Nago croit-il au respect des décisions des Institutions de la République ?

Politique

La révision de la constitution est le thème de campagne électorale choisi par certains candidats en panne d’arguments pour convaincre le peuple dans le cadre des prochaines élections. Ils font croire au peuple que « Le Président Boni Yayi veut réviser la constitution pour se maintenir au pouvoir ». Nago qui a pourtant apprécié entre temps et donné des arguments valables pour cette révision embouche sa trompette contre Yayi. On se demande s’il ne croit pas au respect des décisions des institutions de la république.

« Le débat sur la révision de la Constitution est clos. S’il n’y a pas de consensus, il n y aura pas de révision », avait même déclaré au cours d’une conférence de presse l’honorable Bida.
Alors que la majorité présidentielle pense avoir mis fin au débat sur la révision de la Constitution, les ténors de l’opposition ne ratent aucune occasion pour aborder le sujet. Ils font croire que Boni Yayi veut réviser la constitution pour se maintenir au pouvoir. On se demande quelle crédibilité accordent ces opposants aux décisions de la Cour Constitutionnelle sur la révision de la Constitution ? La question qu’on est en droit de se poser est de savoir si le président de l’Assemblée nationale, 6è législature, Mathurin Coffi Nago croit-il au respect des décisions des Institutions de la République ?

En effet, le projet de révision de la constitution ne prévoit pas une reformulation des articles 42 (limitation du nombre de mandats à deux (2) et 44 (limitation d’âge). Nago le reconnait. Trois Décisions de la Cour Constitutionnelle (une sous Robert Dossou et deux sous Théodore Holo), Juge constitutionnelle, ont sifflé la fin de la récréation. Selon ces décisions, aucune modification de la constitution du 11 décembre 1990 ne saurait toucher le nombre de mandats et l’âge. Et pourtant. Nago, Président de l’Assemblée Nationale, veut-il faire croire au peuple que la Cour Constitutionnelle, après de telles décisions, est capable de «ravaler sa vomissure» ?
A travers ses attaques contre Yayi, Nago cherche-t-il à faire croire aux Béninois que la Cour Constitutionnelle est capable, après de telles décisions, de rendre constitutionnellement conforme une révision du nombre de mandats présidentiels et la limitation d’âge ?

Si Nago est alors convaincu que Yayi chercherait un 3ème mandat, il doit expliquer aux Béninois comment cela est possible face à 3 décisions de la Cour qui l’interdisent.
Par ailleurs, la Cour actuelle a produit en 2014, 2 des 3 décisions en moins de 6 mois d’écart.
Nago encourage t-il ainsi les Béninois à ne pas respecter les institutions de la République. Mieux, lui-même étant Président de l’une d’elle, croit-il au respect des décisions des Institutions de la République ?
En effet, dans sa Décision DCC 11-067 du 20 octobre 2011, la Cour Constitutionnelle a rappelé que : « Ne peuvent faire l’objet de question à soumettre au référendum les options fondamentales de la Conférence nationale de février 1990, à savoir :la forme républicaine et la laïcité de l’Etat; l’atteinte à l’intégrité du territoire national; le mandat présidentiel de 5 ans renouvelable une seule fois et la limitation d’âge de 40 ans au moins et de 70 ans au plus…». Il découle de cette Décision que la limitation à deux du nombre de mandats présidentiels, étant une option fondamentale prise lors de la Conférence nationale de février 1990, celle-ci ne saurait faire l’objet d’aucune révision.
Dans sa Décision DCC 14-156 du 19 Août 2014, la Cour Constitutionnelle confirme, une fois encore, à nos compatriotes, qu’à l’instar de sa propre Décision DCC 11-067 du 20 octobre 2014 : «(elle) exclut toute révision de la Constitution la limitation à deux le nombre de mandats présidentiels.»
Dans sa Décision DCC 14-199 du 20 novembre 2014, la Cour rappelle qu’«une jurisprudence constante de la Cour précise les limites et les modalités de cette révision… ». La Cour va plus loin en précisant que la révision de la Constitution «n’a pas vocation à créer une nouvelle République». Ces décisions ne sont elles pas suffisantes pour rassurer les acteurs politiques ?
Nago et les détracteurs de Yayi devront alors expliquer comment, après de telles décisions de la Cour Constitutionnelle, Boni Yayi peut encore prétendre à un 3ème mandat. Point n’est besoin d’hurler devant les paisibles populations que la révision de la Constitution telle que proposée par le Président de la République est une révision «opportuniste, à des fins personnelles». Il est enfin temps qu’il explique comment Théodore Holo peut encore se dédire.