Valorisation de l’alphabet et des langues nationales dans l'enseignement : Une nécessité incontournable pour le développement du Bénin

Société

(Il urge de faire de l’alphabétisation et des langues nationales un moteur de développement et des éveilleurs des consciences dans le pays)

Chaque année, dans le monde, la Journée mondiale de l’alphabétisation est célébrée dans la première moitié du mois de septembre pour rappeler au public l’importance de l’alphabétisation en tant que facteur de dignité et de droits humains.  C’est en 1965 que ladite journée a été proclamée par l’UNESCO. Par ailleurs, l’une des raisons de cette célébration est de faire progresser l’agenda de l’alphabétisation vers une société plus durable et plus alphabétisée. L’alphabétisation fait partie du « programme de développement durable à l’horizon 2030 » de l’ONU. Le rôle de la lutte contre l’analphabétisme a pour but de donner accès à tous à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité. L’une des cibles de ce programme est de veiller, d’ici à 2030, à ce que tous les jeunes et une proportion considérable d’adultes, hommes et femmes, sachent lire, écrire et compter. La valorisation de l’alphabet et des langues nationales dans l’enseignement constitue donc une nécessité incontournable pour le développement du Bénin.

L’université d’Abomey-Calavi a accueilli un colloque scientifique du 04 au 06 septembre 2024. C’est dans le cadre de la célébration de la cinquante neuvièmes édition de la journée mondiale de l’alphabétisation que ledit colloque a été tenu. Présent à ce colloque portant sur le développement des langues maternelles au Bénin, Michel Fangnigbé, doctorant en sciences du langage et de la communication, estime que la valorisation des langues nationales dans l’enseignement serait un moteur de développement du Bénin.

Selon Michel Fangnigbé, ancien chef de l’arrondissement d’Ayomi, il est plus que jamais important de mettre en valeur les langues nationales du Bénin pour le réel développement du pays. « Quand il s’agit des langues maternelles béninoises, c’est notre chose. Nous devons vraiment nous intéresser à cela et apporter tout ce qu’il faut non seulement pour la promotion, mais également le développement des langues nationales, afin que les langues maternelles, soient une réalité de notre pays », préconise-t-il.

Il ajoute : « Ce que nous recherchons, c’est qu’au-delà de la promotion annoncée oralement, il faut que de nos jours, on fasse des langues nationales, une priorité. Que l’introduction des langues maternelles dans le système éducatif soit une réalité et qu’on mette en place toutes les dispositions nécessaires qui pourront permettre véritablement d’introduire les langues maternelles dans le système éducatif, de l’accompagner, pour que notre pays puisse amorcer le développement tant recherché, à partir de l’utilisation de nos langues ». Reprenant le professeur Joseph Ki-Zerbo, le doctorant en communication rappelle que « nul ne peut véritablement se développer dans la langue d’autrui ».

Poursuivant son analyse, Michel Fangnigbé explique que normalement, « La jeune génération qui constitue la relève de demain doit pouvoir faire la littérature, la géométrie, la physique, la chimie, la science de façon générale, dans sa propre langue afin de comprendre la quintessence de ce qu’on lui enseigne et toucher la réalité du doigt. C’est le seul moyen qui lui permet de créer, d’innover et de prouver au monde la capacité intellectuelle dont dispose l’Afrique. L’éducation, l’instruction et l’enseignement dans nos langues est le seul moyen de développement ». Mieux, une nécessité incontournable pour le développement du Bénin

Pour votre gouverne, l’alphabétisation décrit l’acquisition des compétences et des connaissances de base en lecture et écriture nécessaires à chacun. C’est un moteur de développement durable. Elle permet une participation accrue dans tous domaines de la vie.

Langues nationales : leur importance pour le développement

Dès le début de la scolarité, c’est la langue maternelle qui garantit le décollage intellectuel de l’enfant. Elle lui apporte l’élément fondamental d’équilibre sans lequel il s’atrophie. Elle lui fournit la possibilité de verbaliser sa pensée et de s’intégrer harmonieusement dans le monde qui l’environne.

Dans les écoles du monde entier, les élèves sont désavantagés par le fait que leurs cours ne soient pas dispensés dans leur langue maternelle. Pour optimiser la réussite d’un élève, l’enseignement dans la langue maternelle est crucial. Et ce, pour de nombreuses raisons.

En effet, le développement de la première langue d’un élève facilite le développement d’une deuxième langue. En d’autres termes, il est beaucoup plus facile d’apprendre une seconde langue lorsque les élèves ont déjà des bases solides dans leur première langue. Les connaissances et les compétences sont également totalement transférables d’une langue à l’autre.

L’enseignement dans la langue maternelle est également bénéfique pour le bien-être général de l’élève. Les élèves aiment l’école, sont plus heureux et réussissent mieux lorsqu’on leur enseigne dans leur propre langue. À l’inverse, les élèves qui reçoivent un enseignement dans une langue autre que leur langue maternelle sont plus susceptibles d’échouer dans les premières années de scolarité. Ceci peut même les conduire à abandonner complètement l’école.

Quid des initiatives au Bénin pour l’insertion des langues nationales

Depuis octobre 2013, certaines langues nationales béninoises sont enseignées dans quelques écoles. C’est l’une des initiatives prises par l’Etat pour concrétiser le programme d’insertion des langues nationales dans le système éducatif. Celui-ci a été initié par le gouvernement béninois au Conseil des ministres en sa séance du 29 mai 2013.

L’utilisation des langues nationales à l’école est non seulement un vecteur de la valorisation de la diversité linguistique, mais aussi un moyen de promouvoir la culture africaine. C’est l’une des raisons qui a motivé le Bénin à adhérer à l’initiative Elan (Ecoles et langues nationales). Elle regroupe huit pays d’Afrique Subsaharienne francophone à savoir : Le Burkina Faso, le Cameroun, le Mali, le Niger, le Sénégal, le Burundi, la  République Démocratique du Congo et le Bénin. Ce projet vise à promouvoir et introduire progressivement l’enseignement bilingue à l’école primaire

Difficultés rencontrées

S’il est vrai que les acteurs intervenant dans le processus s’accordent à reconnaître l’opportunité de cette opération, il n’en demeure pas moins que son exécution rencontre de nombreuses difficultés. Par exemple, le choix des langues nationales à introduire à l’école est sujet à des tensions ethnolinguistiques.

Mais un autre problème se pose. Dans les pays comme le Bénin comptant de grandes populations et une multitude de langues, le manque de ressources constitue un obstacle à un enseignement adéquat dans la langue maternelle. Il est coûteux d’employer des enseignants qui parlent couramment chacune des langues indigènes et de fournir des manuels scolaires dans ces langues et culturellement adaptés.

Le continent recèle d’une richesse culturelle immense, diverse et variée. Qu’attendons-nous pour l’exploiter et pour laisser les futures générations prendre conscience de son potentiel. On doit mettre en place une éducation basée sur des contenus africains, un contexte africain et une idéologie africaine. Pour que le programme scolaire soit le plus efficace possible, il doit être rédigé dans leur langue.

 

Réalisation : S.E.

 

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Alphabet et langues nationales comme éveilleurs des consciences des peuples, cas de l’alphabet Gbékoun au Bénin

 

Samedi 10 août 2019 à Cotonou, un groupe de chercheurs béninois a présenté lors d’une conférence publique dans la grande salle de conférence de la bourse du travail, le condensé de plusieurs décennies de recherche. L’initiative a réuni des invités dont des spécialistes en alphabétisation des langues nationales, des représentants d’associations de promotion des langues et cultures endogènes, Professeurs d’université, enseignants chercheurs venus de l’Université d’Abomey-calavi (Uac) et d’autres universitaires.

« Alphabet et langues nationales comme éveilleurs des consciences des peuples et des nations – cas de l’alphabet GBÉKOUN ». C’est le thème de cette conférence publique. Elle a comme objectif général de présenter à l’opinion nationale et internationale, les fruits de plusieurs années de recherche. L’alphabet Gbékoun a été inventé par feu AdigbèTogbédji de nationalité béninoise. À sa suite,
feu Houessè Ayigbèdékin a créé grâce à cet alphabet, une école typiquement et authentiquement en langues nationales qui utilise Gbékoun pour enseigner toutes les disciplines dans les langues nationales. De façon spécifique, de cet alphabet, est née deux centres de formation, l’un dénommé « Gbèhèin’azinyèmèin qui forme les formateurs (les maîtres/enseignants/Professeurs) et l’autre, Finfontèinmèwigbédjiton, qui est un centre d’éveil du continent noir. Le second centre forme toute personne désireuse de s’instruire dans sa langue maternelle. « Nous avons créé une langue qui intègre déjà le Dendi, le Yoruba, le Bô, le Yom, le Aizô, le Fongbé, le Adjagbé… Un enfant de six (6) ans qui entame l’école chez nous, sera instruit dans toutes les disciplines et ceci dans sa langue nationale ou maternelle sans faire allégeance à une autre langue étrangère », précise monsieur Hodonou Gnénoukpo, fils du défunt inventeur. Gbékoun est un alphabet à trente-trois (33) lettres qui permet d’écrire toutes les langues africaines de façon authentique et sans apport d’un alphabet étranger comme celui du français, de l’Alphabet phonétique international (API) ou encore moins de l’alphabet utilisé au Bénin pour transcrire les langues nationales. Gbékoun apparaît à cet effet comme l’alternative crédible pour le développement des pays africains en général et du Bénin en particulier.

« Une nation ne se développe pas dans une langue étrangère. Si nous prenons l’exemple des autres nations telles la Chine, le Japon…elles parlent leurs langues et elles écrivent avec leur propre alphabet », a renchéri les conférenciers. On peut donc se servir de l’alphabet Gbékoun pour écrire toutes les langues du monde avec les résonnances possibles, a-t-il ajouté. Compte tenu de l’importance capitale que revêt cette invention dans le processus de développement de l’Afrique en général et du Bénin en particulier, les conférenciers invitent humblement les chefs d’États du continent noire à prendre la mesure des choses.

En d’autres termes, ces dirigeants doivent s’approprier de cette invention, l’encadrer afin qu’on sache que le Bénin en particulier et l’Afrique en général ont désormais un alphabet authentique. Un alphabet propre aux langues endogènes et qui sert à représenter les signes linguistiques des parlers africains. C’est une fierté pour le Bénin et donc une initiative à valoriser par les dirigeants actuels qui d’ailleurs aspirent à révéler le Bénin. Ce faisant, ils impacteraient significativement le quartier latin d’Afrique. Car comme le dit-on, aucune nation ne se développe dans une langue étrangère. Il est temps pour le Bénin, de montrer les pas aux autres pays africains. Plus de cinq ans après la présence de ce bijou, le constat est triste. Les initiateurs ont été sommés de mettre la clé sous paillasson. Et on se demande comment peut-on envisager le développement en interdisant un Alphabet aussi très important à toutes les langues africaines. Triste sort pour l’Afrique.

La Rédaction