-Africa, qui regrette que la société civile et notamment dans les régions n’ait pas été plus consultée pour élaborer ce programme. Pour lui, les autorités doivent plancher encore pour réellement proposer des solutions de développement économique fiables et différentes des autorités précédentes. « Une vision peut se permettre d’être très ambitieuse, maintenant, ce qui est important, c’est comment traduire cette vision en réalité ! Il faut aller plus loin que ça ! , car si on reste dans cette économie libérale mainstream, on ne peut pas produire les résultats escomptés car les mêmes mécanismes utilisés ne peuvent pas avoir des effets différents… Il faut beaucoup plus d’audace dans la mise en œuvre pour atteindre cette ambition-là ».
Le Premier ministre Ousmane Sonko, de son côté, a appelé les Sénégalais hier à la patience et les syndicats à des revendications raisonnables alors que les attentes des Sénégalais sont fortes dans un contexte économique difficile et un climat des affaires moroses avec de nombreux redressements fiscaux. À un mois d’élections législatives, l’enjeu, pour le pouvoir, est aussi de redonner espoir aux Sénégalais.