Coupe du monde Qatar 2022 : Quelles chances pour les cinq représentants africains!

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Trois lions pour rugir, un aigle pour glatir et des étoiles pour briller dans le ciel qatari. Un contingent de cinq représentants diversement armés pour permettre à l’Afrique de s’ouvrir les portes du second tour de la vingt-deuxième messe mondiale du ballon rond qui démarre le dimanche vingt novembre prochain.

 

SENEGAL: Bouleverser la hiérarchie mondiale

Palmarès à la Coupe du monde : 2 participations (quart de finaliste en 2002 et élimination au 1er tour en 2018)

Pour sa troisième participation à la phase finale de la Coupe du monde de football, le Sénégal est logé, dans le groupe A, aux côtés des Pays-Bas, de l’Equateur et du Qatar, le pays hôte de la compétition. Auréolés de leur titre de champion d’Afrique conquis, le dimanche 06 février 2022, au Cameroun, face à l’Egypte, Kalidou Koulibaly et ses coéquipiers ont les armes nécessaires pour offrir au continent africain une place historique sur la scène internationale. Mais, depuis quelques semaines, l’inquiétude et l’incertitude se sont emparées de la tanière des Lions sénégalais.

CHANCES DE QUALIFICATION DES LIONS DE LA TERANGA

Comme en 2002, le Sénégal dispose d’une ossature dorée qui, depuis quelques années, suscite l’admiration, le respect, mais aussi, la craintechez ses adversaires. Nombre de joueurs du onze sénégalais évoluent dans de grands clubs européens au sein desquels certains constituent les premiers choix de leurs entraîneurs respectifs. Il s’agit notamment d’Idrissa Gana Gueye, le milieu récupérateur d’Everton,du capitaine Kalidou Koulibalyet d’Edouard Mendyrespectivement défenseur central et gardien de but de Chelsea. Seulement, l’ancien portier rennais et numéro un sénégalaisest en déclin pour avoir perdu sa place de titulaire au profit de son homologue espagnol Kepa Arrizabalaga à l’arrivée de Graham Potter sur le banc des Blues, en remplacement de Thomas Tuchel, en septembre dernier. A ce trio s’ajoutel’ailier gauche du Bayern Munich Sadio Mané.Le numéro 17bavarois est le métronome du jeu sénégalais. En témoigne son but sur penalty, le seul de son équipe, face au Zimbabwe en phase de poules lors de la dernière Coupe d’Afrique des Nations. Mieux, on souvient encore de son tir au but victorieux en finale face aux Pharaons et celui qui a envoyé les siens au Qatar face à la même sélection au stade Aboulaye Wade le 29 mars dernier. Mais, cette omniprésence de l’enfant de Bambali au sein de l’écurie d’Aliou Cissé fera probablement défaut dans l’entrejeu des champions d’Afrique lors du Mondial qatari. La faute à une blessure contractée au péroné gauche lors de la quatorzième journée de la Bundesliga face au Werder Breme (6-1) et qui tombe comme un cheveu sur la soupe. En dépit de ce pépin physique qui a mis la toile et certains médias sportifs en effervescence, le technicien sénégalais a convoqué l’ancien attaquant des Reds pour le grand rendez-vous du ballon rond au Qatar. Dans ce cas de figure, il faut être réaliste. A y voir de près, la sélection sénégalaise est incontestablement diminuée même si la bande à Kalidou Koulibaly a livré deux matchs préparatoires quelque peu satisfaisants en septembre dernier. Une victoire face à la Bolivie (2-0) le 24 septembre et un nul contre l’Iran (1-1) trois jours plus tard. L’Afrique ne pourra pas compter sur le champion d’Europe 2019 pour le premier match du Sénégal lundi prochain face aux Pays-Bas du sélectionneur Louis van Gaal. Un couac dans la tanière des Lions de la Téranga.

Et, s’il est un aspect qu’on ne doit jamais perdre de vue, c’est bien sûr la présence des champions d’Afrique 2021 dans le groupe du pays hôte de la compétition. Bien qu’il ne soit pas un mastodonte du football mondial, le Qatar est un client au visage inconnu. Pour mémoire, c’est le Japon, un autre pays asiatique qui a soufflé le ticket qualificatif pour le second tour de la Coupe du monde 2018 au pays de Léopold Sédar Senghor lors de la troisième et dernière journée de la phase de poules. Alors, attention au complexe de supériorité !Les Sénégalais sont prévenus.

 

TUNISIE: Dire non au fiasco

Palmarès à la Coupe du monde : 5 participations (1978, 1998, 2002, 2006 et 2018)

Les Tunisiens n’ont pas eu la baraka lors du tirage au sort du deuxième Mondial de football organisé sur le sol asiatique. Dans le groupe D, le Danemark, demi-finaliste de l’Euro 2020 et la France, championne du monde 1998 et 2018, sont, entre autres, les adversaires des Aigles de Carthage lors de la première phase de la vingt-deuxième épreuve reine du ballon rond. Outre ces deux pays européens, le champion d’Afrique 2004 affrontera l’Australie

CHANCES DE QUALIFICATION DES AIGLES DE CARTHAGE

C’est probablement autour des vétéransWahbi Khazri, 31 ans,le Montpelliérain, Youssef Msakni, 32 ans,du club qatari d’Al-Arabi et Seifeddine Jaziri, 29ans,évoluant au Zamalek du Caireque sera construit l’effectif tunisien qui défendra les couleurs africainessur le territoire qatari. Fort expérimenté, ce trio devra mettre son background au profit du collectif.  Sur la pelouse et dans les vestiaires, le joueur de Montpellier sera, sauf en cas de forfait, la locomotive du groupe de Jalel Kadri.

L’expérience du coach Kadri est un précieux atout. Par le passé, il a dirigé des clubs en Tunisie, en Arabie saoudite et au Liban. On relève, parmi ses adjoints, la présence de l’ancien gardien de but Ali Boumnijel, le plus vieux joueur du Mondial 2006 en Allemagne. Sa collaboration avec son prédécesseur Mondher Khebaiernotamment lors de la dernière CAN au pays des Lions indomptables lui a permis de connaître ses joueurs. Un avantage dont pourrait profiter le technicien quinquagénaire qui, avec les siens, ont décroché au forceps le précieux sésame pour le Qatar en déplumant les Aigles du Mali de Mohamed Magassouba (victoire 1-0, à aller, à Radès et 0-0, au retour, à Bamako).

Mais, ne nous voilons pas la face. Face aux hommes de Didier Deschamps et aux partenaires de Chrisitian Eriksen, l’écurie tunisienne devra puiser dans ses tripes pour mettre au tapis la France et le Danemark. Indéniablement, ces deux pays sont les favoris de la poule D. Un sacré challenge pour le vice-champion d’Afrique 1996 qui sûrement rêve de rééditer l’exploit réalisé, le 02 juin 1978, à Rosario, en Argentine. Ce jour-là, Temime Lahzami, Sadok Sassi, Ali Kaabi et consorts ont offert à l’Afrique, lors de la onzième édition de l’épreuve mondiale du cuir rond, sa toute première victoire en phase finale en venant à bout du Mexique (3-1).Quarante-quatre ans déjà que cette performance a été produite au pays de Diego Armando Maradona. A présent, il est temps d’emboîter le pas aux anciens.

 

MAROC: Des Lions toujours offensifs

Palmarès à la Coupe du monde : 4 participations (1970, huitième de finaliste en 1986, élimination au 1er tour en 1998 et en 2018)

Depuis 1986, au Mexique, le Maroc n’a plus franchi le cap du premier tour d’une phase finale du Mondial de football. A l’occasion de la treizième édition de la crème des compétitions du sport roi, le Royaume chérifien est devenu le premier pays africain à réaliser cet exploit. Trente-six ans après, les cadets de Mohamed Timoumi, Mustapha Merry et Badou Zaki, Ballon d’or africain 1986, comptent emboîter le pas à leurs illustres aînés. Mais, sur leur chemin, Romain Saïss, Yassine Bounou, SofianeBoufal, Achraf Dariet consorts devront croiser, dans le groupe F, la Belgique, la Croatie et le Canada qui, cette année-là, faisait aussi partie du gratin du cuir rond sur le sol mexicain.

CHANCES DE QUALIFICATION DES LIONS DE L’ATLAS

Le Maroc dispose d’une sélection constituée de joueurs plein de peps et de perspicacité. Dans leurs clubs respectifs, ils en forment l’ossature principale. De la ligne de but à l’attaque en passant par le milieu de terrain, les Lions de l’Atlas ont de quoi défendre convenablement et vaillamment les couleurs de leur pays et celles du reste de l’Afrique. Entre autres, le portier Yacine Bounou du FC Séville, le latéral droit du Paris Saint-Germain Achraf Hakimi, l’ailier droit de Chelsea Hakim Ziyech,qui a fait son come-back en sélection après le limogeage de l’ex-sélectionneur Vahid Halilhodzic,sauront apporter leurs expériences individuelles au onze marocain. En défense,le technicien bosnien, avant son départ, a assuré à la sélection marocaine une certaine stabilité qui lui a permis d’étouffer les velléités offensives adverses. Ils l’ont justement prouvé lors de la campagne qualificative à la Coupe du monde 2022. En six journées de compétition, la défense n’a cédé aux attaques extérieures qu’une seule fois. C’était face au Syli national de la Guinée (4-1), à l’occasion de la deuxième journée, le douze octobre 2021. Grâce à cette performance, le Maroc détient la meilleure défense des éliminatoires en Afrique.

A cette sérénité de l’arrière-garde marocaine s’ajoute le réalisme offensif des hommes du technicien bosnien. Avec un total de vingt buts inscrits, Achraf Hakimi et ses coéquipiers se hissent à la deuxième loge des attaques au terme des éliminatoires sur le continent africain derrière l’Algérie (25buts). Mais, attention ! Entre les éliminatoires d’un tournoi et sa phase ultime, il y a un grand fossé. Les Marocains doivent aussi se méfier du piège canadien. Pour rappel, les Nord-américains ont essuyé trois revers et encaissé cinq buts en autant de matchs lors du deuxième Mondial de football organisé, en 1986, sur le sol mexicain. Ses bourreaux étaient : la France, la Hongrie et l’ancienne Union des Républiques socialistes soviétiques (Urss).

 

CAMEROUN: Les aînés au chevet des cadets

Palmarès à la Coupe du monde : 7 participations (1982, quart de finaliste en 1990, élimination au 1er tour en 1994, 1998, 2002, 2010 et en 2014)  

S’il est un record que détient le Cameroun parmi les cinq représentants africains au Mondial qatari, c’est bel et bien celui du nombre de participations. Au Qatar, les Lions indomptables joueront la huitième phase finale de la Coupe du monde de football de leur histoire. Et, pour cette vingt-deuxième épreuve planétaire, le quintuple champion d’Afrique partagera le groupe G avec le Brésil, la Suisse et la Serbie.

CHANCES DE QUALIFICATION DES LIONS INDOMPTABLES

Au Cameroun, le football est considéré comme une religion. C’est à juste titre que les anciennes gloires tiennent à la sélection locale comme à la prunelle de leurs yeux. En bon leader, Samuel Eto’o,le président de la Fécafoota insufflé un nouveau dynamisme aux Lions indomptables. Grâce à ses accointances et à son leadership, l’ancien avant-centre du FC Barcelone a réussi à installer Rigobert Song à la tête de l’encadrement technique du onze camerounais en remplacement du Portugais Antonio Conceicao évincé de son poste après la CAN 2021. Pouraider le nouveau sélectionneur à réussir sa mission, l’ex-capitaine camerounaisestentouré de personnes chevronnées. A ses côtés, se trouve Sébastien Migné, ex-sélectionneur du Kenya et de la Guinée équatoriale entre 2018 et 2020.

En dehors du technicien français, on relève au sein du staff technique, la présence de trois anciens internationaux : Augustine Simo, le deuxième adjoint, Souleymanou Haminou, l’entraîneur des gardiens de but et Raymond Kalla qui occupe le poste de Team manager. Les résultats de cette nouvelle équipe n’ont pas tardé à venir. Grâce à une victoire obtenue sur le fil du rasoir (1-2), au stade Mustapha Tchaker, à Blida, grâce à un but du Lyonnais Karl Toko Ekambi, aux dépens de l’Algérie, le champion olympique 2000 s’est assuré une place sur le sol qatari.

Pour le prochain tournoi mondial, les footballeurs camerounais pourront jouir d’une bonne préparation physique. Et, c’estRaphaël Fèvre qui a été choisi pour jouer ce rôle. Le Français a fait ses preuves dans certains clubs de l’Hexagone notamment au Stade brestois, au Paris Saint Germain et aux Girondins de Bordeaux qu’il a quittés, le lundi 28 février dernier, pour rallier la tanière des Lions indomptables. De quoi bien affûter leurs armes avant d’aller à l’assaut du Brésil, un vieil adversaire du Cameroun. Pour mémoire, les Lions indomptables ont battu les Auriverde, le 19 juin 2003, en Coupe des Confédérations, grâce à un but de Samuel Eto’o.

Toutefois, les joueurs de Rigobert Song n’affichent pas une forme pétillante à la veille du »show asiatique ». En septembre dernier, Vincent Aboubacar et ses coéquipiers ont essuyé deux revers face à l’Ouzbékistan (2-0) et contre la Corée du Sud (1-0). A ces contre-performances s’est ajouté un nul concédé face à la modeste sélection jamaïquaine (1-1) le 09 novembre dernier. Voilà, entre autres, quelques indices qui, à mon sens, laissent planer le doute sur la qualification au second tour du champion d’Afrique 2017 dans un groupe a priori dominé par les Auriverde qui, sauf cataclysme footballistique, occuperont le fauteuil de leader. Inéluctablement, les mordus du cuir rond assisteront, dans la poule G du Mondial qatari, à une guerre de trois entre Serbes, Suisses et Camerounais. Un sacré challenge attend Rigobert Song et ses hommes.

 

 GHANA: Le football au parfum de la revanche

Palmarès à la Coupe du monde : 3 participations (huitième de finaliste en 2006, quart de finaliste en 2010 et élimination au 1er tour en 2014).

Huit ans d’absence sur la scène internationale. Et, revoilà le Ghana dans le gotha du football mondial. Pour leur come-back dans la plus prestigieuse compétition du cuir rond, les Black Stars se frotteront, dans le groupe H, à la Corée du Sud, au Portugal et surtout à l’Uruguay. La Celeste, un ancien client, dont l’identité rappelle de mauvais souvenirs aux Africains.

CHANCES DE QUALIFICATION DES BLACK STARS

Depuis le mardi 29 mars dernier, Otto Addo, 47 ans, est entré dans l’histoire du football ghanéen en devenant le premier ancien internationalde son pays à qualifier les Black Stars pour une phase finale du Mondial de football.En 2006, sur le sol allemand où il a vu le jour, le successeur du technicien serbe Milovan Rajevac a été de la première phase finale du Ghana. Le natif de Hambourgjouit d’une riche expérience de treize ans en tant qu’entraîneur. Après avoir dirigé l’équipe U-19 de Hambourg, l’ex-pensionnaire de Hanovre 96 a été co-entraîneur avecl’Argentin Rodolfo Vardoso.Pour le prochain tournoi mondial du sport roi, l’ancien joueur de Mayence pourra s’appuyer sur quelques cadres de son écurie dont le parcours sur le Vieux continent sera indispensable pour le collectif. Il s’agit, entre autres, du milieu défensif d’Arsenal Thomas Partey, buteur lors du barrage retour face au Nigéria, de Jordan Ayew qui évolue à Crystal Palace en Premier League et surtout de son frère aîné André Ayew. Le Qatar ne sera pas, pour le capitaine ghanéen, une terre étrangère puisque l’ex-Marseillais joue dans le club local d’Al-Sadd SC.

Cependant, la tâche s’annonce ardue pour Otto Addo et ses hommes notamment face au Portugal de Cristiano Ronaldo déjà tombeur du Ghana (2-1), au Brésil en 2014 lors de la phase de poules, et devant l’Uruguay de Luis Suarez. Pour mémoire, c’est la main de l’avant-centre de l’Atlético Madrid qui, le 02 juillet 2010, en Afrique du Sud, a privé Gyan Assamoah et tous les Africains d’une place en demi-finales.

Pour rendre la pareilleà ces deux clients, il faudra resserrer les boulons, c’est-à-dire bien huiler la machine offensive qui manque d’explosivité et de vivacité. Tenez ! A la CAN 2021, au Cameroun, les Ghanéens n’ont inscrit que trois buts et sept lors de la campagne qualificative au prochain Mondial. Il faudra être assez vorace, percutant et efficace devant les buts adverses sur le territoire qatari pour se hisser de nouveau en huitièmes de finale comme en 2006 lorsque Stephen Appiah, Mickael Essien, John Mensah et leurs coéquipiers ont été battus par le Brésil (3-0).

Par Gineste TOSSOU DEGBE