La présidence Tinubu a œuvré pour faciliter la cession de la filiale nigériane de Shell au consortium dirigé par le Béninois Samuel Dossou-Aworet.
C’est un changement d’attitude radical du Nigeria quant à la vente, par les majors pétrolières, de leurs actifs situés dans le delta pétrolier du Niger. Le 16 janvier, l’anglo-néerlandais Shell a annoncé la cession de sa filiale nigériane consacrée à l’onshore, Shell Petroleum Development Company of Nigeria (SPDC), au consortium Renaissance Africa Energy Company. Ce dernier a été lancé par l’homme d’affaires béninois Samuel Dossou-Aworet (AI du 09/10/23), président de la société suisse Petrolin et de la nigériane ND Western, membres du consortium.
Le dossier est désormais entre les mains du régulateur du secteur pétrolier aval. La Nigeria Upstream Petroleum Regulatory Commission (NUPRC), dirigée par Gbenga Komolafe, ancien directeur au sein de la Nigerian National Petroleum Corp (NNPC), doit encore rendre un avis sur la transaction. Mais cette annonce est déjà un changement notable de politique de la part du président Bola Ahmed Tinubu, car le consortium de Samuel Dossou-Aworet avait toujours vu son offre retoquée par l’ancien président Muhammadu Buhari.
Capitaux propres
Un temps approché par le milliardaire Tony Elumelu (AI du 07/04/22), Samuel Dossou-Aworet – qui est par ailleurs le principal actionnaire de la junior britannique Tullow Oil – a finalement fait le choix de s’associer avec l’homme d’affaires et magnat du pétrole Ladi Jadesimi, patron d’Aradel Energy. L’entreprise nigériane First E&P, dirigée par Henry Odein Ajumogobia, ancien secrétaire d’État au pétrole (2007-2010) et ministre des affaires étrangères (2010-2011), ainsi que Petroman, du magnat Abdulrazaq Isa, complètent le quintette. Le consortium sera quant à lui dirigé par le Nigérian Tony Attah, ancien directeur de la filiale exploration et production au Nigeria de Shell.
La vente de ces 30 % de parts dans les 18 permis de la joint-venture avec la société pétrolière nationale, la NNPC (55 %), TotalEnergies (10 %) et ENI (5 %), sera réglée sur capitaux propres du consortium et en pétrole brut. Ce montant comprend, par ailleurs, 1,1 milliard de dollars de créances et soldes non perçus jusqu’à présent par la SPDC (AI du 09/12/21).
Accord à l’amiable
Cette vente, résultat de la politique plus favorable aux affaires menée par le nouveau président nigérian, doit également son existence à la fin d’une longue saga judiciaire entre le Nigeria et Shell. En novembre 2022, un accord à l’amiable avait été trouvé entre la major et l’État nigérian devant le Cirdi (tribunal arbitral de la Banque mondiale), dans une affaire de marée noire ayant touché l’État de Rivers (Sud-Est), en 1970 (AI du 08/11/22).
Signe du rétablissement des relations, le 12 décembre 2023, le président Tinubu a reçu Zoe Yujnovich, directrice gaz et upstream de Shell. Lors de cet entretien, le chef de l’État nigérian a notamment déclaré être « prêt à résoudre tous les problèmes liés aux investissements » de la major.
AI