Satellites espions américains : Une menace pour l’Afrique et un danger pour le monde

Chronique

L’information selon laquelle SpaceX, fleuron de l’innovation technologique américaine, serait en train de concevoir des satellites espions pour le compte du gouvernement des États-Unis doit susciter la plus grande vigilance des nations africaines.

Dans un monde où la connaissance devient pouvoir, ces instruments de surveillance de masse menacent gravement l’intégrité des États et la confidentialité de leurs stratégies. Paul Virilio l’affirmait déjà, « qui voit tout, de très loin, gouverne un empire ». L’Afrique, riche en ressources et en potentiels stratégiques, se trouve ainsi placée sous le joug d’une surveillance constante, ce qui compromet sa souveraineté et son autonomie décisionnelle.

Ces constellations de satellites, déployées en orbite basse et évoluant en essaim, sont conçues pour observer de vastes territoires avec une rapidité redoutable, mais une précision moindre. Cependant, ce n’est pas tant la précision que la capacité d’observation globale qui pose problème. En multipliant les points d’observation, ces dispositifs permettent aux États-Unis d’accéder à des informations critiques concernant les infrastructures militaires, économiques et technologiques du continent africain. Michel Foucault, dans  »Surveiller et punir », écrivait que « le pouvoir ne se contente pas de voir sans être vu, il fait en sorte que l’on sache qu’il voit », et c’est précisément ce à quoi nous assistons : une mainmise technologique déguisée en mission de sécurité.

Au-delà du simple enjeu de la surveillance, cette course aux armements spatiaux entre les grandes puissances, dont la Chine et les États-Unis, laisse présager un nouveau front de la guerre froide. Comme le note Carl Schmitt, « tout grand espace est aussi un espace de conflit ». L’Afrique, déjà prise dans des dynamiques de rivalités néocoloniales, se trouve à nouveau au cœur de ces luttes de pouvoir où elle risque de jouer, bien malgré elle, un rôle de pion. Face à cette menace croissante, les pays africains doivent s’unir et réclamer une régulation internationale stricte de ces technologies, sous peine de voir leur avenir décidé depuis les cieux.

Une Opinion de Dr. Hubert DJOGUÉ

22 septembre 2024.