De fortes explosions ont été rapportées ce vendredi 19 avril en Iran, après qu’Israël a menacé de répondre à l’attaque lancée par Téhéran le week-end dernier. L’armée israélienne reste silencieuse, une agence iranienne nie l’attaque, les États-Unis pointent la responsabilité d’Israël. Voici ce que l’on sait
Ce vendredi 19 avril 2024, trois explosions ont été rapportées près d’une base militaire dans le centre de l’Iran. Des drones ont été abattus. Pour de hauts responsables américains, il s’agit d’une attaque israélienne en représailles aux tirs de drones et de missiles sans précédent contre Israël le week-end dernier.
Trois explosions entendues près d’Ispahan
Téhéran a fait état de trois explosions survenues à l’aube vendredi près d’une base militaire dans la province d’Ispahan, au centre du pays, selon l’agence officielle Fars. L’Iran a activé dans la foulée sa défense aérienne dans plusieurs provinces. Des drones ont été abattus mais il n’y a pas eu d’attaque par missiles « jusqu’à présent », ont indiqué les autorités iraniennes.
Un officier de la province, le général de brigade Siavash Mihandoost, a expliqué à la télévision d’État que le bruit « relativement fort » entendu à l’est d’Ispahan était « lié au tir de la défense aérienne sur un objet volant » et non à une explosion au sol. Les installations nucléaires basées dans la région d’Ispahan sont « totalement en sécurité », a précisé l’agence Tasnim. Elles n’étaient pas visées, d’après des responsables américains à CNN. Une cible possible pourrait être un radar militaire, selon l’agence Fars.
Aucun dégât majeur signalé
« Aucun dégât ou explosion à grande échelle n’a été signalé », a indiqué l’agence officielle Irna, en se basant sur les informations rapportées par ses journalistes. Les installations nucléaires basées dans la région d’Ispahan, dans le centre de l’Iran, sont « totalement en sécurité », a ensuite indiqué l’agence iranienne Tasnim.
Une information confirmée par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). L’agence suit la situation de très près et appelle à une extrême retenue de toutes les parties, soulignant que « les installations nucléaires ne devraient jamais être une cible dans les conflits militaires ». Les liaisons aériennes ont repris ce vendredi en début de matinée dans les deux aéroports de Téhéran après avoir été suspendues à la suite des explosions
Une agence iranienne nie l’attaque
Si Téhéran a fait état de trois explosions, l’agence iranienne Tasnim a indiqué simultanément, citant des « sources bien informées », qu’il n’y avait « aucune information faisant état d’une attaque de l’étranger contre la ville centrale d’Ispahan ou toute autre partie du pays ». Aucun dirigeant iranien n’a pour l’heure publiquement commenté ces explosions.
Les Israéliens restent silencieux
Israël avait prévenu qu’il riposterait après que l’Iran a tiré des centaines de missiles et de drones sur le territoire israélien au cours du week-end. Une attaque consécutive à un raid contre le consulat iranien à Damas, imputé à Israël.
L’armée israélienne a indiqué, ce vendredi, à l’AFP ne pas avoir de commentaire « pour le moment » au sujet de ces explosions en Iran. Des sirènes d’alarme ont retenti dans le nord d’Israël, théâtre d’échanges de tirs ces derniers mois entre l’armée israélienne et le Hezbollah, soutenu par l’Iran. Les médias d’État syriens affirment par ailleurs qu’Israël a frappé des systèmes de défense aérienne dans le sud de la Syrie, ce qui a provoqué des « pertes matérielles »
Les Américains disent avoir été prévenus
Washington a été prévenu de l’attaque israélienne sur l’Iran mais n’a ni approuvé l’opération ni joué aucun rôle dans son exécution, ont déclaré des responsables cités par les médias américains.
NBC et CNN, citant respectivement des sources au fait de la question et un responsable américain, ont rapporté qu’Israël avait prévenu Washington de la frappe. « Nous n’avons pas approuvé la riposte », a déclaré un responsable américain, selon CNN.
13h12 : Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, « condamne tout acte de représailles » au Moyen-Orient
Après les explosions signalées dans le centre de l’Iran, « le secrétaire général répète qu’il est grand temps d’arrêter le cycle dangereux de représailles au Moyen-Orient », indique Stéphane Dujarric, le porte-parole du secrétaire général des Nations unies, dans un communiqué.
Antonio Guterres avait alerté jeudi sur le risque d’un « conflit régional généralisé ».
Benyamin Netanyahu prend le risque de ne pas contenter son opinion publique
« En ne revendiquant pas cette attaque qui lui est imputée par plusieurs pays, Israël évite de provoquer l’Iran, avance notre envoyé spécial. En répondant de manière ciblée, en visant une base militaire, le pays veut signaler à ses partenaires qu’il a cherché à tenir compte de leurs craintes sur les risques d’une escalade. »
Toutefois, « avec une réponse limitée et une discrétion des autorités sur le sujet, Benyamin Netanyahu prend le risque de ne pas contenter son opinion publique », souligne Guilhem Delteil. Plusieurs Israéliens rencontrés ce matin par RFI jugent cette réponse « trop faible ».
Les dissensions semblent également poindre leur nez au sein du gouvernement israélien. « Le ministre de la Sécurité publique, Itamar Ben-Gvir, membre de l’aile la plus extrémiste de la coalition au pouvoir, a posté un message lapidaire sur le réseau social X. Semblant faire allusion à cette opération, il a écrit : « minable » », détaille notre envoyé spécial.
La Turquie évoque le risque d’un « conflit permanent »
Ankara met en garde vendredi contre le risque d’un « conflit permanent » après les explosions en Iran qu’elle a attribuées à des représailles menées par Israël.
« Il devient de plus en plus évident que les tensions initialement provoquées par l’attaque illégale d’Israël contre l’ambassade iranienne à Damas risquent de se transformer en un conflit permanent », a dénoncé le ministère turc des Affaires étrangères dans un communiqué.
« Nous appelons toutes les parties à s’abstenir de toute mesure susceptible de conduire à un conflit plus large », a-t-il ajouté.
Les États-Unis ne sont « pas impliqués » dans les explosions en Iran, dit Antony Blinken
Les États-Unis« n’ont pas été impliqués dans une opération offensive », a déclaré le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, après des informations faisant état de frappes de représailles israéliennes contre l’Iran.
« Je ne vais pas parler de ces événements rapportés par les médias. […] Tout ce que je peux dire, de notre côté et de celui de tous les membres du G7, est que notre objectif est la désescalade », a-t-il affirmé lors d’une conférence de presse à l’issue d’une réunion des chefs de la diplomatie du G7 sur la petite île italienne de Capri.
Avec S.E.
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