Les 62 personnes les plus riches du monde ont autant d’argent que les 3,5 milliards d’humains les plus pauvres

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Ils sont juste assez nombreux pour remplir un bus mais ils détiennent autant d’argent que 3,5 milliards de personnes. D’après un rapport de l’ONG Oxfam publié ce lundi, en 2015, 62 personnes possèdaient les mêmes richesses que les 3,5 milliards de personnes les pauvres dans le monde (1).

Les inégalités mondiales se creusent rapidement, note Oxfam : en 2010, il fallait réunir les 388 personnes les plus riches du monde pour égaler les revenus des 50% de la population mondiale les plus pauvres. En France, Oxfam relève que les 10% les plus riches ont accaparé 54% de l’augmentation des richesses entre 2000 et 2015.

7.600 milliards de dollars sur des comptes offshore

Pourquoi ce fossé s’est-il creusé ? D’après Oxfam, ce sont les paradis fiscaux et la faible rémunération du travail par rapport au capital qui est en cause. « Les multinationales et les grandes fortunes ne suivent pas les mêmes règles que l’ensemble de la population, refusant de payer les impôts dont la société a besoin pour fonctionner », estime Manon Aubry, responsable du plaidoyer chez Oxfam France. Ainsi, d’après une estimation de la Banque mondiale, 7.600 milliards de dollars sont actuellement détenus sur des comptes offshore par des particuliers, soit l’équivalent du PIB de l’Allemagne et du Royaume-Uni additionnés.
Les revenus du travail ont eux été très défavorisés par rapport à ceux du capital, rémunéré sous forme de dividendes ou d’intérêts, ajoute Oxfam. L’économiste Thomas Piketty dénonçait déjà cette tendance dans son ouvrage Le Capital au XXIème siècle.Ces revenus du capital placés dans des comptes non soumis à l’impôt seraient donc une manne qui ne cesse de grandir, tandis que les salaires des travailleurs stagnent.

Une solution politique

Pour Oxfam, la solution doit être politique : l’ONG préconise de mettre fin aux paradis fiscaux et de réduire les écarts salariaux entre dirigeants et travailleurs. Elle compte interpeller les dirigeants qui seront présents au Forum économique mondial à Davosqui se tiendra du 20 au 23 janvier. « Il faut prendre à bras le corps le problème de l’évasion fiscale qui est notre priorité car au final ce sont des ressources qui manquent dans les caisses des Etats pour réduire les inégalités. La transparence fiscale serait une première étape dans ce sens», explique Manon Aubry.
(1) La comparaison a été faite à partir des données sur les 50% les plus pauvres tirées d’un rapport du Crédit Suisse et des données sur la richesse nette des 62 personnes les plus riches de la liste annuelle des milliardaires de Forbes.