La baisse du prix des produits les plus consommés était l’annonce la plus attendue par les Sénégalais depuis l’arrivée au pouvoir de Bassirou Diomaye Faye. Le jeune président avait promis de s’attaquer à la cherté de la vie dès son discours d’investiture. Son premier ministre Ousmane Sonko aussi. Des premières mesures ont été annoncées ce jeudi 13 juin pour les produits de consommation courante comme le riz, l’huile et le pain.
50 francs CFA de moins pour le kilo de sucre, 40 francs CFA de baisse pour le riz brisé, la variété la plus consommée au Sénégal mais aussi une baisse de 100 francs CFA sur le bidon de cinq litres d’huile de tournesol et 15 francs CFA en moins sur le prix de la baguette… « Ce sont des petites baisses », a concédé le secrétaire général du gouvernement Ahmadou Al Aminou Lô, qui a fait ces annonces tout en rappelant que la marge de manœuvre pour le Sénégal est très faible. L’inflation mondiale impacte sur le prix de ces produits, en grande partie importés.
Pour l’économiste Magaye Guaye, c’est un premier pas dans la bonne direction. « Symboliquement, c’est une mesure très forte qui va permettre aux Sénégalais de respirer. En termes de promesses démocratiques, cela a été promis. Il y a un début. Maintenant, on veut plus que cela. Et je crois que ce sont des mesures structurelles qui pourront effectivement permettre de le faire. »
Pour faciliter ces réductions, le gouvernement renonce à certaines taxes douanières dues par les importateurs, pour une valeur de 53 milliards de francs CFA. Ces baisses portent aussi sur le prix du ciment et de l’engrais – moins 55%.
On salue la démarche inclusive de l’État du Sénégal de nous avoir associé aux discussions pour pouvoir essayer de trouver des solutions pour la réduction du coût du ciment sans pour autant impacter la pérennité des industries au Sénégal. C’est un bon début, ce sont 2000 francs. Il faut savoir aussi que la discussion revient souvent. La tonne est de 73000. Le prix du ciment quand même est l’un des prix les moins chers de l’Afrique de l’Ouest, là où pour certains pays ça tourne entre 80 jusqu’à plus de 100 000 francs. Donc si en plus de cela, l’État a consenti effectivement à suspendre cette taxe de 2000 FCFA qui va faire passer le prix de 73000 à 71000 FCFA quand même, ça représente quelque chose pour les gens qui sont en train de construire.
Ousmane Mabye, le directeur général de Dangote, le principal cimentier du pays et président de la chambre des mines, salue la décision de l’État de se passer de 2000 FCFA de taxe sur la tonne de ciment pour faire baisser le prix.
Faire respecter cette baisse des prix
L’analyste Elimane Haby Kane met en garde sur la difficulté de faire appliquer cette baisse de prix par les commerçants, même si des contrôles sont annoncés et que le patronat a été consulté sur ces mesures. « Il va falloir attendre pour voir si réellement, cette baisse sera effective. L’État n’a pas le monopole du commerce. Il ne peut pas décider tout seul de baisser les prix. Dans la mesure, je comprends mais cela dépend d’autres facteurs extérieurs liés au marché et que personne ne peut maîtriser », ajoute-t-elle.
Reste la difficulté de faire respecter cette baisse des prix. Le gouvernement promet des contrôles renforcés et des sanctions pour ceux qui ne suivraient pas les directives. Un appel à tous les commerçants est aussi lancé pour aider à alléger le panier de la ménagère, particulièrement mis à mal. En attendant, en trois ans, le prix du riz a grimpé de 40% et celui du sucre de 27%. Cette inflation est difficile à corriger.