Alors que des négociations doivent reprendre, ce dimanche 7 avril, au Caire, six mois après les attaques sanglantes du Hamas, l’armée israélienne a annoncé, ce même jour, le retrait de ses troupes du sud de la bande de Gaza.
L’armée israélienne a annoncé ce dimanche 7 avril le retrait de toutes ses troupes du sud de la bande de Gaza, y compris de Khan Younès. La 98e division a quitté l’enclave palestinienne.
La fin de fait de l’offensive terrestre israélienne dans sa forme actuelle. Désormais, est toujours déployée dans l’enclave palestinienne la 162e division et une autre brigade, principalement sur le tracé de l’axe qui coupe la bande de Gaza en deux. C’est la ligne qui empêche notamment le retour des Gazaouis du sud vers le nord.
Changement de stratégie
« Un porte-parole militaire indique dans le même temps que les troupes israéliennes se redéploient autour de la bande de Gaza », souligne notre correspondant à Jérusalem, Michel Paul. Avec une nouvelle stratégie désormais : des incursions ponctuelles basées sur des renseignements précis des services de sécurité, notamment le Shin Bet et le renseignement militaire.
« L’armée souligne qu’elle continue à se préparer à une opération dans la ville de Rafah », ajoute Michel Paul. Et que ce redéploiement n’est pas lié à des pressions politiques ou aux ultimatums en provenance des États-Unis. Mais il semble clair que cette décision ouvre la voie à un accord de trêve avec le Hamas.
Cette annonce de l’armée a été faite le jour où une série de négociations indirectes entre le Hamas et Israël via les médiateurs internationaux – États-Unis, Qatar, Égypte – doit se tenir au Caire, après des appels pressants du président américain Joe Biden à les reprendre et à trouver un accord.
« Période de repos »
Du côté de Washington, John Kirby, un porte-parole de la Maison Blanche, a estimé sur la chaîne américaine ABC qu’il s’agissait « en fait d’une période de repos et de remise en forme pour ces troupes qui sont sur le terrain depuis quatre mois, d’après ce que nous comprenons, et d’après leurs annonces publiques ».
Ilan Greilsammer, professeur de sciences politiques à l’université Bar-Ilan de Tel-Aviv, abonde dans ce sens. « Israël n’a pas renoncé à l’éradication du Hamas dans la bande de Gaza et son armée va ainsi probablement réaliser des incursions répétées dans la zone de Rafah, assure-t-il au micro de RFI. C’est une sorte de tournant tactique, certes, mais cela n’indique ni un retrait total [de l’armée israélienne] ni la fin de la guerre ».
L’universitaire ne croit pas « qu’Israël s’arrêtera avant d’éliminer en grande partie au moins les capacités du Hamas à Gaza ». Et concernant la stratégie militaire sur place, il constate que « les Américains ne veulent pas qu’Israël entre en force à Rafah » et que l’État hébreu « s’exécute dans le sens voulu par les Américains ».
Le président américain Joe Biden a évoqué pour la première fois jeudi la possibilité de conditionner son aide à Israël à des mesures « tangibles » pour améliorer la situation humanitaire et la préservation des civils à Gaza, tandis qu’en Israël, Benyamin Netanyahu fait face à des pressions accrues.
Samedi soir, une foule de manifestants à Tel-Aviv et dans d’autres villes a de nouveau réclamé sa démission et un accord sur les otages. Plus de 120 personnes sont encore retenues à Gaza, six mois jour pour jour après l’attaque sans précédent du Hamas dans l’État hébreu.
Une nouvelle étape dans une offensive qui dure depuis six mois
Les bombardements aériens et navals sur le nord de Gaza ont commencé dès le 7 octobre quelques heures après l’attaque menée par le Hamas sur le sol israélien. L’armée israélienne impose deux jours plus tard un siège complet de l’enclave.
Le 13 octobre, elle ordonne l’évacuation des civils du nord de Gaza. L’offensive terrestre débute 20 jours après l’attaque du Hamas. Le 27 octobre, des divisions israéliennes encerclent la ville de Gaza. Un mois plus tard, une trêve d’une semaine est décrétée afin de procéder à un échange entre otages israéliens et prisonniers palestiniens.
Le 2 décembre, ordre est donné aux civils de descendre plus encore vers le sud. C’est le début de l’offensive sur Khan Younes et dans le centre de l’enclave.
Le 31 décembre la plupart des divisions de réservistes sont retirées. L’armée entreprend parallèlement la construction d’une zone neutre d’un kilomètre de large, le long de la frontière.
Le 2 février, l’armée menace de poursuivre ses opérations à Rafah la ville la plus au sud de l’enclave. Depuis le 7 octobre, cette offensive terrestre est accompagnée de bombardements sur toute l’enclave d’une intensité inédite selon les observateurs de conflits internationaux.