Démission de Oswald Homéky : « Celui qui quitte le régime, s’expose à des intempéries», dixit le Père Aguénounon

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Dans un entretien dans le journal La Croix du Bénin, le Père Eric Aguénounon, philosophe politique et Ecrivain essayiste  s’est prononcé sur la démission de l’ex ministre des sports du gouvernement, Oswald Homéky, le 06 octobre dernier.  « Les démissions ne font pas partie de nos pratiques démocratiques » et qu’ « au Bénin et en Afrique en général, on n’est pas habitué à la démission », a-t-il déclaré.

Selon  le philosophe politique et Ecrivain essayiste, « l’acteur politique démissionne à cause des différends idéologiques, des différends méthodologiques, ou des différends et des désaccords au niveau des intérêts personnels, des désaccords au niveau des accords qui ont constitué l’alliance ou la décision de travailler ensemble ».  Il croit qu’ « on peut aussi démissionner par frustration, par sous-emploi » ou pour mieux se positionner peut-être pour les élections municipales ou législatives ou bien pour l’élection présidentielle ou encore qu’ «on peut être poussé à la démission ».

Le Père Aguénounon  informe que  « depuis que le président Patrice Talon est venu au pouvoir, on a eu deux démissions ».  Il  cite le cas des ministres Candide Azannaï et  Oswald Homéky. L’ex ministre des sports est « un ministre des Sports jeune qui fait partie de la vieille garde », explique-t-il. Vieille garde en ce que ce dernier a mobilisé l’électorat autour du candidat Patrice Talon « soit en France et ailleurs dans le monde pour que le président soit élu »  Le  Père Aguénounon pense  « surtout  qu’en politique, les rapports personnels priment sur, en réalité, les rapports étatiques et institutionnels ».

Il a par contre affirmé  qu’ « au cas où ce serait une situation où le ministre serait obligé de démissionner, cela signifie que c’est un mot d’ordre pour les autres membres du Gouvernement et tous les hauts fonctionnaires du sérail » pour selon lui «leur signifier qu’on n’est pas à la fin du mandat ».  Il a soutenu  qu’ « actuellement, il y a deux courants : le courant de ceux qui disent non, travaillons avec le chef jusqu’au bout, faisons profil bas ; et ceux qui veulent montrer comment créer un lobbying autour d’une certaine éventuelle candidature ».  « Les  uns et les autres devraient être intelligents pour savoir ce que le chef lui-même mijote » a-t-il lâché.

La démission de  l’ex ministre des sports selon lui, « ne devrait pas avoir de fortes implications ».  Le spécialiste des relations internationales a la certitude qu’Oswald Homéky est toujours dans le système et qu’il parie  que « des gens du système à ce haut degré de responsabilité ne voudront pas rejoindre l’opposition ». Dans le cas où  il y aura un tel éventuel rapprochement avec l’opposition, il  pense que cela « serait suicidaire pour Homéky ».  Il a fait savoir que l’ancien ministre des sports « a appartenu à un régime pur et dur, un régime qui est allé avec force en privant une partie des Béninois de certaines libertés politiques et civiques qu’on voit en vogue ailleurs ; en prenant les moyens les plus extrêmes pour atteindre plusieurs buts ».

Dans ce contexte selon lui, « une gouvernance au cours de laquelle il y a eu maints excès et que quelqu’un démissionne comme ça, il ne va pas rejoindre l’opposition. Il est toujours dans l’appareil et il restera jusqu’au bout ». Car déclare le philosophe politique, ce dernier a besoin de protection. le philosophe politique poursuit « celui  qui quitte le régime, il s’expose à des intempéries ». Il a révélé que Candide Azannaï est le premier à partir du Gouvernement,  mais indique- t-il dans ses propos,  celui-ci « fait des analyses mais tout en évitant d’égratigner réellement le chef de l’État ».

Il s’est quand même interrogé sur « qu’est-ce qui nous empêche de faire rentrer ceux qui sont en exil ? »  Pour lui, « est-ce qu’une meilleure gouvernance conduit à confisquer toutes les libertés politiques, civiles ? » ou bien «  est-ce qu’une meilleure gouvernance conduit à mettre en rade certaines personnes, à les exclure du développement ? ».  En définitive pour le Père Eric Aguénounon, «  aujourd’hui, nous sommes à une époque de décrispation » où « il  faut vraiment décrisper l’atmosphère politique »

Avec S.E.