À Lomé, l’ensemble de partis d’opposition ont tenu conférence de presse, jeudi 11 avril, au siège de l’Alliance nationale pour le changement, après l’annonce des élections législatives le 29 avril. Car l’opposition est vent debout contre la nouvelle constitution togolaise, contre laquelle elle comptait manifester les samedi 12 et dimanche 13 avril. Mais les autorités ont interdit les manifestations. L’opposition semble prête à participer aux législatives malgré tout.
La conférence de presse s’est tenue pour une mise au point consistant à démentir les propos du ministre de l’Administration territoriale. Celui-ci invoquait, lundi 8 avril, des risques à l’ordre public et des délais d’autorisation non respectés par l’opposition. Cela justifierait, selon lui, l’interdiction à manifester.
Ces arguments ont été contestés jeudi 11 avril au matin par les membres de l’Alliance nationale pour le changement (ANC) de Jean-Pierre Fabre, des membrus du FDR, de l’Addi ou du PSR. Autant de partis d’opposition qui maintiennent donc leur appel à manifester contre la nouvelle constitution togolaise, comme l’explique Wolou Komi, du Pacte socialiste pour le renouveau :
« En réalité, il n’y a pas d’autres mots que de dire qu’il s’agit d’un véritable coup d’État, coup d’État qui est en train d’être organisé dans notre pays par l’Assemblée nationale avec la bénédiction du chef de l’État. Et face à ce coup d’État, nous ne pourrons que contester, manifester. Donc nos manifestations des 12 et 13 s’inscrivent dans le cadre, je dirais, d’un devoir constitutionnel de résister à un coup d’État, un coup d’État constitutionnel, qui est plus pernicieux même qu’un coup d’État militaire. Vous comprenez pourquoi nous poursuivons donc les manifestations les 12 et 13 ».
Une opposition participant majoritairement au scrutin
Outre l’appel à manifester, l’ensemble de l’opposition a annoncé qu’elle participerait aux élections législatives du 29 avril – à l’exception du PT de Nathaniel Olympio.
Cette consultation du corps électoral, là aussi, fait l’objet de critiques, puisque l’ANC de Jean Pierre Fabre, par exemple, a dénoncé le mépris affiché du pouvoir. Selon celui-ci, cela empêcherait l’opposition de bien s’organiser pour mener campagne.
Libération de six opposants arrêtés pendant une distribution de tracts contre la nouvelle constitution
Ces annonces et prises de position ont eu lieu alors que, mardi 9 avril au soir, six opposants incarcérés depuis le 5 avril pour troubles à l’ordre public ont été relaxés. Leurs proches ont donné l’information le lendemain, mercredi.
Au total, neuf membres de la coalition DMK – qui regroupe partis d’opposition et société civile – avaient été arrêtés alors qu’ils distribuaient des tracts sur l’illégalité de la révision de la constitution. Trois personnes incarcérées avaient déjà été relâchées. Me Elom Kpade, avocat des six opposants libérés mardi, se réjouit de cette décision.