Reçu par Reporter Bénin Monde, El Hadj Malehossou invite les députés de l’opposition et ceux de la mouvance à rester ensemble. Leur unité d’actions permettra à «nos frères et sœurs qui sont en prison et ceux qui sont en exil de retrouver la liberté», dit-il.
Journaliste : Ancien député, responsable de plusieurs associations politiques de notre pays le Bénin, vous êtes. Mon invité du jour, mesdames et messieurs, est EL HADJ MALEHOSSOU, président de la Fondation Malehossou, médiateur de l’Union islamique du Bénin, bonjour et bienvenu
EL Hadj Malehossou : Bonjour
Comment allez-vous ?
EL Hadj Malehossou : Je rends grâce à Dieu
On vous voit, EL HADJ MALEHOSSOU sur plusieurs fronts et finalement on ne sait plus exactement les objectifs de la Fondation que vous présidez. On vous voit très impliqué dans la politique, dans ci et dans ça. Quels sont les objectifs réels de la Fondation Malehossou ?
La Fondation Malehossou a été créée depuis 2004 et notre objectif, c’est de prôner la paix. C’est différent des autres associations. Nous prônons la paix, l’amour et le développement. S’il n’y a pas la paix, je crois qu’il ne peut pas avoir le développement. C’est pourquoi tous les trois sont ensembles. Tout le monde le sait. La Fondation est composée de presque tous les Imams du Bénin parce-que ce sont les imams qui coiffent les musulmans. La majorité d’eux est membres d’honneur de la fondation Malehossou.
On vous voit très actif sur l’actualité politique. Comment est-ce que vous pouvez être responsable et président d’une fondation qui est autant impliqué dans la politique ? Parce-que après on a du mal à l’accepter dans l’opinion.
C’est un choix. Sans vous mentir, j’étais politicien, j’ai fait deux mandats à l’Assemblée nationale. C’est en 2015 que j’ai décidé de me retirer. En 2011, quand j’ai démarré mon second mandat, j’ai pris la parole devant tous les collègues pour leur dire que c’est mon dernier mandat. Les gens ont commencé par crier mais je leur ai dit que ce n’est pas que je vais mourir, je ne veux plus faire un troisième mandat. Les gens ont demandé à savoir pourquoi. Mais pour moi, je suis un musulman pratiquant. Si tu es député, tu dois être opposant ou mouvancier. J’ai essayé de tenir pendant huit ans mais vraiment j’ai eu chaud. J’ai eu chaud parce-que parfois je sens que je suis en train de dévier. On nous dit dans le coran sourate 4 verset 59, Dieu a été clair. «Oh vous les croyants, obéissez aux prophètes, obéissez à vos parents et obéissez à ceux à qui j’ai donné le pouvoir parmi vous».
Puisque vous vous êtes distancez un peu de la chose politique en tant que personnalité politique très active, quel rôle jouez-vous fondamentalement ?
Aujourd’hui je discute avec tout le monde. Je discute avec les opposants et je discute avec les mouvanciers. Pour moi, si nous restons ensemble, nous pouvons bâtir ce pays or la politique ce n’est pas ça. Celui qui est opposant veut prendre le pouvoir demain. Celui qui a le pouvoir cherche à rester là pendant longtemps. C’est la différence. Moi j’ai choisi de rester au milieu.
Les gens ont aujourd’hui du mal à vous faire confiance lorsque vous faites le choix de rester au milieu de cette manière. Est-ce que l’opposition vous fait confiance et est-ce que la mouvance vous fait confiance ?
Ah oui ! je discute avec les responsables de l’opposition et je discute avec les responsables de la mouvance. Pour moi, c’est de prôner la paix. L’opposition est dans son rôle… Mais, il ne faut pas soulever les gens contre le pouvoir.
Est-ce qu’il vous est arrivé, El Hadj Malehossou de prendre l’avis de l’opposition, d’aller porter ça à la mouvance et ainsi de suite pour calmer les ardeurs ?
Oui, il y a beaucoup de cas. Si je peux donner d’exemple, nos frères qui sont en exil, ceux qui sont en prison, j’ai des parents dedans, j’ai des amis dedans. Nous sommes allés rencontrer le chef de l’Etat pour plaider leur cas, pour lui demander de les pardonner. Le chef de l’Etat nous a dit qu’il est ouvert. Il a dit que ce que nous avons fait c’est normal, que si les gens veulent le pardon, il n’y a pas de problème. Si je suis en faute et moi-même je n’arrive pas à faire un effort envers celui qui tient le pouvoir, c’est un peu difficile. Nous, on est en train de faire ce que nous pouvons. Ceux qui sont en prison et ceux qui sont en exil, qu’est-ce qu’ils sont en train de faire ? C’est la question que je me pose. C’est une question d’humilité. Si par exemple, les députés de l’opposition et ceux de la mouvance se mettent ensemble, je crois qu’ils peuvent demander quelque chose au Chef de l’Etat et il ne va pas refuser.
Ça parle détenus et exilés politiques depuis un bon moment, qu’est-ce que vous avez fait de façon concrète pour que l’opposition et la mouvance trouvent un terrain d’entente ?
Comme vous-même vous le savez, la politique est un peu compliquée. Nous, on leur demande de rester ensemble. Nous discutons avec les opposants et nous leur disons de mettre la balle à terre. Si nous voulons quelque chose, nous n’avons pas besoin d’aller avec la force. Depuis qu’ils sont maintenant à l’hémicycle, on sent que quelque chose a changé dans le pays. On sent que l’Assemblée nationale n’est plus monocolore, c’est ce que nous voulons. Mais ce que nous voulons de plus, c’est qu’ils sachent qu’ils sont minoritaires et qu’ils essayent de se rapprocher des autres de la majorité pour leur dire restons ensemble pour que ceux qui sont en prison et ceux qui sont en exil soient libérés. Ce que je veux, c’est qu’ils se rapprochent des autres.
Comment est-ce que vous voulez convaincre le camp adverse avec votre bonne foi chaque fois en louangeant la mouvance, parce-que quand vous effectuez vos sorties, vous ne faites qu’encourager ci ou ça et chaque fois demander à l’opposition de ramener la balle à terre ? Comment est-ce que vos interlocuteurs vous écouteront et vous feront-ils confiance dans ce rôle que vous avez pris ?
Je suis musulman et ce qu’on nous a appris dans le coran, si tu veux avoir quelque chose chez quelqu’un, il faut se rapprocher de lui. Il faut vraiment démontrer qu’il est supérieur à toi. Il faut le féliciter pour ce qu’il est en train de faire. Mais il y a des choses que nous reprochons au gouvernement et nous ne disons pas cela en public.
Et pourquoi vous ne le dites pas en public ?
Le coran l’interdit. Le coran a été clair en disant «obéissez à ceux d’entre vous à qui j’ai donné le pouvoir». Bien vrai, les opposants ne peuvent pas être d’accord avec moi. J’ai été opposant et mouvancier dans ce pays. Pour moi, si tu es avec quelqu’un et ce qu’il fait est bon, il faut le féliciter. Mais si c’est mauvais, tu n’as pas besoin de dire cela publiquement. C’est la réalité ça et c’est ce que nous faisons. Si je ne vous disais pas que nous avons rencontré le Chef de l’Etat sur la question des exilés et prisonniers politiques, vous ne pourrez pas être au courant.
Quand vous l’avez rencontré, qu’est-ce qui a été dit ?
Le président a été d’accord avec nous. Il a dit chers imams nous allons réfléchir.
Est-ce que vous avez essayé de mener des actions pour lui mettre la pression ?
Nous ne sommes jamais restés tranquilles. Chaque fois, nous le lui rappelons. Maintenant, c’est les députés aussi. On a déjà rencontré quelques responsables de la mouvance et bientôt nous allons rencontrer ceux de l’ opposition pour leur dire que si vraiment ils peuvent rester ensemble pour demander au chef de l’Etat, il va accepter.
Parlant de l’autre phénomène qu’est le terrorisme, à tort ou à raison, on tisse un lien avec les musulmans. Que pensez-vous de ce lien qui est établi avec la communauté musulmane ?
Je suis musulman (..). Dieu n’a jamais dit de tuer, c’est interdit. Si Dieu avait accepté qu’on tue, il allait laisser Abraham tuer son fils Isaac (…) En ce qui nous concerne, nous avons organisé des tournées dans le septentrion. On s’est déplacé avec plus de 500 corans qu’on a distribués à ceux qui savent lire. Je parle de nos imams. On leur a dit de lire le coran et de prier pour que ces gens-là soient boutés de notre territoire. En dehors de cela, nous avons rencontré les jeunes pour leur donner des conseils. Plusieurs jeunes musulmans nous ont confié qu’ils ont refusé l’invitation de ces personnes non identifiées. Par contre, d’autres ont accepté et certains sont présentement à Missérété. Beaucoup de jeunes nous ont dit qu’il faut leur trouver de travail pour les empêcher de suivre ceux-là. La Fondation Malehossou est en train de courir. Car, il semble que tous ceux qu’on arrête ne sont pas des terroristes. Beaucoup ont été embarqués parce qu’ ils circulaient, seùble-t-il, la nuit sans leur carte d’identité. Le chef de l’Etat aurait donné des instructions pour qu’on fouille bien pour savoir qui est qui.
Quel type de relation vous entretenez avec les autres communautés religieuses ?
Nous sommes avec tous les autres religieux, toute tendance confondue. Par exemple, si nous voulons tenir des conférences de presse on a l’habitude d’inviter d’autres religieux pour leur demander ce que nous allons faire pour que la paix règne. Chez nous au Bénin les religieux sont ensemble.
Que dites-vous sur la question de la corruption aujourd’hui au Bénin ?
La corruption existait il y a longtemps et personne ne savait qui est qui. Mais aujourd’hui, quand quelqu’un la pratique on le dit publiquement grâce au dispositif mis en place par la Criet. C’est vraiment à encourager. Il y a corruption et il y en aura. Le gouvernement actuel fait tout pour qu’on sache réellement ceux qui sont en train de détourner. Le président Talon n’a pas de parent, no d’ami. Ceux qui seront impliqués dans la corruption vont subir la rigueur de la loi.
En tant qu’acteur politique, quelle est votre lecture de cette vague de suscitation de la candidature de monsieur Olivier Boco à trois ans de la présidentielle prochaine ?
(…)Tu ne peux pas voir Olivier Boco en public, dans les manifestations. (…)La question, c’est de savoir si ces gens ont pris son avis. Beaucoup de jeunes sont venus me voir pour dire Aladji, «nous voulons travailler pour Olivier Boco». Je leur ai demandé si c’est lui-même qui leur a demandé de faire ça. Mais ils ont répondu «Non». (…)
Quand vous avez discuté avec Olivier Boco, est-ce qu’il vous a dit qu’il est impliqué dans cette suscitation de sa candidature ?
Les gens lui ont envoyé une lettre pour dire nous voulons que tu sois candidat en 2026. C’est quand j’ai eu copie de la lettre et après mes démarches que j’ai compris que Olivier Boco n’a pas demandé à quelqu’un de susciter sa candidature.
Est-ce que vous réfléchissez sur le social des Béninois dans votre fondation ?
Vous-même vous savez ce qui se passe actuellement dans le pays. Il n’y a pas de travail, certes, mais au même moment nous devons savoir qu’il y a une grande implantation industrielle déjà fonctionnelle à Glo-Djigbé. Avec ça, les jeunes auront vraiment du travail.
Votre mot de fin, El Hadj Malehossou
Je demande aux députés de l’opposition et ceux de la mouvance de rester ensemble. Avec ça nos frères et sœurs qui sont en prison et ceux qui sont en exil pourraient retrouver la liberté.
Source : Reporter Bénin Monde
Transcription : F. KOUWAFIN