Soumaïla Cissé a reconnu ce lundi soir 12 août sa défaite à l’élection présidentielle au Mali. Il a rencontré son rival pour le « féliciter ». Joint par RFI, l’entourage d’Ibrahim Boubacar Keïta s’est pour sa part refusé à tout commentaire, pour le moment. Cette annonce surprise intervient à l’issue d’une journée marquée par un début de polémique concernant l’organisation du second tour de l’élection présidentielle, dimanche 11 août. Les résultats officiels ne sont pour l’instant pas connus.
Même s’il faut attendre la proclamation officielle pour dire que le Mali a un nouveau président, tous les Maliens connaissent à présent son nom : Ibrahim Boubacar Keïta. Son rival Soumaïla Cissé s’est spontanément rendu dans la soirée à son domicile, avec femme et enfants, pour le féliciter et reconnaître sa victoire. « Plutôt qu’un coup de téléphone, j’ai préféré la tradition malienne », a-t-il expliqué. « J’ai rencontré mon grand frère Ibrahim Boubacar Keïta. Je l’ai félicité et je lui ai dit : « Félicitations Monsieur le président de la République » », a déclaré Soumaïla Cissé au correspondant de RFI à Bamako.
« Je n’ai pas attendu parce que, justement, j’ai vu l’écart des voix. J’ai vu les résultats provisoires portant sur plus de deux tiers du dépouillement des bulletins de vote et j’en ai conclu que je ne pouvais pas rattraper mon retard », a-t-il précisé. A la commission centrale de recensement des votes, Madou Diallo, le président de la jeunesse de l’Union pour la République et la démocratie (URD), le parti de Soumaïla Cissé a pu obtenir ces chiffres sur les deux tiers des dépouillements, et constater que l’écart était très important. Des résultats partiels qui confirment la tendance observée au premier tour, à l’issue duquel Ibrahim Boubacar Keïta avait obtenu une très large avance, avec 39,79% des voix, contre 19,70% à son adversaire Soumaïla Cissé. Il avait ensuite été rejoint par la grande majorité des candidats éliminés qui lui avaient apporté leur soutien.
Une rencontre avec l’ONU et les observateurs
Selon un diplomate africain, Soumaïla Cissé a également rencontré ce lundi des représentants du système des Nations unies, des observateurs internationaux. Une réunion houleuse, pendant une heure.
Mais si Soumaïla Cissé a reconnu sa défaite, il se refuse à sortir du jeu politique dans les mois à venir. « Je ne quitterai pas la politique », a-t-il martelé. Dès qu’il a annoncé avoir reconnu sa défaite, Souamïla Cissé à reçu des SMS de soutien en nombre et des militants sont venus le féliciter.
Cette annonce intervient alors qu’au cours de cette journée de lundi 12 août, des voix se sont élevées, parmi les partisans du Soumaïla Cissé, pour dénoncer des « fraudes ». Un début de polémique qui n’aura finalement duré que quelques heures, au lendemain d’un scrutin dont les observateurs ont jugé qu’il s’était mieux déroulé qu’au premier tour. Ce lundi soir encore, Soumaïla Cissé maintient cependant les accusations portées par ses partisans. Il a confirmé ce que ses partisans ont dit sur les « fraudes massives », montrant notamment une photo d’un électeur, sur une moto, transportant une urne bourrée de bulletins de vote. Il s’est dit « lésé » lors de l’organisation de ce second tour.
Pas de commentaire dans l’entourage d’IBK
Dans l’entourage d’Ibrahim Boubacar Keïta, on se refuse pour l’instant à tout commentaire. « Si quelque chose doit être annoncé, c’est à l’autre camp de le faire, ce n’est pas à nous », a déclaré ce soir un collaborateur d’Ibrahim Boubacar Keïta au micro de RFI.
Au QG de campagne d’Ibrahim Boubacar Keïta, les militants et sympathisants se sentent plus libre de laisser éclater leur joie. Un petit groupe de jeunes est venu fêter l’évènement. « On est très soulagés, explique l’un d’eux, on craignait qu’il y ait des troubles alors que l’élection s’était bien déroulée ».
« On apprécie beaucoup ce qu’a fait Soumaïla » dit un militant. « Il est honnête », ajoute un autre. Certains disent avoir particulièrement apprécié que le candidat vaincu n’ait pas fait qu’appeler le vainqueur, mais soit allé le voir avec sa famille, signe encore plus fort : « Ça, c’est la vraie démocratie, il faut accepter la défaite. Pour moi c’est la démocratie. Il a reconnu avoir perdu donc quand on perd il faut féliciter celui qui a gagné. Il montre l’exemple à tout le monde ».
Source : RFI