Attaque dans l'extrême-nord du Bénin : Ce qu’on sait des groupes qui opèrent dans la région

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(«Cet incident n’est pas un incident isolé», dixit Kars de Bruijne, directeur du programme sur le Sahel à l’institut Clingendael)

Le Bénin est endeuillé par une attaque dans l’extrême-nord du pays mardi 8 février après-midi, dans le parc national du W. La piste jihadiste fait peu de doutes. Faut-il craindre d’autres attaques de ce type ? Kars de Bruijne, directeur du programme sur le Sahel à l’institut Clingendael, répond aux questions de RFI.

Que sait-on des groupes qui opèrent dans la région ?

On sait qu’il y a plusieurs cellules qui opèrent dans l’est du Burkina Faso. La plupart sont liées au JNIM et à al-Qaïda. Nous suspectons, mais nous ne savons pas avec certitude, qu’il y a une cellule de l’EIGS, l’État islamique au Grand Sahara, opérant au Niger à la frontière avec le Bénin.

Pendant longtemps, j’ai pensé que leur but n’était pas d’attaquer le Bénin, mais de s’en servir comme base arrière. Sur les six-sept derniers mois, il est néanmoins clair que le Bénin est devenu une cible. Nous savons qu’il y a des recrutements d’individus, et nous savons qu’il y a des contacts avec des villageois.

Quand vous demandez à certaines personnes qui habitent près du parc si elles connaissent des jihadistes, elles répondent qu’elles connaissent les groupes et certaines des personnes qui les ont rejoints. Donc pour moi, la question de leur installation au Bénin ne se pose plus.

Quelle est leur stratégie justement pour s’installer ?

Je crois qu’il faut regarder cela d’un point de vue ultra-local, c’est là que les jihadistes interviennent. Par exemple, ce qu’on voit au « point triple » est lié à un problème local sur la route entre « point triple » et Founougou.

Dans tous les cas, ils cherchent à s’insérer dans de petits conflits communautaires localisés et à les changer en conflits violents. Il y a trois types de problèmes communautaires qui peuvent être exploités : il y a les tensions entre éleveurs et agriculteurs, ceux autour de la terre et les conflits fonciers, et puis il y a aussi un mécontentement de certaines communautés vis-à-vis d’African Parks, car le parc est fermé à leurs activités.

Ce sont des choses communes. Nous collectons des données depuis un an et demi dans le nord du Bénin, et ce sont les éléments qui reviennent le plus souvent.

 

RFI