La question de la cherté de la vie au Bénin préoccupe les députés de la 8ème législature. Ce jeudi 28 avril 2022, ils en ont fait un sujet de grand intérêt en invitant le gouvernement à venir s’expliquer sur les raisons de cette crise et surtout les mesures qui sont prises pour la contenir, ceci, à travers une question d’actualité transformée, conformément aux dispositions du règlement intérieur de l’institution parlementaire, en question orale avec débats.
La question a été posée par l’honorable Barthélémy Kassa appuyée par ses collègues Orden Alladatin et Gérard Gbénonchi.
Pour répondre aux députés, le gouvernement a envoyé trois de ses membres. Il s’agit des ministres Romuald Wadagni en charge de l’Economie et des finances, de Alimath Assouma du Commerce et de l’industrie et de Séverin Quenum en charge de la Justice et des relations avec les institutions.
Avec les réponses apportées en premier par le Ministre d’Etat en charge de l’économie et des finances, on retiendra que la flambée des prix observée aujourd’hui sur nos marchés n’est pas du tout du fait d’une quelconque mauvaise gestion du gouvernement ; mais plutôt la conséquence des chocs exogènes dont le Bénin n’est malheureusement pas responsable. Il s’agit notamment de la crise du COVID-19 et surtout de la guerre qui oppose depuis février 2022 la Russie (gros exportateur d’hydrocarbures) à l’Ukraine (premier producteur et exportateur au monde de céréales et d’intrants agricoles).
Pour le Ministre Wadagni, la situation n’est certes pas apocalyptique, mais elle est assez difficile pour tous les pays parce qu’en dehors de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, il est bien probable que d’autres foyers de tension se mettent en mouvement, notamment la Chine et le Taïwan…
La question qu’il convient de se poser aujourd’hui, a dit le Ministre Wadagni est de savoir combien de temps va durer la flambée des prix et dans quelle proportion puisque les prix vont continuer à augmenter.
Le Bénin a anticipé
Face à cette situation préoccupante, il faut retenir selon les explications du Ministre Wadagni que le gouvernement n’est pas resté les bras croisés. Il a anticipé en prenant des mesures urgentes et idoines. Au nombre desdites mesures figurent la subvention de plus de 50 milliards de FCFA allouée au secteur agricole pour soutenir l’achat d’intrants agricoles notamment pour le coton ; le plafonnement des prix des produits pétroliers, l’exonération de la TVA sur des produits comme le riz, le lait, le blé, l’huile… ; l’abattement de 50% sur les frais des transports des marchandises qui passent par le port de Cotonou…Outre ces mesures, le Ministre Wadagni a expliqué aux députés ce qui a été fait par le gouvernement sur le plan structurel avec par exemple l’arrêt à court terme de l’importation de la volaille et des produits du bois (fenêtres, portes etc) ; la poursuite de la diversification de l’économie, la création des conditions attractives pour les investisseurs et enfin poser de façon responsable la question du « consommons local ».
Ces différentes explications apportées par le Ministre Wadagni ont été complétées par ses collègues Alimath Assouma et Séverin Quenum. Pour le Ministre du commerce, la grande inquiétude aujourd’hui est la disponibilité des produits sinon que le gouvernement fait ce qu’il peut pour contenir la crise qui est malheureusement mondiale. Pour sa part, le ministre de la justice a appelé à la responsabilité des acteurs qui interviennent dans la chaîne de distribution des produits de première nécessité après les efforts qui ont été faits par le gouvernement. « Ceux qui vont passer outre les recommandations du gouvernement s’exposent à la rigueur de la loi », a averti le ministre de la justice.
Satisfaits, mais prudents
Après les réponses apportées par le gouvernement, plusieurs députés, à commencer par les auteurs de la question, sont intervenus pour faire part de leurs observations et surtout inquiétudes. Barthélémy Kassa, Orden Alladatin, Gérard Gbénonchi, Gildas Agonkan, Augustin Ahouanvoébla, Florentin Tchaou, Étienne Togbingban, Patrice Nobime, Euric Guidi, Chantal Ahyi, Awaou Bissiriou, Dominique Atchawe, Romarique Sèdami Mèdégan Fagla, Anani Joseph, Mathias Kouwanou, Nazaire Sado, Assan Seybou, Marcellin Ahonoukoun…pour ne citer que ceux-là ont salué les efforts faits par le gouvernement face à la flambée des prix dans les marchés. Ils ont plaidé pour que les députés soient intimement associés à la mission d’explication qu’envisage effectuer le gouvernement. Ils ont aussi recommandé au gouvernement de faire un suivi rigoureux des mesures qui ont été prises avec l’implication des contrôleurs de prix afin que les objectifs fixés soient atteints.
« La question de l’exonération de la TVA et taxes sur certains produits doit être repensée voire même abandonnée », ont suggéré la plupart des députés car fondamentalement, cela n’impacte pas les consommateurs mais plutôt enrichi des commerçants vèreux.
« La pauvreté est absence d’alternative. Limitons les exonérations qui vont handicaper la mise en œuvre du PAG 2 », a dit le député Gildas Agonkan appuyé par ses collègues Atchawe, Ahouanvoébla, Nobime…Il a surtout conseillé au gouvernement d’être très prudent et de ne pas avoir peur d’utiliser le langage de vérité quant à ce qui concerne le prix des produits comme le riz et autres afin que cela n’alimente pas le commerce illicite.
« La population souffre parce que le pouvoir d’achat s’est affaibli. Nous demandons à l’État qui fait déjà beaucoup de faire plus », a dit l’honorable Ahonoukoun.
Répondant aux questions des députés, le Ministre Wadagni s’est dit très satisfait de l’occasion qui est offerte au gouvernement de s’expliquer. Pour lui, il n’y a pas à désespérer quand bien même la situation est préoccupante parce que le Bénin bénéfice encore de la confiance de ses partenaires à cause des réformes courageuses qui ont été engagées depuis 2016. « Tout en étant honnête sur la situation, je veux qu’on garde espoir », a-t-il conclu.
« Nous remercions le gouvernement qui a accepté de jouer sa partition du point de vue constitutionnelle. Malgré le délai court qui a été donné, le gouvernement a répondu présent. Cela témoigne de sa disponibilité à respecter la Représentation nationale contrairement à ce qui se dit. C’est aussi la preuve que le gouvernement respecte bien la séparation des pouvoirs et que chaque institution joue bien son rôle. Nous remercions donc le gouvernement pour avoir démontré à la face du monde qu’il respecte bien l’Assemblée nationale à travers les réponses apportées à cette question d’actualité qui préoccupe les populations que nous représentons. Je note que nous sommes tous des acteurs de la vie publique et sommes tous soucieux des conditions de vie de nos populations… Nous avons intérêt à agir dans le bon sens… », a dit le Président Vlavonou pour mettre un terme à la séance plénière.
Avec E.H.A.A.