Rapport Cour des comptes : De graves manquements décelés à l’ONAS

Afrique

Les magistrats-vérificateurs de la Cour des comptes ont fouillé dans les lugubres égouts de l’Office national de l’assainissement du Sénégal (Onas). Leur rapport sur la gestion 2012-2017 de la boite révèle de graves manquements, notamment sur le système de contrôle interne d’une efficacité douteuse. Ce qui est à l’origine de gros manquants en caisse aux allures de détournement.

Présentant les faits dans les moindres détails, le rapport souligne d’emblée que « la dernière mise à jour du manuel de procédures date de 2011, alors que des changements majeurs ont été notés dans l’organisation, le management et le système d’information de l’ONAS entre 2012 et 2017 ». Deux directeurs généraux se sont succédé durant cette période avec des modifications de l’organigramme et des fonctions attribuées aux différentes directions et services.

De plus, ajoutent les auditeurs de la cour, « le système d’information comptable a subi plusieurs tentatives de modifications avant de migrer finalement de SAGE 100 à TOMPORTAIL en 2016 ». À les en croire, ces différents changements auraient dû être accompagnés d’une actualisation et d’une réadaptation du manuel de procédures. Ce qui n’a pas été.

Ainsi, la revue du manuel de procédures a permis aux magistrats-vérificateurs de constater que « celui-ci n’intègre pas les fonctions Audit interne et Contrôle de gestion ». Or, ajoutent-ils, « ces derniers sont les principaux processus qui encadrent les opérations exécutées ; ce qui constitue un manquement significatif dans le système de contrôle interne ».

Dans les faits, des contrôles sont effectués surtout en ce qui concerne les informations financières. Cependant, note le rapport, « ces contrôles ne sont pas substantiels ce qui a engendré des anomalies notoires dans la gestion de la trésorerie ». Les procédures prévues par le manuel, par exemple, en matière d’encaissements et de décaissements, ne sont pas respectées. Celles-ci prévoient, d’après le rapport, que « tous les deux jours, le chef de la Division des recettes procède au décompte des encaissements de la semaine en présence du caissier chargé des recettes, effectue le rapprochement entre le solde théorique et le solde réel et vise le brouillard de caisse, le bordereau de versement et les pièces justificatives ».

Interpellé sur ce manquement, l’ancien agent comptable a admis que « le contrôle des opérations n’est pas systématique et se limite à un simple pointage entre les arrêtés de caisse et les soldes de clôture théoriques ». Ce non-respect de ces procédures, poursuivent les auditeurs, « a occasionné des manquants en caisse d’un montant estimé à 98 100 284 FCFA en 2016 ».

Par lettre n°00213/ONAS/ACP/SP/FK du 28 décembre 2016, l’agent comptable explique les circonstances dans lesquelles ces manquants ont pu être découverts. « Il précise que la préposée à la caisse recettes, Madame Fatou WADE avait décidé de manière arbitraire et unilatérale de modifier les procédures décrites en la matière », souligne le rapport. Une situation assez illustrative de l’absence de supervision et de contrôle dans cette division qui ne dédouane guère l’agent comptable.

Ce qui a davantage intrigué les magistrats de la Cour des comptes c’est que la plainte déposée par le directeur général auprès du procureur près le tribunal de grande instance de Dakar est restée sans suite. Saisi par la cour, le ministre de la Justice, garde des Sceaux de l’époque souligne, dans sa réponse, avoir « instruit les services compétents pour diligenter le traitement de la plainte de l’ONAS ». Une situation qui illustre à plus d’un égard, l’impunité érigée en règle dans l’Administration sénégalaise, selon Seneweb.