(« Je suis heureux de la confiance que les Rwandais me témoignent. Je les servirai toujours, tant que je le pourrai. Oui, je suis bel et bien candidat », dit-il)
Les dates de la présidentielle et des législatives de 2024 vont être synchronisées. Le chef de l’Etat, au pouvoir depuis 1994, a été élu président en 2003 puis réélu sans interruption depuis.
Le président du Rwanda, Paul Kagame, a annoncé qu’il allait être candidat à un quatrième mandat lors de l’élection présidentielle prévue en 2024 dans ce pays de la région des Grands Lacs. « Je suis heureux de la confiance que les Rwandais me témoignent. Je les servirai toujours, tant que je le pourrai. Oui, je suis bel et bien candidat », a déclaré M. Kagame, 65 ans, au magazine francophone Jeune Afrique paru le 19 septembre. Le gouvernement rwandais a annoncé en mars qu’il allait synchroniser les dates de l’élection présidentielle et des législatives, qui doivent avoir lieu en août 2024
Kagame n’avait jusqu’à présent pas ouvertement exprimé ses intentions, mais il a procédé à des amendements constitutionnels controversés qui lui ont permis d’obtenir un troisième mandat et pourraient lui permettre de gouverner jusqu’en 2034. Ancien chef rebelle, Paul Kagame est le dirigeant de facto du pays depuis la fin du génocide de 1994. Il a été reconduit au pouvoir, avec plus de 90 % des voix, lors des élections de 2003, 2010 et 2017. Jusqu’à présent, seul le chef du Parti vert de l’opposition, Frank Habineza, avait annoncé sa candidature pour 2024.
L’annonce du président sortant de se représenter « n’est pas une surprise », a-t-il déclaré à l’AFP. « Nous n’avons pas peur de lui, nous améliorons notre organisation en tant que parti politique pour mener une meilleure campagne qu’en 2017. Nous sommes confiants », a-t-il ajouté : « La démocratie est un combat, c’est pourquoi nous continuerons à lutter démocratiquement pour l’espace politique et la démocratie, l’Etat de droit et les droits humains au Rwanda. »
«Prisonniers dans leur propre pays»
Le Rwanda se présente comme l’un des pays les plus stables du continent africain, mais plusieurs groupes de défense des droits humains accusent Paul Kagame de gouverner dans un climat de peur, étouffant la dissidence et la liberté d’expression.
En 2021, Paul Rusesabagina, héros du film Hôtel Rwanda et critique virulent de Kagame, avait été condamné à vingt-cinq ans de prison pour « terrorisme », après son arrestation l’année précédente dans des circonstances troubles.
Rusesabagina, qui vivait depuis 1996 en exil aux Etats-Unis et en Belgique, avait été arrêté à Kigali, à la descente d’un avion qu’il pensait à destination du Burundi. Sa famille a qualifié cette opération d’enlèvement. Le gouvernement rwandais avait affirmé que l’arrestation était « légale », admettant avoir « facilité »le transport de M. Rusesabagina en finançant cette opération. Libéré de prison en mars 2023 et renvoyé aux Etats-Unis après une grâce présidentielle, Paul Rusesabagina a publié un message vidéo en juillet, affirmant que les Rwandais étaient « prisonniers dans leur propre pays ».
Le Rwanda est classé 131e (sur 180 pays) au classement mondial de la liberté de la presse 2023 établi par Reporters sans frontières.
Interrogé en juillet 2022 sur France 24 sur sa candidature à un nouveau mandat, Paul Kagame avait répondu : « J’envisage de me présenter pour vingt ans de plus, je n’ai aucun problème avec ça. Les élections sont l’occasion pour les gens de choisir. »
Kagame n’avait que 36 ans lorsque son parti, le Front patriotique rwandais, a chassé du pouvoir les extrémistes hutu, accusés d’être responsables du génocide durant lequel quelque 800 000 personnes, principalement des Tutsi mais aussi des Hutu modérés, ont été assassinées entre avril et juillet 1994.
Avec Le Monde & AFP