Alors que toutes les démarches ont été effectuées par Jean-Pierre Ezin
auprès de Boni Yayi, ce dernier vient de le flouter lourdement en nommant
à la présidence de la commission de la Communauté des Etats de l’Afrique de
l’ouest (CEDEAO) son beau-frère, Marcel de Souza, avec qui il est en
bisbille et qui est par ailleurs membre de la coalition de rupture qui
vient de porter Patrice Talon au pouvoir.*
La nouvelle est tombée dans l’après-midi d’hier. Le président Boni Yayi a
nommé Marcel de Souza à la tête de la commission de la Communauté des Etats
de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO). Ce qui est surprenant, c’est qu’en
décembre dernier, le commissaire Jean-Pierre Ezin, en poste depuis deux ans
a Abuja, avait déposé sa candidature pour le poste de président de la
commission. Dans cette optique, il avait rencontré le chef de l’Etat en
personne qui a réceptionné son dossier en compagnie de l’ambassadeur du
Bénin au Nigeria, Mouftaou Lalèyè. A l’occasion, Boni Yayi avait accepté de
faire sa promotion à ce poste technique. Jean-Pierre Ezin avait donc des
raisons d’y croire, étant donné qu’il remplit toutes les conditions.
Mieux, Boni Yayi savait que la nomination d’une autre personnalité que
Jean-Pierre Ezin à ce poste ferait perdre à ce dernier son poste de
commissaire. Parce que le Bénin à lui seul ne peut disposer, au sein de la
même commission, de deux représentants.
*Un règlement de compte politique ?*
Cette promesse non tenue par Boni Yayi, est la deuxième du genre. En effet,
à l’Union africaine, Jean-Pierre Ezin n’avait pu renouveler, en 2012, son
mandat de commissaire sous la présidence de Jean Ping parce qu’ayant été
victime du soutien du chef de l’Etat à Nkosazana Dlamini-Zuma, challenger
de Jean Ping qui était candidat à sa propre succession. A l’évidence, Boni
Yayi avait sacrifié son compatriote Jean-Pierre Ezin au profit de Mme Zuma
pour la présidence de la commission de la CEDEAO.
Aujourd’hui encore, Boni Yayi récidive. Comment comprendre cette volonté
du chef de l’Etat de ne pas faire la promotion des cadres en poste dans les
instances internationales ? Pour ce qui est principalement du cas de
Jean-Pierre Ezin, doit-on y voir une quelconque méchanceté ou un désir de
règlement de compte avec le professeur Albert Tévoédjrè qui a combattu le
candidat du pouvoir, Lionel Zinsou ? Ou serait-ce là une manière pour le
chef de l’Etat de diviser la coalition de rupture à laquelle appartient
Marcel de Souza ?
Interrogé au téléphone, l’entourage de Marcel de Souza a marqué son
étonnement face à cette nomination surprise et politique. Car ni Marcel de
Souza ni son chargé de communication ne semblaient informés de cette
promotion. Nomination surprise sinon surprenante, d’autant que le vendredi
dernier encore, le président Boni Yayi réitérait sa volonté de promouvoir
Jean-Pierre Ezin. Mais à l’annonce de la nomination de Marcel de Souza à ce
poste, on se rend compte que c’est plutôt un couteau qu’il lui a planté
dans le dos.
Au total, il faut retenir que le président Boni Yayi, jusqu’au bout, aura
manqué à sa parole. Ce qui est bien regrettable. Reste maintenant à
observer la réaction de Marcel de Souza. Va-t-il accepter un poste sur
fond de caprice d’un chef de l’Etat remonté contre la classe politique ?