Côte d'Ivoire : Le convoi du secrétaire général de la présidence mitraillé

Afrique

Le convoi du secrétaire général de la présidence ivoirienne Patrick Achi, un des directeurs de campagne d’Alassane Ouattara, a été mitraillé jeudi 29 octobre au soir près d’Agbaou (150 km au nord d’Abidjan), sans qu’il y ait de blessés, a appris l’AFP de source sécuritaire et auprès d’un proche. «Le convoi de Patrick Achi a été mitraillé par des inconnus à l’arme automatique près d’Agbaou où il venait de tenir un meeting», a dit une source sécuritaire.

 «Il n’y a pas de blessés. Le convoi a continué sa route vers Adzopé (100 km au nord d’Abidjan)» a poursuivi cette source. «Des opérations de ratissage sont en cours dans la zone d’Agbaou»«Personne n’a été touché. M. Achi va bien», a confirmé, à moins de 48 heures de la présidentielle en Côte d’Ivoire, une personne de l’entourage de Patrick Achi. Ce dernier est un proche du président Ouattara, qui brigue un troisième mandat controversé, et il est souvent cité comme un de ses dauphins potentiels.

La campagne électorale se déroule dans une ambiance tendue. Une trentaine de personnes sont mortes dans les violences intercommunautaires depuis le mois d’août. La crainte d’une escalade est forte, dix ans après la crise post-électorale de 2010-2011, née du refus du président Laurent Gbagbo de reconnaître sa défaite électorale face à Ouattara, qui avait fait 3.000 morts. Signe de la fébrilité ambiante, de nombreux Abidjanais quittaient la ville. A une gare d’Adjamé (quartier Abidjan), point de départ pour l’intérieur du pays, des dizaines de personnes chargeaient sacs, valises et baluchons sur les bus. «Je voyage aujourd’hui par rapport à ce qui s’est passé la dernière fois (la crise de 2010-2011, ndlr). J’ai peur. Je préfère rentrer en famille» à Yamoussoukro, confie Sandrine Dia Amoin.

L’ancien chef d’Etat Laurent Gbagbo, qui ne s’était pas exprimé publiquement depuis son arrestation en 2011, est sorti de sa réserve jeudi à l’avant-veille de la présidentielle en Côte d’Ivoire pour appeler au dialogue, alors que beaucoup d’Ivoiriens redoutent de nouvelles violences autour du scrutin. «Ce qui nous attend, c’est la catastrophe. C’est pour ça que je parle. Pour qu’on sache que je ne suis pas d’accord pour aller pieds et poings liés à la catastrophe. Il faut discuter», a déclaré Laurent Gbagbo sur TV5 Monde, depuis la Belgique, où il attend un éventuel procès en appel devant la Cour pénale internationale (CPI), après son acquittement en première instance de crimes contre l’humanité.

Discutez! Négociez! Parlez ensemble! Il est toujours temps de le faire! »

Laurent Gbagbo

«Discutez! Négociez! Parlez ensemble! Il est toujours temps de le faire (…). Je suis résolument du côté de l’opposition. Je dis, vu mon expérience, qu’il faut négocier !», a insisté l’ancien président. La colère, «je la comprends et je la partage»«Pourquoi veut-on faire un troisième mandat? Il faut qu’on respecte ce qu’on écrit, ce qu’on dit (…) Si on écrit une chose et qu’on fait une autre, on assiste à ce qui arrive aujourd’hui», a estimé Laurent Gbagbo, 75 ans, à propos de son ancien adversaire, Alassane Ouattara. La Constitution ivoirienne n’autorise que deux mandats présidentiels, mais, selon Alassane Ouattara, l’adoption d’une nouvelle Constitution en 2016 a remis le compteur à zéro, ce que conteste farouchement l’opposition.

La prise de parole de Laurent Gbagbo était attendue depuis des mois par ses partisans, qui espèrent son retour en Côte d’Ivoire. «Depuis mon arrestation le 11 avril 2011, je n’ai pas parlé, sauf lors de l’interrogatoire devant la CPI (…). J’attendais d’être en Côte d’Ivoire avant de parler (…), mais les querelles nous amènent dans un gouffre (…). Si je me tais, ce ne serait pas responsable, donc j’ai décidé de m’exprimer», a-t-il expliqué. Laurent Gbagbo a aussi accusé Alassane Ouattara de «manque d’élégance» à son égard en ne lui fournissant pas un passeport mais souligné: «Si je veux rentrer au pays je rentre (…) mais je ne veux pas rentrer et provoquer des palabres. C’est pour ca que je suis pas rentré».

 

Avec Le Figaro

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