Au Mali, le président du Haut conseil islamique (HCIM), Cheick Chérif Ousmane Madani Haidara, sort de sa réserve. Dans une vidéo enregistrée le 15 décembre et qui circule depuis sur les réseaux sociaux, le prédicateur musulman, figure très respectée et très écoutée au Mali, déplore la mauvaise situation du pays et invite les personnalités religieuses à « dire la vérité » aux dirigeants de la transition. ( Source RFI)
Il parle de « crise sans précédent » et estime que « ça ne va pas, ni sur le plan sécuritaire, ni sur le plan alimentaire ». Cheick Chérif Ousmane Madani Haidara prend garde à ne pas attaquer frontalement les dirigeants de la transition et précise ne pas vouloir inciter à la contestation mais il ne se contente pas d’appeler à la prière.
Le président du Haut conseil islamique du Mali demande aux chefs religieux de tout le pays « de donner des conseils et de dire la vérité aux autorités si elles sont sur le mauvais chemin », une formule diplomatique mais sans ambiguïté, d’autant plus forte qu’elle émane d’un personnage très influent et peu habitué à se mettre en avant dans l’arène politique, contrairement à son prédécesseur à la tête du HCIM, Mahmoud Dicko.
Cheick Chérif Ousmane Madani Haidara annonce même une rencontre, sans préciser de date, devant rassembler des religieux mais également des politiques ainsi que la société civile afin de définir des propositions de sortie de crise.
Des relations en dents de scie
Cette sortie du président du Haut conseil islamique du Mali ponctue, pour ainsi dire, des relations en dents de scie entre le chef religieux et les colonels au pouvoir.
Depuis le coup d’État militaire d’août 2020, Cheick Chérif Ousmane Madani Haidara a régulièrement prôné un « accompagnement » de la transition. En septembre dernier, un forum rassemblant des représentants religieux de toute la sous-région avait même été organisé par le Haut conseil islamique (HCI) sous le haut-patronage du président de la transition, le colonel Assimi Goïta.
Néanmoins, les relations du HCI avec les dirigeants de la transition ont aussi connu plusieurs périodes de tension. En août dernier, par exemple, Haidara s’était personnellement impliqué pour favoriser une libération des militaires ivoiriens arrêtés à Bamako et accusés, par le gouvernement de transition, d’être venus déstabiliser le pays. Sans succès.
Par ailleurs, début novembre, le Haut conseil islamique espérait se voir attribuer trois sièges au Conseil national de transition, l’organe législatif de la transition. Il ne les a pas obtenus.