« Législation actuelle du travail au Bénin : opportunité ou menace pour les droits fondamentaux du travailleur ? », C’est le thème retenu par l’Union nationale du syndicat des travailleurs du Bénin UNSTB ce lundi 1er mai 2023 à la Bourse du travail à Cotonou.
A l’entame de la célébration de la journée internationale du travail à l’UNSTB, le secrétaire général Apollinaire Afféwé a reconnu le changement de stratégie en matière de lutte syndicale sous le gouvernement du président Patrice Talon face aux différentes lois votées pour révolutionner l’environnement du travail. Il a expliqué que les marches de protestation n’émeuvent point le pouvoir de la rupture et qu’il faille travailler pour éclairer les uns et les autres sur les avantages et menaces issus des nouvelles lois qui encadrent le travail en République du Bénin. Il a laissé entendre que les lois en vigueur ne sont pas que scélérates et qu’il convient de mettre tous les travailleurs au même niveau d’information sur les risques à mener une lutte aveugle à l’heure du nouveau départ.
Pour y parvenir, le Sg Afféwe a fait appel à un docteur en droit du travail, inspecteur du travail à la direction générale du travail et consultant dans le domaine. Dans sa communication, le docteur Afoudjou a reconnu le mérite du gouvernement Talon qui a toiletté à son avantage les textes qui régissent le travail au Bénin. Parmi l’armada des textes, deux ont retenu son attention notamment la loi 2017-05 du 29 août 2017 portant droit d’embauche au Bénin et la Loi N° 2018-35 du 05 octobre 2018 modifiant et complétant la loi n° 2015-18 du 1er septembre 2017 portant statut général de la fonction publique. Ces lois, selon le consultant, ont contribué à museler les syndicalistes car avant d’être syndicaliste il faut être travailleur et ces lois donnent la force à l’employeur de supprimer le travail à tout moment dans l’esprit de l’application de l’article 30 d’une des lois qui permet de licencier abusivement en payant 9 mois de salaire comme dommage et intérêts. C’est dans cette dynamique que deux travailleurs ont été licenciés pour 12 minutes de retard au travail, leurs droits ont été payés. Les menaces sont nombreuses, précise le communicateur notamment la précarité du travail, la modification du contrat de travail , le plafonnement des dommages et intérêts, les restrictions du droit de grève, la fragilisation des syndicats avec la suppression des grèves de solidarité. A cela, il faut ajouter le renouvellement indéfini du contrat à durée déterminée CDD , autant de dispositions qui méritent un changement radical de fusils d’épaule en matière de lutte syndicale. Toutefois les lois incriminées ont l’avantage du bannissement du travail au noir ce qui contraint tous les employeurs à déclarer les travailleurs à la caisse nationale de sécurité sociale et à leur souscrire une assurance maladie fixée à 5.000f CFA mensuelle dans le cadre du projet ARCH Assurance pour la réhabilitation du capital humain par le gouvernement.
Adrien HOUNVENOU