Ahmad Ahmad, le président de la Confédération africaine, a été suspendu cinq ans par la FIFA, ce lundi, et condamné à 185 000 € d’amende pour, entre autres, détournement de fonds. Quatre candidats sont en course pour lui succéder.
Il s’y attendait depuis plusieurs semaines, mais la brutalité du communiqué pondu ce lundi par le comité d’éthique de la FIFA ressemble fortement à un coup de grâce. Élu à la surprise générale, en mars 2017, président de la Confédération africaine, Ahmad Ahmad (60 ans) s’est tout simplement vu reprocher d’être « coupable d’avoir enfreint les articles 15 (Devoir de loyauté), 20 (Acceptation et distribution de cadeaux ou autres avantages) et 25 (Abus de pouvoir) de l’édition 2020 du code d’éthique de la FIFA, ainsi que l’art. 28 (Détournement de fonds) de son édition 2018 ».
L’ancien homme politique malgache, qui fut secrétaire d’État au Sport et ministre de la Pêche à Madagascar, pourra difficilement se remettre de toutes ces accusations, qui ont balayé, en quelques secondes, son empire comme un vulgaire château de cartes. Il a été suspendu cinq ans par la FIFA, ce lundi, et condamné à 185 000 € d’amende.
Déjà accusé de corruption en 2019
Dans son communiqué, la FIFA poursuit en précisant que « l’enquête sur le comportement de M. Ahmad au poste de président de la CAF entre 2017 et 2019 a porté sur diverses questions liées à la gouvernance de la CAF, dont l’organisation et le financement d’un pèlerinage à La Mecque, ses accointances avec l’entreprise d’équipement sportif Tactical Steel et d’autres activités ».
Déjà interpellé en juin 2019 dans le cadre d’une information judiciaire ouverte par la juridiction interrégionale spécialisée de Marseille, notamment pour association de malfaiteurs, corruption, abus de confiance et faux et usage de faux, Ahmad Ahmad avait également été accusé, deux mois plus tôt, en avril 2019 par le secrétaire général de la CAF, Amr Fahmy, décédé depuis, de corruption – paiements de pots-de-vin à plusieurs dirigeants, usage personnel de fonds de la CAF – et de harcèlement sexuel à l’encontre de plusieurs salariées de la Confédération dans une lettre envoyée à la FIFA.
Si l’instance internationale reproche à M. Ahmad d’avoir financé le voyage à la Mecque de plusieurs présidents de fédérations africaine aux frais de la CAF, elle s’intéresserait également de près, tout comme la justice, à une commande d’équipements sportifs passée dans un premier temps à la société Puma, laquelle fut subitement annulée pour faire appel à une petite structure près de Toulon. Une structure appartenant à un ami du chargé de mission à la CAF de M. Ahmad.
Pour mettre un peu d’ordre dans les comptes et agissements de la Confédération africaine, la FIFA avait, à l’été 2019, envoyé au Caire, siège de la CAF, sa numéro 2, Fatma Samoura, afin de réorganiser l’instance. Ce qui n’avait pas plus à certains présidents africains, lesquels ne mirent pas longtemps à s’offusquer d’une telle ingérence. À la fin de son mandat de six mois, il fut donc signifié à Mme Samoura qu’elle pouvait rentrer chez elle en Suisse.
Déjà quatre candidats prêts à lui succéder
Une décision que Gianni Infantino avait appris au Maroc, lors d’un comité exécutif de la CAF. La fin de cette collaboration ne fut pas vraiment du goût du patron de la FIFA, qui voyait ainsi sa mainmise sur la CAF et ses précieuses 54 voix lors des élections, lui échapper. Le sort de M. Ahmad était scellé.
Depuis ce lundi, Constant Omari, vice-président de la CAF, assure donc l’intérim de l’instance avant les nouvelles élections. M. Ahmad, candidat à sa succession étant hors-jeu, quatre hommes se sont déclarés pour succéder au Malgache, l’élection ayant lieu le 12 mars 2021 au Maroc – les éventuels autres candidats ont jusqu’au 12 janvier Il s’agit de :
– Augustin SENGHOR, un Sénégalais président de la Fédération et de l’US Gorée, un homme qui a contribué à redresser le foot de son pays.
– Ahmed YAHYA, président de la Fédération mauritanienne, 44 ans, qui se vante d’avoir « multiplié par 20 les revenus de la Fédération ».
– Patrice MOTSEPE, un Sud-africain milliardaire de 58 ans qui a fait fortune dans l’exploitation des mines et président du club de Mamelodi Sundows.
– Jacques ANOUMA, ancien président de la Fédération ivoirienne et chef du service financier à la présidence de la République ivoirienne de 2000 à 2010. Âgé de 68 ans, Anouma s’était déjà présenté en 2013 pour l’élection à la présidence de la CAF. Sans succès.
Dans les couloirs de la FIFA, il se murmure que Gianni Infantino ne serait pas mécontent de voir Motsepe s’asseoir dans le fauteuil de président de la CAF. Ce serait alors la première fois qu’un anglophone occupe cette haute fonction.
Source : L’Equipe