Bénin : Les jeunes, l’amour et la saint Valentin

Société

S’il est, dans une année, des événements qui suscitent tant d’intérêt et de passion chez certaines personnes, la Saint Valentin en est indéniablement une. A l’instar de ce qui se vit dans la plupart des pays du monde, au Bénin, chaque mi-février est l’occasion pour nombre de personnes, notamment des jeunes, de témoigner leur flamme à l’élu de leur cœur. Constat à la faveur une descente effectuée dans certains quartiers de Cotonou.

Incroyable, mais vrai. Se servir de la quasi-totalité de son revenu journalier pour offrir des présents à sa dulcinée et empocher des miettes, cela semble irréfléchi. Car, comme on le dit souvent, le sujet amoureux est déraisonnable. Ulrich en a justement donné la preuve ce dimanche 14 février. Résidant à Somè, dans la commune d’Abomey-Calavi, le jeune conducteur de taxi-moto, après avoir glané la modique somme de neuf mille franc Cfa, à l’issue d’une longue journée de travail, n’a pas hésité à débourser huit mille francs pour gratifier, d’après ses dires, ses deux femmes de quelques cadeaux constitués de parfum, de fleurs, de gâteaux et de nounous. Selon ses explications, la fête de l’amour doit être marquée par des cadeaux même s’ils sont de valeur modeste. Cette conviction est aussi partagée par Landry, élève en 1ere A dans un collège privé à Fidjrossè. D’après ses propos, l’échange de biens matériels avec sa dulcinée, à l’occasion de la Saint Valentin, est devenu, depuis quelques années, une tradition à laquelle il s’accroche fortement. Et, c’est justement la raison pour laquelle il a choisi d’offrir, selon ses dires, à sa bien-aimée, des fleurs artificielles dont la valeur globale est estimée à 5000 Fcfa. En échange, elle lui a donné une bouteille de vin blanc. Cette réalité qui consiste à exprimer l’amour par le matériel contraste avec les convictions d’un pan de la couche juvénile. Pour ce dernier, à la Saint Valentin, il n’est pas nécessaire de faire la java pour exprimer son amour à sa moitié. C’est dans cette logique que s’inscrit Yasmine, vendeuse de téléphones portables à Kouhounou. Du haut de ses vingt ans, cette résidente de Gbégamey pense que la meilleure façon de célébrer la Saint Valentin est de rester en compagnie de la personne que l’on aime le 14 février sans forcément exiger d’elle un quelconque objet symbolique. Car, a-t-elle ajouté, les innombrables acrobaties financières dont font montre la plupart des jeunes de son temps ne sont rien d’autre que du pipeau. Ce point de vue est aussi celui de Wilfried, transporteur à Vodjè. De ses explications, il est à noter qu’il n’est pas obligatoire de s’adonner à de folles dépenses au risque de se retrouver financièrement essoufflé. Restant dans la même veine, il fait noter que cette fête est, depuis des lustres, devenue un véritable rendez-vous commercial où chacun cherche à réaliser le meilleur profit possible.

Gineste TOSSOU DEGBE (Coll)

Laisser un commentaire