Les ministres en charge du Développement et des Finances des pays africains et les gouverneurs des banques centrales d’Afrique dénommée Caucus africain participent depuis ce jeudi à Cotonou, aux travaux de la réunion annuelle de leur plate-forme. Le chef de l’Etat, Patrice Talon a procédé à l’ouverture de cette rencontre internationale.
Placée sous le parrainage du président béninois et ayant pour thème: Accroître l’appui des institutions de Bretton Woods en vue de répondre aux chocs, renforcer la croissance et promouvoir la transformation de l’Afrique, l’édition 2016 du Caucus africain envisage de répondre aux exigences actuelles du développement auxquelles est confronté le continent, a déclaré Abdoulaye Bio Tchané, président du Caucus africain et ministre béninois du Plan et du Développement.
Pendant quarante heures, précise Abdoulaye Bio Tchané, la communauté financière du continent, va mener des discussions pertinentes pour des résolutions fortes visant à surmonter le terrorisme, la chute des valeurs des matières premières et le changement climatique; trois chocs exogènes importants.
Ces assises, dira-t-il, sont un moment de réflexions et d’innovations sur la transformation structurelle de l’Afrique.
Dans un plaidoyer, Patrice Talon a affirmé que la communauté financière du continent peut trouver les arguments pour mobiliser les ressources qui existent de manière abondante dans le monde pour un «plan Marshall» au service de l’Afrique.
Tout en appelant à une prise de conscience collective sur le niveau de la pauvreté en Afrique, le chef d’Etat béninois affirme: « Nous devons agir en urgence contre la pauvreté en vue d’éviter un nouveau choc humanitaire».
«J’ai de plus en plus l’impression que les institutions internationales font le minimum pour l’Afrique», a-t-il poursuivi avant de souligner que le continent noir est capable d’atteindre un niveau de croissance qui pourra faire d’elle,une nouvelle région d’espoir.
Le groupe des gouverneurs de banques centrales d’Afrique est fondé en 1963 et compte 54 membres. Il a pour objectif, de renforcer la voix des gouverneurs du continent sur des questions importantes relatives au développement socio-économique de l’Afrique au sein des institutions de Bretton Woods.
Discours du président béninois, Patrice Talon
– Mesdames et Messieurs les Ministres en charge des Finances et du Développement, Gouverneurs du FMI et de la Banque Mondiale ;
– Mesdames et Messieurs les Gouverneurs de Banques Centrales de l’Afrique et d’Haïti ;
– Mesdames et Messieurs les représentants des partenaires au développement ;
– Mesdames et messieurs ;
– Honorables invités.
Au nom du peuple béninois et en mon nom propre, je vous souhaite la bienvenue au Bénin à l’occasion de la présente réunion annuelle du Groupe des Gouverneurs Africains du Fonds Monétaire International et de la Banque Mondiale. C’est pour moi un honneur et un réel plaisir de procéder à l’ouverture des travaux de ce sommet de haut niveau qui nous offre l’opportunité de renforcer, dans un échange structuré, la voix des représentants du continent sur les questions relatives au développement socio-économique de l’Afrique.
L’édition 2016 qui se tient ici à Cotonou, s’inscrit également dans le défi de la mobilisation suffisante des ressources pour le financement, face aux enjeux sans cesse croissants et de plus en plus pesants, d’un développement qui se doit d’être dorénavant durable et inclusif.
Mesdames et Messieurs,
Honorables invités,
Comme vous pouvez vous en douter, les engagements et résolutions pris il y a un an à Luanda, de même que les objectifs fixés, n’ont pas été tous atteints, du fait notamment de la conjoncture peu favorable dans laquelle ont évolué la plupart de nos différentes économies. En effet, au cours de l’année 2015, la chute des cours mondiaux des matières premières, les déficits énergétiques et l’insécurité grandissante n’ont cessé d’obérer la croissance économique africaine, dans un contexte de ralentissement de la croissance mondiale.
Ces constats peu reluisants, en même temps qu’ils mettent en relief la vulnérabilité du continent face aux chocs exogènes, nous appellent également à apporter aux besoins croissants de nos populations, des solutions adéquates.
«Accroître l’appui des Institutions de BRETTON WOODS en vue de répondre aux chocs, renforcer la croissance et promouvoir la transformation économique en Afrique».
Le thème central de ce CAUCUS, cadre bien avec les enjeux actuels. L’épineuse question du financement du développement en lien avec la croissance économique qu’elle est censée renforcer, demeure plus que jamais d’actualité.
Je ne doute pas un seul instant qu’en regroupant en ces lieux autant de sommités du monde de la finance, nous enregistrerons des progrès importants sur les questions d’intérêt commun. Je vous exhorte également à mener vos réflexions dans le cadre du programme de développement post-2015, ainsi que des aspirations exprimées dans l’Agenda 2063, à savoir : la transformation structurelle de l’Afrique est indispensable.
A cet effet, permettez-moi de suggérer quelques-unes des priorités que nous devrions envisager dans les négociations intergouvernementales :
– premièrement, les pays africains devraient prioriser la mobilisation des ressources intérieures, notamment par les réformes fiscales pertinentes ainsi que la suppression des subventions néfastes à l’économie ;
– deuxièmement, les pays développés devraient s’engager à appuyer le renforcement des capacités de l’Afrique en matière de lutte contre les flux financiers illicites, tant en matière de coopération fiscale que dans l’implémentation et l’application d’un cadre réglementaire approprié ;
– troisièmement, une collaboration est nécessaire à l’échelle mondiale pour réduire les coûts des transferts d’argent et amplifier leurs retombées sur le développement ;
– enfin, et c’est pour moi le plus important, nous devons améliorer la gouvernance dans nos Etats et modifier notre rapport à l’aide, pour en faire un outil qui libère le potentiel des ressources intérieures.
Mesdames et Messieurs,
Honorables invités,
Les échanges au cours de ces assises s’annoncent intenses, mais je ne doute pas de votre capacité à en sortir des résolutions de qualité pour l’efficacité des actions de financement du développement de l’Afrique. Je vous encourage également à en profiter pour partager vos expériences et nouer des relations et des partenariats de développement entre nos différents pays.
Je voudrais également espérer qu’en marge du présent CAUCUS, vous n’hésiterez pas à sacrifier quelques moments de votre temps pour découvrir le Bénin et ses multiples attraits touristiques. Car, c’est désormais notre ambition que de mettre le Bénin sur la carte touristique du continent et du monde.
En souhaitant plein succès à vos travaux, je déclare ouverte la réunion annuelle édition 2016 du Groupe Consultatif africain des Gouverneurs du Fonds Monétaire International et du Groupe de la Banque Mondiale.
Vive le développement de l’Afrique.
Je vous remercie.