Les rumeurs enflent et les questions s’accumulent au Mali et en Côte d’Ivoire. Peut-être aussi en Allemagne et au siège des Nations unies à New York. La semaine dernière, RFI révélait que les 49 soldats ivoiriens arrêtés à Bamako en juillet 2022 étaient bien arrivés au Mali sur demande du contingent allemand de la Minusma. RFI révélait aussi que ces soldats intervenaient sur un site géré non pas par la mission onusienne, mais par son contingent allemand et par la société privée Sahel aviation service (SAS). S’il est désormais clair que les soldats ivoiriens n’ont pas tenté de renverser le gouvernement malien, le contrat liant la Côte d’Ivoire et cette société privée soulève toujours de nombreuses questions.
L’armée ivoirienne est liée depuis 2019, par contrat, à la société privée Sahel aviation service (SAS). Un contrat « de sécurisation et de soutien logistique » dont la Côte d’Ivoire s’est fait l’écho dès l’arrestation de ses soldats, mais sans jamais donner davantage de détails. De source onusienne, le site de l’aéroport de Bamako auquel étaient affectés les soldats ivoiriens ne relève pas de la Minusma. Mais c’est bien le contingent allemand de la mission onusienne qui les a fait venir en tant que NSE – des contingents d’appui – et qui leur a même fourni leurs cartes d’identification.
Quelle était donc l’activité concrète des soldats ivoiriens ?
SAS est une entreprise privée qui travaille pour divers acteurs, parmi lesquels divers contingents internationaux de la Minusma mais également des sociétés minières. Des ministres du gouvernement malien ont même voyagé dans ses avions, y compris après le début de l’affaire. Quelle était donc l’activité concrète des soldats ivoiriens ? Participaient-ils aux activités onusiennes du contingent allemand, dont SAS est un sous-traitant, ou à d’autres activités de cette entreprise n’ayant rien à voir avec la Minusma ? Les deux en parallèle ? Pourrait-il s’agir d’activités non seulement privées – ce qui serait déjà non conforme aux règles onusiennes – mais illégales ?
L’hypothèse d’un trafic d’or
La semaine dernière, le quotidien français Le Monde, citant des sources ivoiriennes et maliennes anonymes, évoquait l’hypothèse d’un trafic d’or dont auraient bénéficié de hautes personnalités des deux pays. Plus généralement, et depuis peu, les rumeurs concernant des activités sulfureuses ou des commissions occultes fleurissent. Mais à ce stade, RFI n’a été en mesure d’en recouper aucune. Et le dossier suscitant à la fois de nombreux fantasmes et des tentatives d’instrumentalisation politique, la prudence reste de rigueur. Sollicitées par RFI, ni les autorités ivoiriennes, ni les autorités maliennes, ni la société SAS n’ont accepté de répondre à ces questions.
RFI