Monde : Les femmes plus vulnérables au changement climatique que les hommes

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Partout dans le monde, les inégalités demeurent entre les femmes et les hommes, que ce soit au travail, en matière de santé ou dans le sport. Et le changement climatique accentue ce constat. Dans de nombreuses régions du monde, les femmes et les filles voient leur mode de vie bouleversé.

Chaque année, on constate « près de 37 milliards de dollars de pertes supplémentaires pour les femmes en raison de la hausse des températures et 16 milliards de dollars en raison des inondations », par rapport aux hommes. C’est le résultat d’une nouvelle étude de la FAO, l’organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture.

Ce sont en effet les femmes qui sont le plus souvent aux champs, notamment en Afrique subsaharienne (66 %) ou en Asie du Sud (71 %), et dépendent de l’agriculture pour leur survie. Or, l’agriculture subit de plein fouet le changement climatique. Dans des conditions météos extrêmes, les femmes peuvent donc rapidement perdre leurs moyens de subsistance. Dans le monde, 84,2 millions de femmes et de filles de plus que les hommes sont en insécurité alimentaire, en partie à cause du changement climatique, selon l’ONG Care.

« L’impact du changement climatique se vit tous les jours »

Dans les pays en voie de développement, ce sont aussi les femmes qui ont la charge d’aller chercher l’eau, le charbon ou le bois pour le feu. Or, ces tâches sont, là aussi, compliquées en cas de sécheresse ou d’inondation.

« Quand je vois mon champ inondé, ou bien quand je vois que la pluie s’en va avant le temps de maturité des champs, et qu’il faut faire des kilomètres pour aller à la recherche de l’eau, aller à la recherche du bois de chauffe parce que la forêt se retire… Parfois, vous ne savez pas ce que vous allez manger demain ! », témoigne Pauline Neyom Toukoua Djaba, qui cultive le maïs, le niébé ou l’arachide à Pala au Tchad. « La femme dépend des ressources naturelles qu’elle prélève tous les jours, et donc, l’impact du changement climatique, ça se vit tous les jours dans ma propre vie et celle des femmes que j’accompagne », poursuit celle qui dirige l’ONG AFAP, qui soutient les femmes et les aide à trouver d’autres revenus.

14 fois plus de risques de mourir

Le changement climatique a d’autres conséquences. D’abord, l’accès à l’éducation : quand on doit marcher des heures pour trouver de l’eau, comme en témoigne Pauline Neyom Toukoua Djaba, difficile d’aller à l’école. Quatre millions de jeunes filles de pays pauvres n’ont pas pu achever leur scolarité à cause d’événements liés au climat, selon une étude de 2021, relève Courrier international.

En cas de difficultés, les familles pauvres ont aussi plus facilement tendance à vendre ou marier leurs filles. Des chercheurs ont ainsi estimé qu’en un mois de canicule au Bangladesh, les mariages précoces augmentaient de 50%. Enfin, dans de nombreuses sociétés, les normes culturelles, religieuses et les responsabilités familiales empêchent les femmes d’émigrer, de chercher un refuge dans d’autres lieux ou de rechercher un emploi lorsqu’une catastrophe survient.

Selon les chiffres compilés par l’ONU, les femmes et les enfants risquent 14 fois plus que les hommes de mourir pendant une catastrophe climatique. Jusqu’ici, c’étaient les inégalités géographiques, entre pays riches et pays pauvres, qui attiraient l’attention. Il est urgent de s’intéresser aux discriminations de genre face au climat, souligne Courrier international.