Présidentielle en Tunisie : Participation faible de 27,7% contre 45% en 2019

Afrique

Les 9,7 millions d’électeurs tunisiens, selon les chiffres officiels, sont appelés aux urnes ce dimanche 6 octobre pour élire leur président parmi les trois candidats en lice. Le président sortant Kaïs Saïed fait face à deux challengers, Zouhaïr Maghzaoui, ancien député qui fut à la tête d’un parti nationaliste arabe, et Ayachi Zammel, homme d’affaires actuellement en prison pour faux parrainages supposés. La participation enjeu de ce scrutin s’annonce faible : participation faible de 27,7% contre 45% en 2019. En attente des résultats officiels qui doivent être donnés par l’Isie, un sondage diffusé à la télévision nationale ce dimanche soir donne Kais Saïed vainqueur à plus de 89 %

Les bureaux de vote ont ouvert à 08H00 (7H00 TU) et ont fermé à 18H00 locales avec des résultats prévus « au plus tard mercredi », selon l’autorité électorale Isie.

Le taux de participation s’est établi à 27,7%, a annoncé dimanche l’autorité électorale Isie, contre 45% au premier tour de l’élection de 2019. Le président de l’Isie, Farouk Bouasker, a jugé ce « taux respectable » alors qu’il s’agit de la participation la plus faible pour un premier tour de scrutin présidentiel depuis l’avènement de la démocratie en 2011 dans le pays berceau des Printemps arabes.

À la mi-journée, l’Isie avait communiqué sur un taux de participation à 14,16%, en deçà de celui de 2018 qui était de 16,31%, considéré comme faible à l’époque.

Dans un bureau de vote du quartier de Mutuelleville, notre correspondante à Tunis, Amira Souilema constaté une participation modeste. Il semble loin le temps où les Tunisiens faisaient la queue fièrement pour aller voter. En 2014, le taux à la fin de journée avait atteint les 64% et avait vu s’affronter 27 candidats. Pas de raz de marée électorale, mais pas de désert électoral non plus, comme on avait pu le constater aux législatives de l’an dernier.

Ce qui était marquant ce dimanche, c’est ces électeurs venus voter pour Kaïs Saïed et qui tenaient à le revendiquer au micro. L’argument qui est revenu à plusieurs reprises, c’était : « Lui au moins, on le connaît. Les autres non»

Pas de files d’attente pour voter dans les bureaux où notre correspondante s’est rendue, que ce soit dans le centre de Tunis ou en banlieue de la capitale, mais des grappes de votants qui se sont succédé néanmoins toute la journée. « C’est un devoir », ont-ils dit. D’autres ont ajouté qu’ils avaient conscience que le scrutin était verrouillé en amont, mais qu’ils ne se voyaient pas rester chez eux malgré tout aujourd’hui.

Dans les cafés alentours, les Tunisiens boycottant le scrutin ont préféré se faire discrets, notamment dans le centre où la présence policière était assez importante ce matin.

Plusieurs politologues estiment que tout a été mis en place pour offrir un « plébiscite » à Kaïs Saïed. Il va falloir attendre quelques jours et l’annonce des résultats globaux provisoires pour voir ce qu’il en est.

Plusieurs candidats avaient déposé leur dossier, mais n’ont pas été autorisés à concourir. C’est la première fois qu’il y a si peu de candidats à une élection présidentielle après la Révolution tunisienne.

Cette présidentielle est un test pour le président Kaïs Saïed qui mise sur une participation importante.

Rappelons qu’il y a un désintérêt pour le politique actuellement en Tunisie et que l’opposition a peiné à donner des consignes de vote claires.

Une partie de l’opposition a dénoncé une « mascarade » d’élection et a appelé à ne pas se déplacer aux bureaux de vote. L’autre, au contraire, a appelé à le faire en masse, un peu comme si elle jouait le tout pour le tout.

Par ailleurs, plusieurs prétendants à la magistrature suprême ont vu leur candidature invalidée. Trois d’entre eux qui avaient été autorisés à concourir, par la justice, ont été empêchés de le faire par l’Isie, d’où cette cacophonie.