Le décret adopté mardi par le conseil du gouvernement malgache portant à 200 millions d’ariarys (un peu plus de 39 000 euros) la somme dont les candidats devront s’acquitter pour pouvoir se présenter à l’élection présidentielle suscite de nombreuses critiques.
Si certains estiment que cette somme permet d’éviter les candidatures « farfelues », d’autres dénoncent une somme « exorbitante » qui exclut d’office de nombreux candidats potentiels. 200 millions d’ariarys (presque 40 000 euros), c’est quatre fois plus que lors de la précédente présidentielle de 2018 lors de laquelle 36 candidats étaient en lice. Un montant qui n’avait pas été révisé depuis dix ans, indique le compte rendu du conseil du gouvernement.
« En 2018, je trouvais déjà que c’était une somme faramineuse, mais là, c’est pour moi anti-républicain puisque la définition de la République, c’est justement l’égalité des chances de tous les citoyens, dénonce Eliana Bezaza, la secrétaire nationale du PSD et ancienne candidate à la présidentielle de 2018. Nous sommes dans un pays très pauvre. Donc quand on parle de 200 millions d’ariarys pour ça, il y a un très profond déséquilibre. Même les candidats qui avaient les moyens de payer les 50 millions d’avant, je pense que maintenant, ils auraient des problèmes. Il faut vraiment être très riche pour pouvoir donner cette caution. »
« En dix ans, il y a eu des hausses assez conséquentes des coûts d’impression des bulletins uniques », a expliqué la porte-parole du gouvernement et Ministre de la Communication et de la Culture, Lalatiana Rakotondrazafy. La caution est une contribution du candidat à ces frais. « Il est normal qu’il y ait eu une révision à la hausse », a-t-elle précisé. Cette contribution est remboursée pour les candidats qui obtiennent au moins 10% des suffrages.
« Cette révision à 200 millions d’ariarys ne respecte pas la loi »
L’ancien chef de l’État et fondateur du parti TIM, Marc Ravalomanana, qui a déjà annoncé sa candidature en début de mois, a aussi réagi dans une vidéo publiée sur page Facebook : « La caution devrait être la même que celle de la précédente élection. Cette révision à 200 millions d’ariarys ne respecte pas la loi. Nous sommes clairs, nous demandons la tenue de l’élection, mais nous n’acceptons pas les violations de la loi, ni les fraudes et les mauvaises intentions. C’est à la Ceni de prendre ses responsabilités pour une élection fiable, transparente et inclusive. »
L’ancien président fait référence à la loi organique 2018-009 relative à l’élection présidentielle qui dispose « qu’en cas d’élections anticipées, le montant de la dernière contribution est maintenu ». Le premier tour de l’élection présidentielle est avancé de dix jours. L’élection se tiendra le 9 novembre pour le 1er tour et le 20 décembre pour un éventuel second tour.
Une loi qui indique aussi que le montant de la contribution des candidats « est fixé par un décret pris en Conseil de gouvernement sur proposition de la Commission électorale nationale indépendante. » Contacté, le président de la Ceni a indiqué ne pas souhaiter réagir pour le moment.