Niger : Sommet extraordinaire des dirigeants des pays de la Cédéao jeudi à Abuja

Afrique

Les dirigeants de la Cédéao se réuniront jeudi à Abuja pour un « sommet extraordinaire » sur le Niger, a annoncé lundi l’organisation ouest-africaine, au lendemain de l’expiration de son ultimatum aux putschistes exigeant le rétablissement du président nigérien déchu.

« Les dirigeants de l’organisation ouest-africaine se pencheront sur la situation politique et les récents développements au Niger », selon le communiqué de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), qui avait menacé d’un possible usage de la force si le président Mohamed Bazoum n’était pas rétabli dans ses fonctions d’ici dimanche.

Le sommet aura lieu à Abuja, capitale du Nigeria dirigé par Bola Tinubu, président en exercice de l’organisation régionale. Selon une source proche de la Cédéao, une intervention n’est pas envisagée à ce stade.

Lors d’une interview accordée à la chaîne TV5 Monde, le Premier ministre nigérien Ouhoumoudou Mahamadou affirme que « la junte militaire a demandé à la délégation de la Cédéao de revenir » à Niamey.

Menaces d’intervention

La Cédéao avait auparavant indiqué qu’elle publierait un communiqué pour annoncer la prochaine étape de sa réponse au coup d’Etat au Niger, le septième en Afrique occidentale et centrale en trois ans.

Les chefs d’état-major de la région avaient même dessiné les « contours » de cette éventuelle intervention, mais elle n’a pas été déclenchée à l’issue de l’ultimatum, qui s’est achevé dimanche à 22H00 GMT.

La Cédéao a adopté un ton très ferme face à la junte qui a pris le pouvoir au Niger, un pays jugé important aussi pour les Etats-Unis, l’Europe, la Chine et la Russie au vu de ses richesses en pétrole et en uranium et du rôle central qu’il joue dans le conflit avec l’insurrection islamiste armée dans la région du Sahel.

Craintes d’un nouveau conflit

L’ultimatum de la Cédéao fait redouter l’émergence d’un nouveau conflit dans une région déjà aux prises à une crise alimentaire et à une insurrection qui a fait des milliers de morts et forcé des millions de personnes à fuir.

Lundi, le ministre italien des Affaires étrangères Antonio Tajani a appelé dans un entretien au journal La Stampa la Cédéao à prolonger la date butoir de son ultimatum.

L’Allemagne se dit également favorable à une solution négociée. Même si l’ultimatum de la Cédéao a expiré dimanche soir, « les discussions de médiation se poursuivent » avec les militaires qui ont pris le pouvoir à Niamey, a assuré un porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères.

Une haute responsable de la diplomatie américaine, Victoria Nuland, a déclaré avoir rencontré à Niamey les auteurs du coup d’Etat au Niger, pour des discussions qui n’ont pas permis de solution négociée. « Ces discussions ont été extrêmement franches et par moment assez difficiles », a déclaré à la presse par téléphone Victoria Nuland, selon qui les militaires qui ont pris le pouvoir à Niamey sont conscients des « risques » d’une alliance avec la Russie.

La fermeture de l’espace aérien par les militaires complique certaines dessertes aériennes en Afrique

Peu après la fermeture de l’espace aérien nigérien , « jusqu’à nouvel ordre », plusieurs appareils en vol ont dû immédiatement se dérouter.

Des vols depuis Libreville, Douala, Kinshasa et Cotonou à destination de Paris ont dû revenir à leur point de départ pour reprendre du carburant en prévision d’un trajet rallongé de façon à pouvoir contourner l’immense territoire nigérien.

Un autre vol reliant Nairobi à Paris a dû être dérouté sur Casablanca au Maroc, un vol venant de Johannesburg à destination de la capitale française être redirigé vers Abidjan en Côte d’Ivoire, là aussi pour compléter le plein de kérosène.

Les compagnies européennes aussi touchées

Un vol Johannesburg-Amsterdam de KLM a dû être dérouté sur Athènes, tandis qu’un autre de Virgin Airways parti de la capitale économique sud-africaine a dû se poser à Lagos pour refaire le plein.

Un vol British Airways parti de l’Ile Maurice à destination de Londres a dû faire demi-tour au-dessus de la Centrafrique en apprenant la fermeture de l’espace aérien nigérien.

Swiss et Edelweiss font un détour

Swiss a adapté l’itinéraire de son vol aller-retour entre Zurich et Johannesburg (Afrique du Sud) après la fermeture de l’espace aérien au Niger. Les vols de dimanche ont été effectués via le Mali. La durée du vol a ainsi été prolongée d’une heure. Les vols de la compagnie Edelweiss vers la Tanzanie doivent aussi faire un détour.

Air France, principale compagnie aérienne entre l’Europe et l’Afrique, « ne desservira plus l’aéroport de Niamey-Diori Hamani jusqu’à nouvel ordre ». La compagnie française effectuait quatre vols par semaine vers la capitale nigérienne.

Air France indique en outre avoir suspendu ses vols à destination de Bamako (7 vols par semaines) et Ouagadougou (5 vols par semaines) « jusqu’au 11 août inclus ».