La chambre des comptes de la Cour suprême a rendu en mars 2023 son troisième audit sur la gestion du Fonds spécial de solidarité nationale pour la lutte contre le coronavirus et ses répercussions économiques et sociales, doté de 180 milliards de francs CFA pour faire face à la pandémie. Quelle suite aura-t-il ?
Comme les deux précédents rapports qui concernaient l’année 2020, le document qui, cette fois, porte sur l’exercice 2021, n’a pas été présenté au public officiellement, mais diffusé sur les réseaux sociaux depuis le début de ce mois d’avril. Les magistrats y écrivent noir sur blanc que, en 2021 encore, « la gestion du fonds spécial n’a été ni efficace, ni transparente ».
Manquements à la discipline budgétaire, documents comptables inadéquats voire inexistants ou encore surfacturations… La chambre des comptes constate qu’en 2021, les entorses aux règles d’usage de l’argent destiné à la riposte contre la pandémie ont perduré.
Henry Njoh Manga Bell, président de Transparency Cameroon, salue le travail de fond des magistrats qui en l’espace de deux ans ont publié trois rapports sur ce Fonds créé en 2020 : « À travers le troisième rapport, il ressort clairement que malgré l’intervention entre temps de la task force qui a été mise en place à la présidence de la République, il y a eu peut-être une atténuation, mais on a continué à vivre ces manquements qui en réalité s’apparentent à des détournements. »
À nouveau, la chambre des comptes formule des recommandations et, pour la première fois, annonce une procédure administrative en matière de discipline budgétaire et financière, sans donner de noms.
Ndi Nancy Saiboh, directrice pays de la plateforme Follow the Money au Cameroun, se demande si des responsables seront un jour poursuivis pour malversations. « Le premier rapport le dit, le deuxième le dit, le troisième le dit… Qu’est-ce la justice attend pour jouer son rôle ? Qu’est-ce qu’il va se passer ? Est-ce que la justice va jouer sa partition ou est-ce que nous allons continuer à lire des rapports ? »