Jusqu’à 9 355 mineurs pourraient avoir été abusés sexuellement depuis l’après-guerre au sein de l’Église protestante allemande, selon les estimations de chercheurs que l’Église avait chargé d’enquêter sur ces faits pour lesquels elle a demandé « de tout cœur pardon » ce jeudi 25 janvier.
Le rapport coordonné par l’université de Hanovre et établi par sept instituts allemands décompte 2 225 cas de violences sexuelles documentées, commis par 1 259 membres de l’Église protestante en Allemagne entre 1946 et 2020. Mais les auteurs soulignent que ce nombre n’est que le « sommet de l’iceberg », car ils n’ont pas pu étudier tous les dossiers pour cette étude commandée et financée à hauteur de 3,6 millions d’euros par l’Église protestante allemande elle-même.
Selon l’estimation de chercheurs qui ont produit cette étude de plus de 800 pages sur le sujet, jusqu’à 9 355 mineurs pourraient avoir été victimes d’actes délictuels et criminels. Harald Dressing, chercheur à l’institut central pour la santé mentale de Mannheim (ZI), avance un nombre d’auteurs potentiels qui pourrait s’établir à 3 500.
L’évêque de Hambourg, Kirsten Fehrs, qui préside actuellement le Conseil protestant en Allemagne, a demandé « de tout cœur pardon (…) aux victimes innombrables devant lesquelles l’institution s’est rendue coupable ». Reconnaissant être « bouleversée par la violence épouvantable subie par tant de personnes au sein de l’Église », elle a promis d’agir et de tirer les conséquences de cette étude : en novembre 2024 devrait être présenté un plan de mesures concrètes, après des discussions entre l’Église et des représentants de victimes.
Selon Harald Dressing, l’Église protestante allemande fait moins bien que sa cousine catholique dans l’étude des cas d’abus sexuels, qui a pourtant elle-même été très critiquée. Le chercheur pointe du doigt le manque de documents fournis pour l’étude.
Dans l’Église catholique allemande, une enquête universitaire, publiée en 2018, avait dévoilé que 3 677 enfants avaient subi des violences sexuelles perpétrées par des membres du clergé entre 1946 et 2014. Comme pour l’Église protestante, le nombre réel des victimes est jugé plus élevé, les auteurs du rapport n’ayant pas eu accès à toutes les archives de l’institution.
Si l’Église protestante a longtemps été relativement épargnée par les scandales de pédocriminalité, elle est désormais rattrapée par ce sujet : en novembre dernier, la plus haute représentante de l’institution en Allemagne, Annette Kurschus, avait dû démissionner après avoir été accusée d’avoir couvert une affaire concernant un collègue travaillant au même endroit qu’elle 25 ans plus tôt.
(Avec AFP)