Les 60 députés ayant voté pour la recevabilité du projet de révision de la Constitution du 11 décembre 1990 le mardi 4 avril au parlement décident de réintroduire le dossier. Ils ont fait une déclaration ce mardi 11 avril au parlement, une semaine après le rejet. Lire la déclaration.
DECLARATION DES 60 DEPUTES LUE PAR l’honorable Natondé Aké
Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale,
Honorables députés, chers collègues, Mesdames, Messieurs,
Le mardi 4 Avril 2017, à la fin d’un débat vigoureux mais éminemment démocratique, notre Assemblée Nationale a procédé à un vote qui figurera sans aucun doute en lettres d’or dans les annales de notre histoire constitutionnelle.
Invité à se prononcer sur la prise en considération du projet de révision de la constitution du 11 Décembre 1990 introduit par le Président de la République, notre parlement a refusé la prise en considération parce que, malgré soixante (60) votes favorables sur quatre-vingt-trois (83), vingt-deux (22) députés ont répondu NON et un (01) s’est abstenu.
Ainsi, conformément à notre constitution, ces vingt-trois (23) députés ont empêché d’atteindre la majorité des trois quarts qu’exige notre loi fondamentale qui a fait de la notion de consensus un principe à valeur quasi biblique.
Nous, groupe des soixante (60) députés ayant émis le 4 Avril 2017 un vote positif, tenons à dire solennellement à notre peuple, à l’Afrique tout entière et au monde, que nous regrettons profondément d’avoir râté par le fait de nos vingt-trois (23) collègues, l’occasion exceptionnelle qui nous était offerte de procéder à une mise à jour de notre loi fondamentale. Malgré nos interrogations et nos doutes, nous ne questionnerons pas ici les motivations réelles de ces vingt-trois (23) députés, dont certains, parmi les plus importants, avaient adopté en commission, avec enthousiasme, le rapport qui recommandait à la plénière d’autoriser la prise en considération du projet gouvernemental. En effet, à la commission des lois, un (01) seul avait dit non à ce rapport.
Nous renonçons également à rechercher pourquoi, au nombre des vingt-trois (23) députés, quelques-uns avaient assuré leur groupe parlementaire qu’ils voteraient pour la prise en considération du projet. Certains d’entre eux sont même allés jusqu’à affirmer cette conviction dans le débat général, juste quelques minutes avant d’aller à la tribune faire exactement le contraire de ce qu’ils venaient de dire. Nous n’avons pas besoin de donner à ceux-ci un cours d’éthique ou de déontologie parlementaire.
Nous savons depuis longtemps que certaines télécommandes sont particulièrement puissantes, voire pour certains, irrésistibles. Mais il est temps de mettre fin à certaines déclarations tendancieuses qui n’honorent ni notre parlement, ni leurs auteurs, et qui, au demeurant, n’atteindront certainement pas les objectifs électoralistes qui les ont poussés à planifier et à exécuter leurs actes répréhensibles. Notre peuple est mûr, et c’est un gardien plus vigilant qu’on ne le croit.
C’est ce peuple que nous, du groupe des soixante (60) députés, prétendons servir, et pas un homme, ou un régime, ou encore moins d’autres intérêts inavoués.
Tous les députés béninois savent très bien que notre constitution a aujourd’hui besoin d’être rafraîchie.
Nous savons bien que le dilemme formulé comme suit : « ou bien donner à manger au peuple qui a faim, ou bien réviser la constitution », est une manipulation honteuse de l’opinion publique et du peuple. Car nous savons tous que, pour qu’un pays soit bien géré, il faut qu’il ait de bonnes institutions, et qu’il les fasse fonctionner correctement. Nous autres, du groupe des soixante (60) députés, nous voulions nous saisir du projet gouvernemental :
Pour l’amender, le transformer, en faire un document consensuel ;Pour permettre l’abolition de la peine de mort dans notre pays, ici et maintenant !Pour permettre à la Haute Cour de Justice de fonctionner effectivement afin de réduire la corruption et combattre plus efficacement l’impunité ;Pour permettre un financement public conséquent de l’activité politique et des partis politiques, réduire ainsi drastiquement l’influence des « télécommandes », néfaste à toute bonne pratique démocratique ;Pour permettre aux femmes de ce pays, majoritaires dans notre société, d’être, enfin mieux représentées, et ce, dès 2019, à l’Assemblée Nationale.
Tout cela était possible, Le Président de la République avait donné feu vert à tous les amendements, il avait d’office accepté que les députés jouent entièrement leur rôle. Il avait donc ainsi accepté tous les amendements qu’adopterait l’Assemblée Nationale.
Cela, nous le savions tous. Et pourtant, ce sont les considérations politiciennes, les calculs étroitement partisans et quelques considérations obscures qui ont prévalu et qui ont fait échouer le projet.
C’est dommage !
Mais, ce n’est que partie remise. Parce que nous demeurons déterminés et mobilisés autour de ces enjeux nationaux et patriotiques majeurs, et nous continuerons de conjuguer nos efforts à cette fin.
Notre espoir aujourd’hui, et notre appel sincère, est que tous les patriotes de ce pays, tous les démocrates, tous les députés à l’Assemblée Nationale, se rassemblent rapidement autour des intérêts majeurs du Bénin, qu’ils consolident notre démocratie en rénovant notre système politique pour mieux gérer le pays.
En 1990, nous avons allumé en Afrique une flamme qui brille encore, qui brillera toujours !
Aujourd’hui, nous pouvons faire mieux encore.
Nous pouvons étonner le monde.
Enfants du Bénin, debout !
Vive la Démocratie !
Vive le Bénin !!!
Ont signé :
– ABIMBOLA Jean-Michel
– ALLADATIN Orden
– ADOMAHOU Jérémie
– AGBELESSESSI C. Alexis
– AGBODJETE H. Justin–
AGONKAN Gildas Habib
– AGOUA Edmond–
AGUEMON Badirou
– AHIVOHOZIN Norbert
– AHONOUKOUN Tossou Marcellin
– AHOUANVOEBLA Augustin
– AKE Natondé
– AKISSOE Houédougbé Noël
– AKOTEGNON Raphaël
– AMOUSSOU A. M. Bruno
– BAGOUDOU Z. Adam
– BAKO ARIFARI Nassirou
– BAGANA Gilbert
– CHABI KATOTCHA Maurice
– DAGNIHO Rosine
– DEGBEY Kuadjo Jocelyn
– DEGLA A. Benoît
– DJIMA K. Adolphe
– DONWAHOUE Yétonvè Janvier
– ESSOU Noudokpo Pascal–
GBADAMASSI Rachidi
– GBAHOUNGBA David
– GBAMIGBADE Joseph
– GBENONCHI Gerard
– GBENOU Paulin
– GBIAN Robert
– GOUNOU Salifou Abdoulaye–
HOUANGNI Parfait
– HOUDE Aditi Valentin
– HOUDEGBE Octave Cossi
– HOUNDETE Eric
– HOUNGBEDJI Adrien
– HOUNGNIBO Lucien
– IDJI Kolawolé
– KASSA D. Barthélémy
– KATE Sabaï–
KORA GOUNOU Zimé
– NAGO Coffi Mathurin
– NOBIME Agbodranfo C. Patrice
– N’OUEMOU Domitien
– OKOUNDE Jean Eudes Kotchikpa
– OKOUNLOLA Biaou Akambi
– PADONOU Corneille
PRUDENCIO Claudine
– SADO Nazaire
–SANNI Yibatou épse GLELE
– SOSSOU Dakpè
TCHOBO Valère
TOGNI Cyprien
VLAVONOU Louis
YAHOUEDEOU François Janvier
YEHOUETOME Boniface
YOUSSOUFOU A. Bida N
ZINSOU Edmond
ZOUMAROU W. B. Mamoudou.