Le ministre d’Etat chargé du plan et du développement était face aux hommes des médias ce lundi 04 juillet 2016. L’objectif était de faire le compte rendu de l’emprunt obligataire lancé par le gouvernement de la rupture le mardi 28 juin dernier. « Pour des besoins exprimés de cent cinquante (150) milliards de franc CFA, le concours de l’épargne public a été souscrit à hauteur de deux cent deux (202) milliards de franc CFA soit plus du 1/3 des besoins estimés en surplus » a déclaré Abdoulaye Bio Tchané. Selon les propos du conférencier, cette souscription mérite d’être saluée sous deux angles à savoir, l’adhésion des acteurs économiques aux réformes et mesures mises en œuvre par le gouvernement et un signal d’espoir et de retour de la confiance à l’économie béninoise. Ainsi, les ressources tirées de cet emprunt vont servir selon le ministre d’Etat à redonner espoir aux PME par le remboursement entier et immédiat des arriérés dus par l’Etat ; le règlement du service de la dette publique ; la redynamisation de l’investissement privé donc la relance de l’investissement public au Bénin. Avec cet emprunt, le Nouveau départ compte relancer l’économie béninoise en finançant les projets déjà identifiés comme nécessaire. Ce qui peut donc contribuer à la réduction du taux de chômage des jeunes. Pour conclure son intervention, le conférencier n’a pas occulté la reconnaissance du gouvernement de Président Talon envers les partenaires grâce à qui cet emprunt a été un succès même au delà. Cependant, il rassure que les ressources issus de cet emprunt vont être utilisés à bon escient pour payer les petites et moyennes entreprises, les dettes publiques intérieures.
Lisez plutôt le discours du ministre d’Etat chargé du plan et du développement.
Mesdames et Messieurs,
Le pari était risqué, mais utile à la mise en œuvre de notre engagement immédiat et non négociable de règlement des impératifs socio-économiques. Le sort de nos PME au regard de la dette intérieure accumulée et menaçant leur pérennité, commandait une mobilisation urgente de ressources.
Le gouvernement a donc recouru à l’appel public à l’épargne à travers un emprunt obligataire.
Un emprunt obligataire c’est un emprunt lancé par une entreprise, une banque, un Etat ou une organisation gouvernementale, et matérialisé sous forme d’obligations qui sont achetées par des investisseurs institutionnels ou particuliers.
Pour des besoins exprimés de cent cinquante (150) milliards de francs CFA, le concours de l’épargne public a été souscrit à hauteur de deux cent deux (202) milliards de francs CFA, soit plus du 1/3 des besoins estimés en surplus. La spécificité de cette souscription demeure que les nationaux (institutionnels comme particuliers) ont souscrit à hauteur de cent cinquante-trois milliards et six cent douze millions (153,612) de francs CFA, soit au-delà des besoins estimés à nous seuls.
Cette souscription au-delà de nos attentes mérite d’être saluée sous deux angles :
– l’adhésion des acteurs économiques aux réformes et mesures mises en œuvre.
– le signal d’espoir et de retour de la confiance en notre économie.
Cette confiance, nous la prenons avec tout son poids, mais aussi avec tout son appel à une meilleure gestion et donc avec responsabilité.
Les ressources tirées de cet emprunt serviront prioritairement à ce qui suit :
• redonner espoir à nos PME par un apurement entier et immédiat des arriérés dus par l’Etat
• régler le service de la dette publique y compris les arriérés
• redynamiser l’investissement privé
• relancer l’investissement public
Des milliers d’emplois en dépendent et ne sauraient tolérer une minute de plus de dilatoire.
Nous donnerons corps à ces nombreuses initiatives privées en attente de financement parmi ces remarquables projets de jeunes qui ne demandent qu’à participer à la réduction du chômage.
Cet essai réussi nous donne des espoirs quant à nos futurs projets de recours à l’épargne publique.
A côté des Partenariats publics privés dont le cadre juridique est en étude, et sera bientôt effectif, les prochains emprunts obligataires seront soit destinés aux impératifs économiques classiques, soit spécifiquement orientés « Projets ».
Le succès de cet emprunt nous rend donc optimiste sur le futur, et cet optimisme nous nous devons de le transmettre à nos concitoyens, bénéficiaires de ces investissements massifs.
Cet optimisme nous devons également l’accompagner de la saine et bonne gestion durable de nos ressources, et donc de la confiance de nos partenaires financiers premiers que sont nos souscripteurs.
Je vous remercie
Les explications du ministre d’Etat aux questions des journalistes
De 150 milliard, le gouvernement est passé à 202 milliard. Comment se fera la répartition afin de satisfaire les besoins en instances et combien ira au PIP, dans le paiement des dettes et autre ?
Je crois qu’il y a une confusion après mon propos. J’ai bien dit que nous avions lancé un emprunt de 150 milliard, mais le marché nous a proposé 202 milliard. Nous avons prix effectivement les 150 milliards que nous avions demandé. Donc on n’a pas pris un franc de plus. On aurait pu en prendre d’avantage, mais pour rester dans l’esprit des chiffres que nous avions proposé, nous avons gardé nos 150 milliards. C’est important de le noter. Donc je dis que la dette n’est pas aggravée telle. Comme je vois l’ai dit tout à l’heure, d’ici la fin de l’année, nous allons emprunter encore. Et si nous envisagions de le faire, c’est bien parce que nous sommes certains que notre dette est encore soutenable. Donc, il n’y a pas raison d’avoir peur du niveau actuel de la dette de notre pays. Je le dis et je le répète, il n’y a pas raison de s’inquiété, notre dette public, intérieur et extérieur est encore soutenable. Ce qui nous a fait peur, c’est l’évolution au cours des deux dernières années qui a été très élevée, très forte. Pour vous donner une idée, l’encours moyen était de 31% à peu près de notre produit intérieur brut. Deux ans après, c’est-à-dire de 2013 en 2015, on est passé à 41%. C’est-à-dire, dix points de pourcentage du PIB en deux ans. C’est énorme !. Donc, c’est la vitesse de croissance qui est inquiétant pour nous et pour les partenaires qui nous observe et que nous devons soldés. Donc, je puis vous vous dire que même en prenant 150 milliards, la dette est encore soutenable.
Pour ceux qui veulent savoir ce qu’on va faire des 150 milliards ou comment allons-nous les répartir. Ce qu’il faut comprendre, c’est que nous n’avons pas que 150 milliards. Nous avons ces 150 milliards que nous avons emprunté, mais nous avons nos propres ressources et en face, nous avons trop de besoins, y compris ceux que j’ai mentionné tout à l’heure. Parce qu’ils sont important et n’aurait pu être payé qu’avec nos propres ressources. La preuve, c’est que en ce qui concerne les arriérés intérieures, ils sont là et de manière persistante, depuis 2013 au moins. Il y a des entreprises auxquelles l’Etat doit de l’argent depuis 2013 qu’on n’a pas pu payer et que nous envisageons de payer. Donc, je peux vous dire de la manière la plus ferme, notre gouvernement, le gouvernement du président Patrice Talon, entend régler tous les arriérés de payement qui sont en suspens. Bien sûr, nous allons vérifier les montants, nous allons auditer ces arriérés là pour être sûres qu’il y a eu service bien rendu. Et donc, forcement nos amis de la presse à qui l’Etat doit de l’argent, que ce soit la presse écrite ou la presse audio-visuelle, puisque je connais quelque cas, nous allons payer. Donc je tiens à vous rassurer là-dessus. Maintenant, il est difficile pour moi de vous dire ici aujourd’hui, comment nous allons partager les 150 milliards, parce que simplement pour la dette intérieure, nous sommes à un chiffre tout à fait vague parce que tous les jours que Dieu fait, nous avons des gens qui viennent nous voir et nous disent l’Etat nous doit de l’argent. Nous avons besoins nécessairement de nous asseoir et de demander à ceux qui ne se sont pas encore manifesté de le faire et aussi de valider ces montants-là avec nos propres services pour être sûres qu’il y a eu prestation en contre partie. De l’autre côté, nous avons besoin du vote de l’Assemblée parce que je vous ai parlé du PIP et je vous ai parlé d’investissement pour relancer l’activité économique. Nous avons modifié le PIP de l’année 2016 substantiellement et nous devons en tenir compte dans l’affectation des ressources aux différents projets d’investissement.
Le gouvernement veut-il réellement taxer le kpayo et les faux médicaments comme l’a dit le ministre des finances ?
cette question nous a été posée à l’Assemblée par les députés. Le ministre des finances a répondu, mais beaucoup n’ont pas entendu, surtout dans la presse. Il n’a jamais été question en tout cas pour l’instant, de prélever des taxes sur le kpayo. Quand le ministre des finances a parlé de la situation sur le marché du pétrole, il a dit que l’objectif du gouvernement et je réitère cela, est de rapprocher le prix de l’informel sur les prix de la station en sorte que les prix soient suffisamment proche afin que les consommateurs ne soient pas nécessairement attiré vers le Kpayo. Mais, ça, on peut le faire de deux manières. Vous avez pris la mauvaise manière en pensant qu’on peut prendre des taxes sur les faux médicaments. On ne fera pas cela. Mais on peut le faire d’une autre manière en utilisant les fiscalités. C’est-à-dire que si nous utilisons les fiscalités pour réduire le prix à la pompe, de manière à ce que d’un moment à un autre, les prix soient suffisamment proche pour que le consommateur aille à la pompe. Mais, il n’y a pas que ça. Aujourd’hui, nous savons que les stations que nous avons dans notre pays ne sont pas suffisantes pour desservir tout le monde si nous décidons d’aller tous à la pompe. Donc, il y a aussi des mesures structurelles qui vont être prises, et sur lesquelles nous discutons, non seulement entre nous au sein du gouvernement, mais aussi avec les opérateurs du secteur privé qui doivent justement prendre le relais puisque là aussi, il ne s’agit pas pour le gouvernement de venir investir à la place du secteur privé.
A quelle échéance les PME seront payé ?
En réalité, les PME ont commencé par être payées avec les ressources que nous avons. Elles ne sont pas suffisantes et c’est pour ça que nous allons sur le marché. Tous ce que je peux vous dire, c’est que nous allons payer tous les arriérés qui seront confirmés. Et même mieux, je veux vous rassurer ici et je veux que vous le fassiez comprendre à tous nos compatriotes, aux entreprises, aux PME, que notre politique à l’avenir, c’est de parvenir à zéro arriéré. Donc, dans les délais considérés comme normale, après la prestation, nous allons payer tous nos fournisseurs et tous nos prestataires. C’est notre politique et je tiens à le dire parce que c’est important pour l’économie et pour le fonctionnement des entreprises et c’est encore plus important pour le fonctionnement des banques. Quand je parle aux banques aujourd’hui, elles me disent combien elles sont gênées par les créances malsaines dans leur portefeuille dû par les PME béninoises. Ce n’est pas toujours de leur faute, c’est aussi dû aux actions de l’Etat et nous entendons corriger cela à l’avenir.Donc, nous allons payer incessamment.
Lors des débats d’orientation sur le budget, vous aviez soutenu que parmi les projets suspendus, il y a quatre sous financement des PPP qui seront maintenu. Certifiez vous toujours que ces projet seront réalisés avec le succès de l’emprunt obligataire?.
Quand vous dites PPP, moi je mets ça entre griffe parce que je ne considère pas vraiment que ce soit les modalités de fonctionnement des infrastructures. Nous avons trouvé sur notre table, des projets d’infrastructure, des projets routiers pour à peu près 1200 milliards qui étaient financés par des crédits bancaires et des crédits commerciaux. Quand je projette, on a parlé de la dette tout à l’heure, on s’est interrogé sur l’effet que pourrait avoir ces 1200 milliards de projet sur notre endettement et surtout sur notre capacité à payer ces dettes là, à rembourser ces dettes là, si effectivement ces projets étaient financés de cette manière. Évidemment, on s’est rendu très vite en regardant ces dettes que dans deux ans ou trois ans maximum, nous serions en cessation de payement. Nous serions incapable non seulement de payer ces dettes, mais également et éventuellement, incapable de payer les salaires de la fonction publique. Et, sur ces bases-là, nous avions pris la sage décision. On a dit cela et lorsque vous avez écouté les membres du FMI qui étaient passé il y a quelques semaines, quand vous lisez leur communiqué, ils en parlent aussi. Donc, nous avons pris la sage décision de suspendre tous ces accords là et de les revisiter. Et, c’est dans ce contexte là que j’entends quelques critiques sur notre décision. Mais pour nous, cette décision est sage, c’est une décision financière opportune puisque nous n’avions pas l’intention de mettre notre pays en faillite financièrement, nous ne voulons pas être dans une situation où nous serions incapable de payer les salaires de nos compatriotes. Cela dit, personne ne remet en cause le besoin d’infrastructure dans notre pays. Nous savons que nous avons besoin de route, nous avons besoin de port, d’aéroport, nous avons besoin d’infrastructure dans l’économie numérique, des fibres optique, nous avons besoin d’investir dans les pistes rurale, cela ne fait aucun doute. Notre engagement pour l’instant sur ces projets que nous avons suspendus, est de les revisiter un à un et de voir par quelle modalité nous allons financer chacun d’eux dans les mois qui viennent. Alors, il y a un groupe particulier qui s’en prend au gouvernement sur un projet, le projet Bétérou, Tchaourou-Kassouala. C’est un projet sur lequel nous sommes parfaitement à l’aise parce que non seulement il est dans le cadre général de ce que je viens de dire et donc indéfendable. Je ne vois pas un ministre de l’ancien gouvernement venir dire notre décision est justifiée, mais sur ce projet particulier, notre décision est motivé par ceci : ce projet, le gouvernement défunt l’a présenté au financement de la Banque Islamique de développement pour un montant de 45 milliards. L’accord a été obtenu au mois de novembre. Un mois et quelques jours après, le même gouvernement dit à la BID, ‘’écoutez, nous ne souhaitons pas que vous intervenez sur ce projet-là’’ et au lieu de cela, il se retourne vers une entreprise béninoise à qui il dit ‘’allez chercher de l’argent chez les banques commerciales et venez nous faire cette route-là’’. Et bien, c’est un bonheur pour cette entreprise-là puisqu’au passage, le coût du projet passe de 45 milliards à 65 milliards. Mais en même temps, lorsque l’entreprise arrive à mobiliser les banques commerciales, les conditions de financement des banques commerciales sont beaucoup plus onéreuses. Le taux d’intérêt est de 7,5%, la durée est de dix ans avec deux à trois ans de délais de grâce, et de l’autre côté en face, la BID nous propose ce financement de presque 45 milliards, à un taux d’intérêt maximum de 2%, à une durée de vie qui tourne autour de 18 voir 20 ans, avec un délai de grâce qui varie entre 4 et 5ans. Choisissez !
Notre décision a été de dire, puisque nous avions suspendu l’ensemble des projets, ce projet lui au moins a déjà un financement et un financier. Nous allons nous retourner vers lui pour dire ‘’Monsieur et Mme de la BID, nous sommes venus revisiter la décision du gouvernement béninois et à revenir vers vous. Qu’est-ce qu’il y a de mauvais en ça ?
Donc, voilà ce que je tiens à dire, la décision du gouvernement sur ce projet, je le répète, la décision du gouvernement du président Patrice Talon sur ce projet est bien de maintenir ce projet et de le financer. Nous avons, conformément à notre décision précédente décidé de recourir à la BID et la BID, conformément à son engagement précédent, va probablement confirmer son accord de financer ce projet. Donc, ceci devrait à mon sens apaiser ceux qui sont uniquement préoccupé par le financement et l’exécution de ce projet ou de cette route, seule.
Je crois avoir répondu à toutes vos préoccupations, sauf erreur de ma part. Si c’est le cas, je vous remercie pour votre présence.