(« Gagner les législatives et devenir le plus grand parti du Bénin… », déclare Djogbénou)
Au Bénin, Bruno Amoussou, 83 ans, un des vétérans de la scène politique béninoise, se retire de la scène politique. Il a été président de l’Assemblée, ministre d’État, président du parti Union progressiste depuis 2018, le plus grand parti pro-Talon. Il a passé le témoin à Joseph Djogbenou ce samedi 16 juillet au cours d’une réunion extraordinaire du bureau politique tenu à Cotonou. Joseph Djogbenou a démissionné seulement en début de semaine de la présidence de la Cour constitutionnelle.
Leader socialiste, Bruno Amoussou a eu une longue carrière politique, de plus d’un demi-siècle : il a connu tous les présidents depuis l’indépendance jusqu’à l’actuel, Patrice Talon.
Depuis la conférence nationale, il a toujours joué un rôle : quand il n’exerçait pas le pouvoir, il était devenu une figure majeure de l’opposition, ou encore un faiseur de roi. Avec Adrien Houngbedji, ils ont fait tomber Nicéphore Soglo et fait retourner Mathieu Kérékou au pouvoir, en 1996.
À la prise de fonctions de Thomas Boni Yayi, il s’est retrouvé à l’opposition. Mais Patrice Talon est élu en 2016 et en fait un allié, un conseiller, puis le chef du plus grand parti de la majorité.
Ses détracteurs à l’époque estimaient que le vétéran socialiste s’est allié à un libéral pour renier et piétiner ses valeurs de liberté et de démocratie. À l’heure de fermer le livre, les Béninois saluent son retrait et estime que l’alternance est nécessaire partout en politique. « Il a tourné la page avec sérénité, dignité », analyse l’un de ses proches.
On ne sait toutefois pas si Bruno Amoussou a passé la main de lui-même ou si c’est l’agenda de la majorité présidentielle qui a accéléré les choses.
Joseph Djogbenou se concentre sur les législatives…
À 53 ans, Joseph Djogbenou remplace le doyen Bruno Amoussou, quelques jours après avoir démissionné de la tête de la Cour constitutionnelle, mardi 12 juillet. Il avait donc son calendrier, sa désignation s’étant faite lors d’un bureau politique extraordinaire et non d’un congrès.
Lors de celui-ci, Joseph Djogbenou a essentiellement parlé des législatives du 8 janvier 2023. Selon un participant, juste après sa désignation, il a lancé : « Camarades, nous devons avoir l’esprit conquérant, gagner les législatives et devenir le plus grand parti du Bénin. »
Ces législatives préparent également l’élection présidentielle. Surtout après que le président Patrice Talon a répété plusieurs fois qu’il s’en va en 2026… et il n’a pas encore désigné de dauphin.
Lors de sa démission de la Cour constitutionnelle, Joseph Djogbénou avait annoncé être « candidat à tout ce que mon parti me dira de faire ». Il ne sera toutefois pas le seul dans le camp Talon à avoir de l’ambition.
Avec RFI