Le gouvernement nigérien a annoncé avoir obtenu 400 millions de dollars de son partenaire chinois, au titre d’une « avance » sur ses ventes prochaines de pétrole brut dont la commercialisation doit débuter en mai, ont rapporté le 13 avril 2024 les médias officiels nigériens. Benjamin Augé, chercheur à l’Institut français des relations internationales (Ifri), estime que cela permettrait « à ce que la junte puisse faire fonctionner son administration pendant les prochains mois, ça permettait au Bénin aussi d’avoir des rentrées fiscales et ça permettait à la Chine, qui est l’acteur principal au Niger en termes d’investissement tout secteur confondu, de rentabiliser son investissement ».
Quatre cents millions de dollars : c’est la somme que va recevoir le Niger de la Chine via sa société pétrolière CNPC (China National Petroleum Corporation). Le 12 avril 2024, la compagnie chinoise et le gouvernement de transition ont signé un accord sur la commercialisation du pétrole nigérien.
En prévision des ventes du brut, le partenaire chinois s’est engagé à verser une avance de 400 millions de dollars que le Niger devra rembourser sur un an, avec un taux d’intérêt de 7%.
Les exportations doivent débuter en mai depuis le port de Sèmè au Bénin voisin, qui en attend d’importantes retombées fiscales, alors que le Niger garde sa frontière fermée malgré la levée des sanctions que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) avait imposé en réaction au coup d’État perpétré à Niamey le 26 juillet 2023.
« La junte en avait beaucoup besoin »
« Ce qu’on voit clairement, c’est qu’à partir du moment où des enjeux financiers sont considérables pour les acteurs en présence, ils trouvent un moyen de se mettre d’accord, quelles que soient leurs divergences politiques, décrypte Benjamin Augé, chercheur à l’Institut français des relations internationales (Ifri), au micro de Sidy Yansané. Et donc, là, clairement, c’était quelque chose qui permettait à ce que la junte au Niger puisse faire fonctionner son administration pendant les prochains mois, elle en avait beaucoup besoin, ça permettait au Bénin aussi (d’avoir) des rentrées fiscales et ça permettait à la Chine, qui est l’acteur principal au Niger en termes d’investissement tout secteur confondu, de rentabiliser son investissement. Donc on avait trois acteurs qui devaient converger dans le même sens ».
Il ajoute : « D’autre part, la Cédéao, maintenant, n’a plus la même vigueur en termes de discours par rapport à la junte au Niger, du fait de leur départ officiel de la Cédéao et de la création de l’AES [Alliance des États du Sahel, NDLR]. Donc il fallait trouver un moyen de, éventuellement, leur permettre de revenir à la table des négociations pour revenir dans la Cédéao. Et donc cette question pétrolière est aussi une façon de les attirer du côté de la Cédéao. »