La ville de Maiduguri, capitale de l’État du Borno dans l’extrême-nord du pays, est confrontée à des inondations dévastatrices. La rupture d’un barrage, provoquée par les fortes pluies du 9 septembre, a submergé la ville, laissant au moins 200 000 habitants déplacés, selon les premières estimations des autorités nigérianes.
Lesimages publiées sur les réseaux sociaux montrent l’ampleur de la catastrophe. Maiduguri est littéralement submergée, seuls les toits des maisons et des bâtiments sont visibles au-dessus des eaux. Au micro de notre journaliste Christina Okello, Maina Bwala, un habitant de la ville, témoigne :
Vers une heure du matin, nous avons reçu un appel du gouvernement. Des agents sont venus avec des haut-parleurs pour nous avertir que les inondations s’aggravaient et que nous devions évacuer. Nous avons tenté de détourner l’eau vers les égouts, mais le flot était incontrôlable. À 5 ou 6 heures du matin, l’eau avait déjà atteint les maisons de nos voisins, et nous avons dû fuir. Ce n’est pas la première fois que cela arrive. En 1994, il y avait aussi des inondations, mais l’eau n’atteignait que le sol. Cette fois-ci, elle nous arrivait à la poitrine, et maintenant nos maisons sont inondées.
Le centre-ville n’a pas été épargné : le marché, les écoles, les bâtiments administratifs ont été frappés par les flots. Le zoo de la ville a également subi de lourdes pertes, avec 80% de ses animaux morts, selon le journal Daily Trust. Certaines autruches errent dans la ville, tandis que les habitants vivant près du zoo ont dû évacuer en raison de l’évasion de crocodiles et de serpents.
Plus alarmant encore, l’effondrement d’un mur de la prison de Maiduguri a permis à 200 détenus de s’échapper, dont plusieurs commandants de la secte djihadiste Boko Haram, d’après le quotidien nigérian The Guardian.
Une situation sanitaire préoccupante
Selon le porte-parole de l’Agence nationale de gestion des urgences, 70% de la ville est désormais submergée, et plusieurs décès ont été signalés, sans qu’un bilan précis ne soit encore communiqué. Face à cette catastrophe, les autorités de l’État du Borno ont rouvert des camps pour accueillir les centaines de milliers de déplacés. Cependant, ces derniers sont exposés à des risques sanitaires élevés, en raison des eaux contaminées par les fosses septiques et les cadavres déterrés par les inondations.
Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a qualifié ces inondations de « pires que la ville ait connues depuis 30 ans ».