Une fête qui vire au cauchemar. Au Nigéria, l’armée reconnaît avoir bombardé « par erreur » un village du nord-ouest du pays, causant la mort d’au moins 85 civils, dans l’État de Kaduna dimanche soir, pendant une célébration religieuse. Le président nigérian, Bola Ahmed Tinubu, ordonne ce matin l’ouverture d’une enquête
Que s’est-il passé à Tudun Biri, village de l’État de Kaduna au Nigeria ? Dimanche 3 décembre, des villageois sont rassemblés pour une fête religieuse, avant d’être bombardés, après qu’un drone de l’armée a lâché des bombes.
Le bilan du tir a largement été revu à la hausse ce mardi matin par l’Agence nationale de gestion des urgences (Nema), qui confirme un bilan donné par des habitants, de 85 habitants tués. « Le bureau de la zone nord-ouest a reçu des informations des autorités locales selon lesquelles 85 corps ont été enterrés jusqu’à présent, tandis que les recherches se poursuivent », a déclaré la Nema sur sa page Facebook. Un porte-parole a confirmé cette déclaration. L’agence parle aussi de 66 personnes hospitalisées, selon ses relais locaux.
Une « erreur » pendant une « mission de routine »
Après avoir démenti, l’armée a reconnu être à l’origine de cette frappe de drone « commise par erreur » sur le village de Tudun Biri, dans cet État du nord-ouest du pays, une zone où elle a régulièrement recours aux bombardements aériens contre les bandes armées. Des « dizaines de personnes » sont actuellement à l’hôpital pour blessures, rapporte quant à lui le ministre local de l’information, Samuel Aruwan.
« Le gouvernement de l’État de Kaduna a reçu un compte rendu au sujet de l’attaque de dimanche soir, qui a fait des morts et des blessés parmi les civils à Tudun Biri, une localité de l’État de Kaduna. L’armée nigériane a donné des détails sur les circonstances qui ont mené à cette frappe malheureuse et non intentionnelle. »
« Le major Okoro a expliqué que l’armée nigériane était en mission de routine contre les terroristes, mais que malheureusement les populations de Tudun Biri ont été touchées. Les opérations de sauvetage et de secours se poursuivent. Et des dizaines de blessés ont été évacués à l’hôpital par les autorités. Nous sommes attristés par cet événement malheureux », a expliqué le ministre lors d’un point presse à Kaduna.
Un incident récurrent
Dans un communiqué, la présidence parle d’incident « malheureux, troublant et douloureux » et appelle au calme en attendant résultats d’une investigation approfondie.
Plus qu’un incident. Depuis 2017, le cabinet de conseil SBM recense au moins 300 morts civils dans des frappes aériennes conduites par l’armée pour lutter contre les djihadistes ou les milices de bandits.
En janvier de cette année, dans l’Etat de Nasarawa, une frappe a tué 39 éleveurs. Six mois après, en juillet, l’organisation Human Rights Watch s’inquiétait de l’absence d’avancées dans l’enquête et d’éventuelles compensations pour les victimes et les familles.