Cinq jours seulement après avoir failli perdre la vie dans un meeting de campagne, Donald Trump est remonté jeudi 18 juillet sur scène. Il s’est posé non seulement en rescapé miraculeux des balles qui l’ont frôlé, mais surtout en grand patron incontesté de la droite américaine. Le septuagénaire a promis une « victoire incroyable » des républicains à la présidentielle de novembre, clôturant en star une convention d’un parti en ordre de marche derrière sa candidature.
Aux États-Unis, cette démonstration d’unité s’est confirmée durant toute cette grand-messe organisée depuis lundi 15 juillet à Milwaukee, dans la région des Grands Lacs. Elle a contrasté avec la fébrilité culminant chez les démocrates, de plus en plus nombreux à appeler le président démocrate sortant Joe Biden à se retirer. Cinq jours après avoir été la cible de tirs lors d’un meeting de campagne, Donald Trump, est donc remonté sur scène à 78 ans, sous haute sécurité, prononçant un discours d’environ 90 minutes en grand patron incontesté de la droite américaine.
Pansement bien visible sur l’oreille droite, il a formellement accepté l’investiture du Parti républicain, dont les quelque 2 400 délégués lui avaient apporté leurs voix dès lundi. « Alors ce soir, avec foi et dévouement, j’accepte fièrement votre investiture pour la présidence des États-Unis (…) Je me présente pour être le président de toute l’Amérique, pas de la moitié de l’Amérique », a-t-il lancé dans cette allocution. Mais ses accents rassembleurs sont toutefois restés minoritaires par rapport à ses thèmes de prédilection : la criminalité, l’immigration, l’inflation.
« Je me présente pour être le président de toute l’Amérique et non de la moitié de l’Amérique, parce qu’il n’y a pas de victoire à gagner pour la moitié de l’Amérique. C’est pourquoi ce soir, avec foi et dévouement, j’accepte fièrement votre nomination à la présidence des États-Unis. Je vous remercie ».
« J’avais Dieu à mes côtés »
Dans une ambiance de cathédrale, Donald Trump explique qu’une intervention divine l’a sauvé de cette tentative d’assassinat, rapporte notre envoyé spécial à Milwaukee, David Thomson. Le républicain est revenu sur la tentative d’assassinat dont il a été victime en Pennsylvanie, en confiant qu’un tel récit lui était « douloureux ». « Il y a juste quelques jours, mon voyage avec vous a failli tourner court. Et pourtant, nous sommes là ce soir », a déclaré le candidat aux milliers de militants présents qui, pour beaucoup, considèrent qu’il a bénéficié d’une intervention divine. Lorsque les tirs ont retenti, « j’ai immédiatement compris que c’était très sérieux, que nous étions attaqués », a-t-il relaté. « Le sang coulait partout. Et cependant, d’une certaine manière, je me sentais en sécurité, parce que j’avais Dieu à mes côtés », a raconté le septuagénaire.
Il s’est encore attardé sur cette séquence désormais historique où on le voit être évacué par les agents du Secret Service, le poing levé et la joue ensanglantée. Une image devenue un atout électoral que la convention républicaine n’a cessé de mettre en avant, car illustrant selon les républicains le courage d’un homme qu’on cherche à abattre et qui ne se résigne jamais. Donald Trump a fait observer une minute de silence pour Corey Comperatore, un pompier de 50 ans tué par une des balles qui le visaient. Il a aussi embrassé le casque de l’uniforme de la victime. « Une personne incroyable », a dit Trump qui dit avoir téléphoné à sa femme et levé plus de six millions de dollars pour ses proches.
Donald Trump s’est dépeint en dirigeant à la stature internationale
Donald Trump s’est dépeint jeudi en dirigeant à la stature internationale, capable de mettre fin aux conflits dans le monde « avec un coup de téléphone », tout un décrivant une vision apocalyptique du monde actuel. « Nos adversaires ont hérité d’un monde en paix et l’ont transformé en une planète en guerre », a-t-il déclaré dans un discours, souvent décousu, au dernier jour de la convention du Parti républicain à Milwaukee. « Regardez cette attaque contre Israël. Regardez ce qui se passe en Ukraine », a-t-il lancé.
« Je mettrai fin à toutes les crises internationales que l’administration actuelle a créées, y compris l’horrible guerre avec la Russie et l’Ukraine, qui n’aurait jamais eu lieu si j’étais président », a lancé le candidat républicain, citant également la guerre dans la bande de Gaza, provoquée par l’attaque du Hamas contre Israël, le 7 octobre.
A propos du dirigeant nord-coréen Kim Jong Un, Donald Trump a également lancé : « Il aimerait que je revienne aussi. Je pense que je lui manque, si vous voulez savoir ». « Je m’entends bien avec lui », a déclaré le républicain, qui avait rencontré Kim Jong Un à trois reprises sous sa présidence sans parvenir à un accord. Donald Trump a ainsi promis qu’en cas de retour à la Maison Blanche, la Corée du Nord, qui possède l’arme nucléaire, arrêterait de lancer des missiles.
Trump promet de « fermer la frontière » au premier jour de son mandat
Le reste de son discours a été plus classique, empruntant des passages répétés à l’envi dans ses meetings politiques. … Trump fait aussi huer les medias et résume son programme de campagne avec deux promesses très simples. Il a ainsi réitéré sa volonté de favoriser l’exploitation du pétrole aux États-Unis en « forant à tout-va » et d’empêcher les migrants d’entrer dans le pays dès le « premier jour » de son mandat. Donald Trump a aussi promis de terminer la construction du mur antimigrants à la frontière des États-Unis avec le Mexique, qui fut l’un des projets majeurs de son premier mandat à la Maison Blanche. Il a aussi promis de fermer la frontière en organisant la plus grande expulsion de sans-papiers de l’histoire.
Le candidat républicain, qui avait claqué la porte de l’Accord de Paris sur le climat durant son mandat, s’est engagé à mettre fin aux grands projets climatiques de Joe Biden, qualifiés d’« arnaque verte » et à et éliminer les régulations de véhicules électriques.
Des thèmes plus fédérateurs que l’avortement par exemple, qu’il s’est gardé d’évoquer. Car deux ans après l’abrogation du droit à l’avortement par la Cour suprême, ce thème ne fait plus le consensus chez les républicains. De même pour Joe Biden. Le président démocrate, très fragilisé politiquement et à l’isolement, car souffrant du Covid-19, a paradoxalement été largement épargné par Donald Trump, qui a préféré développer son programme s’il revenait à la Maison Blanche.
Dans son discours devant la convention républicaine à Milwaukee, Donald Trump a également appelé à ne pas « criminaliser l’opposition ou diaboliser les désaccords politiques », en dénonçant une nouvelle fois les poursuites judiciaires qui le visent. L’ex-président républicain a exigé des démocrates qu’ils cessent « immédiatement » de le qualifier « d’ennemi de la démocratie », tout en estimant qu’ils « détruisent notre pays ».
La campagne reprendra dès samedi
Au sein de l’auditoire se trouvaient les principaux ténors républicains. Mardi 17 juillet au soir, ses ex-rivaux aux primaires étaient venus publiquement lui prêter allégeance. Également présent dans le premier cercle, J.D. Vance, le sénateur atypique choisi par le candidat pour le seconder dans la campagne.
Terry Arnold, une femme venue de Seattle, dit avoir été transportée par le discours de Donald Trump. « C’était vraiment enthousiasmant et j’ai trouvé cela unificateur », commente-t-elle. « Il y avait de l’exaltation, de l’espoir. Et ce soir, il semblait vraiment plein d’énergie. Plus tôt dans la semaine, il m’a semblé, et c’est normal, un peu fatigué, avec ce qu’il a traversé ».
La soirée s’est achevée dans un traditionnel grand lâcher de ballons aux couleurs du drapeau américain. Donald Trump a été rejoint sur scène par sa famille proche, absente jusque-là de la campagne, dont sa femme Melania et ses fils qui ont loué à la tribune les qualités de leur père.
Donald Trump a prévu de reprendre sa campagne dès samedi, avec un meeting dans le Michigan, une semaine exactement après les tirs qui l’ont visé. Les dizaines de milliers de visiteurs sont repartis avec leurs bagages remplis de produits dérivés « Trump » : casquettes, affiches, tee-shirts et prêts à prêcher la parole de leur champion miraculé à travers le pays.
Pour les militants présents à une projection du discours de Trump en Géorgie, la course n’est pas encore gagnée
La pression monte pour Joe Biden. Le candidat à sa réélection fait face à de plus en plus de critiques dans son camp. Ce jeudi 18 juillet, le sénateur démocrate du Montana Jon Tester l’a appelé à quitter la course. C’est le deuxième sénateur à le faire. Le président serait en train de considérer cette option, selon le New York Times. Pendant ce temps, la Convention républicaine s’est achevée ce jeudi soir à Milwaukee dans le Wisconsin. Dans la banlieue d’Atlanta, pour les militants présents à une projection du discours de Donald Trump organisée pour le Parti républicain local, la course n’est pas encore gagnée mais cette semaine a changé les choses.
Pour regarder le discours de Donald Trump, une équipe de campagne avait loué une salle de cinéma. Les partisans étaient installés dans leurs fauteuils, avec leurs pop-corn et boissons. Pour Jodi, cette semaine a marqué un tournant : « On n’a jamais vu quelque chose comme ça. J’étais impliquée dans la campagne en 2016, en 2020 et maintenant en 2024. Il y a une ambiance électrique que je n’ai jamais vue. Même cette convention, c’est de loin la meilleure que j’ai vue et je les regarde toutes. »
Victoria, 26 ans, apprécie le choix du vice-président, le sénateur de l’Ohio de 38 ans J.D. Vance qui permet pour elle de rajeunir la classe politique. « J’ai l’impression que je le comprends mieux que les autres. Je peux m’identifier. Vous savez à la convention, ils jouent du vieux rock et je veux quelque chose de neuf et différent », explique-t-elle.
Frank quant à lui ne veut pas se prononcer trop tôt sur les élections. « Les gens doivent quand même aller voter et ne doivent pas prendre pour acquis que Trump est plus haut dans les sondages que Joe Biden », estime-t-il. Pour lui, la tentative d’assassinat est une preuve de plus que Donald Trump peut traverser n’importe quelle épreuve.
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