Dès ce mardi 15 novembre 2022, la police républicaine devrait entamer la phase répressive du contrôle du port obligatoire de casque. Elle reporte de quelques jours l’opération et donne une conférence de presse vendredi 18 novembre prochain à Porto Novo. La police, pour cette opération à venir, exige des usagers de la route en l’occurrence les motocyclistes le port de casque par le conducteur et par celui qui est remorqué. Cette décision est plein d’avantages…mais la période choisie n’est pas la bonne.
Cette mesure d’obligation du port obligatoire de casque par les motocyclistes et leur passager existe depuis 1972. En effet, le décret N°72-113 du 27 avril 1972 prescrivait le port obligatoire du casque pour les conducteurs et les passagers des engins à deux roues munis d’un moteur thermique. Et aucun propriétaire de moto ou assimilé ne devrait se mettre sur la route sans avoir son casque sur la tête. Ce décret a été actualisé en 2011 par un arrêté du Préfet des départements de l’Atlantique et du Littoral Placide Azandé. L’ex commissaire de la ville de Cotonou Louis Philippe Houndégnon avait alors fait un travail appréciable qui a permis de mettre au pas les populations de Cotonou et environs pour un temps record.
Une décision plein d’avantages dans le fond…
Quoiqu’on dise, le port obligatoire de casque est une mesure salutaire. Cette mesure vise à préserver la vie des populations en général et celle des usagers de la route en particulier. Les différentes fractures des membres du corps humain, les traumatismes divers, les hémorragies et les blessures et autres dommages sur la tête sont amoindris lorsque le motocycliste porte son casque. Et dans le décret de 1972 signé par les ministres Justin Ahomadégbé-Tomètin, Sourou Migan Apithy, Mama Arouna, Gabriel Lozès, Michel Toko, il est énuméré dans l’article 2 les caractéristiques du casque qui est recommandé en République du Bénin. Un casque doit être constitué principalement de deux parties :
– une calotte rigide pouvant résister à la force de l’impact et qui repartit celle ci sur une surface aussi grande que possible
– un système de suspension avec rembourrage qui absorbe l’énergie du choc pour éviter sa retransmission directe au crâne. Cette décision a été complétée par l’arrêté préfectoral de 2011 signé du Préfet Placide Azandé qui précise en son article 3 que :
– le casque doit être porté avec sa jugulaire bouclée l’empêchant de quitter la tête du porteur en cas de chute de ce dernier.
La période choisie pour cette répression est-elle la bonne ?
Aujourd’hui, il est presqu’impossible de voir un usager de la route circuler sans casque à Cotonou. Si à Cotonou et environs la mayonnaise a pris, ce n’est pas le cas dans les autres grandes villes du pays et les campagnes. À Parakou, il a été très difficile d’imposer le port de casque aux populations.
Et comme à Parakou ou dans d’autres villes du pays, la lutte pour le port de casque par les motocyclistes a toujours eu du plomb dans l’aile. Son application a rencontré souvent des embûches. Si le gouvernement relance cette lutte, c’est certainement pour une bonne cause. Et le moment choisi coïncide avec la période des fêtes qui rime avec accidents de la circulation. L période du 15 novembre jusqu’à fin janvier rime également avec les activités politiques à savoir la précampagne, la campagne et le scrutin des législatives du 8 janvier 2023.
De mémoire, la plupart des combats qui sont menés dans de pareilles circonstances c’est à dire en période électorale ont du mal à prospérer quelque soit leur justesse et leur pertinence. D’ailleurs, cette décision de port obligatoire de casque a été prise plusieurs fois déjà sans résultat satisfaisant à la veille de 2016. Elle n’a été qu’un feu de paille. Ce sont carrément les politiques qui font la requête que la lutte soit différée au risque de subir la sanction des populations. Et cette fois-ci encore, des électeurs menacent clairement de ne pas voter pour les candidats de la mouvance considérant qu’ils font partie de l’appareil étatique.
A la lecture de ces constats, il faut se poser les bonnes questions. La période choisie pour mener cette répression est-elle vraiment la bonne ? Cela ne va-t-il pas semer une certaine confusion dans le rang des populations ? La police pourra-t-elle réussir sa mission dans un contexte où se préparent les fêtes de fin d’année et la campagne électorale ? Autant de questions que devraient chercher à répondre les autorités avant d’engager une telle initiative. Auquel cas, les éléments de la police Républicaine pourraient être stoppés net dans leur élan après quelques jours seulement de répression comme on l’a souvent observé.
Pour réussir cette nouvelle relance de la répression il faut une synergie d’actions entre tous les acteurs impliqués, que les politiques se départissent des interventions qui tuent l’élan des forces de l’ordre. L’Etat devrait aussi penser à subventionner les casques qui font objet de surenchère déjà sur le marché depuis que la décision de répression est annoncée. La morosité économique aidant, les populations ont du mal à s’acheter des casques en ce moment.
Avec F. E. A.