(« Limiter les mandats est, à tous égards, au profit du peuple…», a-t-il déclaré)
Réélu le 11 avril dernier, le président Patrice Talon promet quitter le pouvoir en 2026, à la fin de son mandat en cours. Patrice Talon a pris cet engagement devant plusieurs organisations de la société civile africaine, comme Togo Debout et Tournons la page, le samedi 10 juillet 2021 à Cotonou.
Le président Patrice Talon a choisi l’endroit et le moment pour faire cette promesse. C’était au cours du sommet citoyen pour la démocratie, la bonne gouvernance et l’alternance. Comprenez : la limitation des mandats des chefs d’États des pays de la Cédéao. Organisé par plusieurs ONG telles que Togo Debout et Tournons la page, l’événement a débuté jeudi 8 juillet et s’est poursuivi jusqu’au dimanche 11 juillet 2021.
Dans la matinée du samedi 10 juillet, Patrice Talon a fait une apparition au cours des travaux. A l’assistance, il a donné sa parole et promis ne pas faire sauter le verrou de la Constitution béninoise qui limite à deux le nombre de mandats de 5 ans. Le 11 avril 2021, des modifications ont été déjà apportées à la constitution d’avril 1990. Et à l’occasion, les propos de Patrice Talon ont été clairs. « Il convient de limiter les mandats, a déclaré Patrice Talon. Quand on fait la balance – les avantages et les inconvénients – l’évidence est claire. Limiter les mandats est, à tous égards, au profit du peuple, plutôt que de laisser les uns et les autres rester éternellement dans la fonction. Vous avez absolument raison de prôner l’alternance. Je m’en soucie pleinement et je m’engage devant vous à la défendre, à en être témoin.», a déclaré Patrice Talon aux organisateurs.
« Un exemple, ici, comme mes prédécesseurs, ce mérite, il n’est pas le mien ici, au Bénin, c’est un acquis pour nous, a voulu souligné le président. Mes prédécesseurs l’ont montré ! J’ai simplement à faire comme eux, afin que ceux qui vont venir après continuent de faire comme nous. Nous devons donc œuvrer à remporter cela au Bénin. Chacun devra œuvrer à ce que ce soit durable. Mais vous, vous pouvez le porter au-delà de nos frontières, au-delà des frontières du Bénin. » « J’ai en tout cas l’obligation de ne pas donner de leçons, a poursuivi Patrice Talon. Je suis honoré de défendre sur la terre béninoise cette vertu qu’on attend d’un gouverneur de ne pas se prendre pour Dieu tout-puissant, l’éternel, et d’avoir l’humilité de comprendre qu’un autre peut toujours mieux faire», a déclaré Patrice Talon.
Professeur Théodore Holo vs Me Jacques Migan
Et pourtant, au détour d’une émission dimanche 12 mars dernier, sur ESAE Tv, l’ancien bâtonnier Jacques Migan faisait croire: « Le peuple voudrait que Patrice Talon continue. Les populations ne se préoccupent que de comment faire pour maintenir Patrice Talon au pouvoir afin qu’il puisse continuer l’œuvre qu’il a commencé ». Un avis que ne partage pas le professeur Théodore Holo, ancien président de la Cour constitutionnelle. Il ne partage pas l’avis de Jacques Migan. « Pour avoir tenu ce genre de propos au Niger pour susciter un 3ème mandat du Président Mahamoudou ISSOUFOU, deux jeunes de la société civile ont été condamnés à des peines de prison pour incitation à un coup d’Etat », a-t-il dit.
Et à l’ancien président de la Cour d’ajouter : « Le cas TANDJA (Ndlr ancien président du Niger décédé en novembre 2020) qui a voulu réviser la Constitution pour proroger son mandat contre l’opposition de la Cour constitutionnelle qu’il a dissoute est présent dans la mémoire collective au Niger. Nul n’étant immortel, il est indécent de penser qu’un Président doit demeurer au pouvoir pour continuer l’œuvre commencée ». Il faut rappeler qu’à chacune de ses investitures, le président Tandja a été clair : « il jure sur le Coran de respecter la Constitution », qui lui interdit de se présenter à un troisième mandat. Pourtant, le 5 mai 2009, coup de tonnerre, Tandja annonce vouloir modifier la Constitution par référendum afin de briguer un nouveau mandat. Au nom du « tazarché » [la continuité, en haoussa], du peuple et de Dieu, argue-t-il alors. « Mon serment coranique, c’est de ne jamais trahir mon peuple et de ne jamais travestir ses aspirations. Si j’avais refusé la demande des populations, j’aurais outrepassé ce serment et Dieu m’en voudrait. » Le 18 février 2010, sur les coups de 13 heures, avec à sa tête (entre autres) le commandant Salou Djibo, une junte militaire baptisée « Conseil suprême pour la restauration de la démocratie » (CSRD) se présente à son bureau, où le président s’est réfugié. Mamadou Tandja est arrêté et un coup d’état vient d’être perpétré au Niger.
Théodore Holo souhaiterait qu’on applique à Me Migan une peine similaire à celle des deux jeunes nigériens. Selon lui, l’avocat encourage le Chef de l’Etat à orchestrer un coup d’Etat aux fins de s’offrir un 3è mandat. Il réclame ainsi la prison à Me Jacques Migan.
A.C.C.