Protéger les migrants et contribuer à garantir le droit à l’identification personnel et à l’amélioration de leurs conditions de vie. C’est le leitmotiv des actions de la Fondation Friedrich Ebert Stiftung (FES) par le truchement de sa Représentante résidente Iris Nothofer et la Plateforme Multi-acteurs de la Migration au Bénin (PMB) représentée par Larry Cléopâtre. Pour atteindre ces objectifs, les deux organisations de la société civile ressourcent un parterre de migrants résidents au Bénin lors du café de discussion en panel ce lundi 19 décembre 2022 au siège de la Fondation à Cotonou dans le cadre de la semaine du migrant 2022.
« Migration, développement vulnérabilité et responsabilité » ; c’est le thème qui a regroupé experts, migrants, journalistes et acteurs de la société civile pour passer au peigne fin les vicissitudes d’un statut acquis, bon gré mal gré, par des ressortissants de nombre de pays en Afrique et dans le monde.
La migration : une fuite de cerveau ou levier de développement ?
La migration est un statut induit à l’origine par la précarité, la perte totale de l’espoir de vivre et de gagner sa vie dans son propre pays pour des raisons politiques, économiques, sociales et culturelles, écologiques, climatiques et de conflits. La migration joue un rôle prépondérant dans l’économie parle transfert de fonds du pays d’accueil vers le pays d’origine et garantie la main d’œuvre. On est en droit de dire que les migrants constituent un véritable levier qui booste le développement des nations. De ce point de vue, le phénomène à pseudonyme de fuite de cerveau devient à n’en point douter, un levier de développement. Et de ce fait, l’implication des Etats dans le combat de la protection des migrants et la libre circulation des personnes et des biens ne doit souffrir d’aucune difficulté administrative et institutionnelle mais un grand défi à relever pour le développement des nations. Le jeu en valait la chandelle pour la communauté internationale et l’organisation des Nations Unis (ONU) de décréter la date du 18 décembre comme la journée internationale des migrants.
La FES et le PMB à la rescousse des migrants béninois
Dans cette veine, gouvernement, autorité locale, institutions et société civile s’activent dans un combat sans merci contre la marginalisation, la ségrégation, l’exclusion du droit à l’identité et à une origine. C’est sur cet angle que l’on recense les difficultés qui hantent le quotidien des migrants qui se retrouvent souvent confronter à des situations dramatiques et dangereuses de misère, de faim, de la perte de leur vie, de torture, de maltraitance, de xénophobie qui font le lot quotidien dans leur vie. C’est ce qu’a compris la Fondation FES et la PMB de cibler un package d’actions dans l’organisation de la semaine du migrant édition 2022prévue du 15 au 23 novembre 2022. L’objectif est de sensibiliser et d’intégrer aux communautés les migrants vivants au Bénin. C’est pourquoi ce panel se penchera sur les raisons du phénomène, les causes de la vulnérabilité des migrants, son impact sur le développement avant de situer les responsabilités des maux qui minent le vécu des migrants et de faire des recommandations a déclaré la représentante de la PMB, madame Cléopâtre Larry. A cette occasion, la Représentante Résidente de la FES, Iris Nothofer dévoile la détermination et l’engagement de sa fondation à regrouper tous les acteurs de la société civiles, gouvernants, jeunes, travailleurs, commerçants, étudiants, éleveurs, transporteurs et la toute la communauté à analyser les grands défis du phénomène et d’en faire sienne la lutte collective qui rassure le développement des nations et la survie sans anicroches des migrants. Ainsi, le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales sera le terreau qui réconforte la vie des migrants et asseoir les bases du développement à travers la valorisation sans xénophobie, sans marginalisation, sans exploitation abusive des migrants.
Raisons et responsabilité partagée de la migration
En analysant le phénomène, le panel d’experts animé par le Maire de la ville de Pobè, Simon Adébayo Dinan et Président de l’Association Béninoise des Communes Frontaliers, le Commissaire Abdel Aziz Ousmane de la Direction Générale de l’Emigration et de l’Immigration, Maurice Ahouangansi, Chercheur en science de gestion et Gestionnaire de projets sous la direction de la modération de madame Gloria Kponou, le café discussion était un véritable moment de reconstitution de l’ossature des difficultés des migrants dans l’ensemble des pays du monde. Selon les panélistes, les raisons de la migration relève de la mal gouvernance des Etats africains, le déséquilibre de la gouvernance mondiale, l’accaparement des ressources nationales par quelques individus, les responsabilités politiques, les études, le commerce, le travail, les conflits armés, le désespoir, la préférence de l’artisanat qu’aux travaux agricoles etc… Il faut noter que la responsabilité est partagée par les migrants et les gouvernants.
Impact économique de l’activité des migrants
Dans tous les pays du monde, les mouvements migratoires prennent deux natures. Il s’agit des migrants communautaires qui désertent les zones rurales vers les villes à travers l’exode rural et les migrants extra-communautaires qui quittent carrément leur pays d’origine pour aller s’installer dans un pays étranger. Peut-on dire que les migrants jouent un rôle important dans le vivre ensemble et la consolidation du tissu économique ? La réponse est sans ambages oui pour des migrants qui offrent et garantissent une main d’œuvre abondante et dont les ressortissants de certains pays se spécialisent parfois dans des catégories d’activités économiques lesquelles catégories souvent abandonnées par les autochtones. Au Bénin, les nigériens se sont spécialisés dans la vente des matériels électriques et divers, les habits, les cafés bars etc. Les ghanéens sont les coordonniers qui réparent les chaussures, les nigérians sont dans la vente de la friperie et les pièces détachées pour ne citer que ceux-là. L’activité des migrants a un impact très remarquable sur l’économie national par le paiement des taxes.
Les recommandations du panel
Pour relever ces grands défis le panel recommande la création d’une institution de dialogue qui sera un creuset de rencontre permanent entre migrants, autochtones et autorités. La sensibilisation des migrants à se conformer aux règles et lois du pays d’accueil. La prise en compte des réalités du pays d’origine par les autochtones. Alléger les contraintes administratives et législatives dans l’établissement des actes d’état civil et d’identification personnel. Aider les migrants à transcender les barrières linguistiques. Eviter les surtaxes et le rançonnement des migrants qui ont l’obligation de se mettre en règle quant à l’identification de leur personne et les raisons de leur aventure se traduisent par un objectif bien défini et clair.
Valère C. HOUEKINON