Le soutien apporté par le directeur général de la police à la mobilisation contre l’incarcération d’un agent de la BAC de Marseille dans le cadre d’une enquête sur des violences policières a suscité lundi 24 juillet 2023 l’indignation des magistrats et de la classe politique, poussant l’exécutif à réagir.
Des propos « scandaleux » et « gravissimes »… Les deux principaux syndicats de magistrats n’ont pas mâché leurs mots après les propos du directeur de la police nationale (DGPN), Frédéric Veaux, qui estime « que la place d’un policier n’est pas en prison ». Le syndicat de la magistrature y voit même une atteinte à l’indépendance de l’institution judiciaire. Le directeur de la police, étant sous la tutelle du ministre de l’Intérieur, n’a pas à faire pression sur la justice, souligne le syndicat. L’union syndicale des magistrats dit attendre une réaction au plus haut niveau de l’État et rappelle que le placement en détention provisoire est une décision de justice qui ne présume en rien de la culpabilité d’un individu.
De son côté, le président du tribunal de Marseille, dans un communiqué, souligne que l’indépendance de la justice est un principe constitutionnel et que chacun doit garantir la sérénité du cours de l’enquête.
Un policier soupçonné d’avoir roué de coups un homme
Ce policier est soupçonné d’avoir roué de coups un homme de 21 ans dans la nuit du 1er au 2 juillet. Il conteste son placement en détention provisoire et son appel sera examiné le 3 août, a annoncé la cour d’appel d’Aix-en-Provence, rappelant au passage le principe de séparation des pouvoirs.
« Avant un éventuel procès, un policier n’a pas sa place en prison, même s’il a pu commettre des fautes ou des erreurs graves dans le cadre de son travail », avait dit dimanche Frédéric Veaux dans un entretien au Parisien, ajoutant : « Le savoir en prison m’empêche de dormir ». Un autre très haut cadre, le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez et ex-préfet de police des Bouches-de-Rhône, a dit « partage(r) les propos du DGPN »
Face à ces déclarations, le Conseil supérieur de la magistrature (CSM), garant de l’indépendance de la justice, a tenu à faire une « mise au point » rappelant que la justice est « seule légitime pour décider du placement ou non en détention provisoire des personnes qui lui sont présentées ».
Réactions aussi dans la classe politique
L’indignation a gagné la classe politique, notamment les rangs de la Nupes. Le leader des Insoumis, Jean-Luc Mélenchon, a appelé sur son blog « au respect des institutions républicaines les policiers entrés en sécession factieuse ». Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, a demandé une réunion du parlement « en urgence », regrettant que « toute la hiérarchie policière se place au-dessus de la justice ». Côté majorité, le député Karl Olive s’est dit « interpellé » par le fait que le policier soit incarcéré, estimant qu’il ne s’agit pas « d’un voyou », avant de rappeler l’importance de la « séparation des pouvoirs ».